Gil Blas de Santillane
Commentaire de texte : Gil Blas de Santillane. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sergent Gaming • 10 Décembre 2018 • Commentaire de texte • 1 415 Mots (6 Pages) • 3 996 Vues
Commentaire de texte :
Gil Blas de Santillane, Alain-René Lesage
Au XVIIIème siècle, le type littéraire qui se démarque le plus en France est celui du courant picaresque avec notamment l’auteur Alain-René Lesage ou encore Diderot pour son roman Jacques le fataliste et son maître. Ce succès se prolongera au XIXème siècle avec le roman d’apprentissage.
Ecrit par Alain-Mené Lesage au XVIIIème siècle, l’œuvre étudiée ici est un extrait de l’« Histoire de Gil Blas de Santillane », considérée comme le dernier chef d’œuvre picaresque. Le passage que nous étudions est issus du Tome I, au chapitre X, environ à la moitié du livre premier. Les deux tomes de l’œuvre comprennent une totalité de douze livres. Gil Blas, le personnage principal de ce passage est un picaro. Ce mot espagnol signifie « misérable », « futé », considérant l’être comme un anti-héros. L’idée de l’auteur est de conduire à une réflexion nouvelle sur la place de l’individu dans la société et sur la liberté face aux déterminismes sociaux, dans un contexte de situation comique.
Nous pourrions nous demander alors si Gil Blas est-il un héros ou un anti-héros ? Pour cela nous verrons dans un premier temps les caractéristiques, les qualités et le caractère de Gil Blas qui le représentent comme un anti-héros puis dans un second temps, celles qui le représentent comme un véritable héros.
Le paratexte nous apprends que le picaro, Gil Blas se fait prisonnier par des bandits qui le forcent a participer à leurs crimes. Le texte étudié nous raconte, la ruse, peu noble, que met en place Gil Blas pour échapper aux bandits. Dans son évasion, il en profite pour « sauver » une princesse, la Dona Mencia de Mosquera emprisonnée aussi dans le même lieu.
Gil Blas est tout sauf un héros ! Il s’attaque avec ses armes à quelqu’un qui est désarmé et qui est plus faible que lui, il faut donc relativiser son courage : « Domingo n’est point en état de s’opposer » (l.27). En outre, des exagérations montrent qu’il en fait un peu trop. Un héros n’en fait jamais trop et ne se vante jamais : « Madame, lui dis-je, le Ciel vous a envoyé un libérateur. » (l.43/44). Gil Blas s’apparente plus à un bon acteur, un bon comique plutôt qu’à un héros. Tout d’abord par l’anecdote scatologique : la colique de Gil Blas. Or un héros ne rencontre pas ce genre de problème. Ensuite, la ruse se retourne contre lui. Il apparaît alors ridicule.
Plusieurs comiques sont présents pour prouver ses talents d’acteurs et non sa qualité de héros.
Le comique de geste est employé puisque les mouvements du personnage sont exagérés pour tromper les bandits avec quelques expressions : « à faire des grimaces » (l.4), « des contorsions effroyables » (l.5), « à m’agiter » (l.5), « je me remis à faire des bonds » (l.7), « me tordre les bras » (l.7).
Le comique de situation est également présent, Gil Blas est impuissant :
- il se fait enivrer : « L’un m’apporte une bouteille d’eau-de-vie et m’en fait avaler la moitié » (l.10).
- il se fait brûler : « va chauffer une serviette et me l’applique toute brûlante sur le ventre » (l.11/12)
- il subit un lavement inutile : « l’autre me donne, malgré moi, un lavement d’huile d’amendes douces » (l.10/11)
Nous pouvons constater une gradation dans les humiliations. Il est même obligé de supplier les bandits, de « crier miséricorde » (l.12) mais cela ne fais qu’empirer, puisque ceci donne lieu à un quiproquo. En effet, les bandits continuent de le soigner en pensant qu’il souffre réellement.
Ainsi, la situation nous amène vers le comique de caractère notamment par rapport aux bandits qui renvoient une image peu crédible puisqu’ils sont au chevet de Gil Blas. On observe leur hâte, leur volonté de prendre soin du malade en utilisant le verbe « s’empressent » (l.9) et les énumérations des rôles de chacun : « L’un m’apporte... » (l.9), « l’autre me donne... » (l.10), « un autre va chauffer... » (l.11). L’auteur insiste sur la promptitude des bandits auprès du malade en utilisant des adverbes tels que « bientôt » (l.2), « Après cela » (l.5), « Aussitôt » (l.9), etc.
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