Caligula, « une tragédie de l’intelligence » ou la comédie d’un fou ?
Commentaire de texte : Caligula, « une tragédie de l’intelligence » ou la comédie d’un fou ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Maïssa Yajini • 17 Mars 2022 • Commentaire de texte • 507 Mots (3 Pages) • 432 Vues
SÉQUENCE 2: CALIGULA DE CAMUS SYNTHÈSE Caligula, « une tragédie de l’intelligence » ou la comédie d’un fou? Caligula est une pièce difficile à classer : le personnage principal est un empereur controversé, célèbre pour sa démesure, mais la pièce sur le plan de l’écriture peine à être définie. Camus nous offre une pièce moderne autour d’un personnage classique. Cette pièce, remaniée plusieurs fois par l’auteur de 1937 à 1958, est une pièce « d’acteur et de metteur en scène », en quatre actes, une pièce ambiguë sur fond de philosophie. Entre le Cycle de l’Absurde et le Cycle de la Révolte, Caligula offre aux spectateurs une réflexion sur le sens de la vie. L’auteur reprend le personnage de Suétone mais en dresse un portrait moins monstrueux, et s’attache surtout à faire réfléchir le lecteur sur le sens de la condition humaine. De fait, les thèmes abordés sont ceux du courant de l’Absurde: — Caligula, détenteur d’un pouvoir absolu, prend conscience des limites du pouvoir humain: il ne pourra ni changer l’ordre de l’univers, ni la condition humaine, ni la finitude humaine. — La condition humaine devient ainsi le centre de la réflexion de la pièce. Elle part d’un amer constat: « Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux ». L’absurdité de la vie saute aux visages des hommes. — La liberté humaine est un leurre, et les hommes ne peuvent que subir leur destin. Caligula en a conscience: « c’est moi qui remplace la peste ». — Des personnages antihéroïques, asservis, malmenés par un empereur insensé mettent en lumière le fait que nous sommes prisonniers de notre existence. Caligula a beau vouloir la Lune, son existence demeure celle d’un mortel. — Les mots sont vains : tantôt ils laissent leur place à des didascalies longues et parfois déroutantes qui par opposition noient les répliques, tantôt ils permettent aux personnages d’affirmer des incongruités. — Les tonalités tragiques et comiques se mêlent afin de pointer du doigt l’angoisse humaine et la dimension vaine de l’existence. Le lecteur est en déroute: face à l’absurde condition humaine, tout est dérisoire: – les valeurs politiques s’effondrent, avec un empereur qui se fait les ongles, des sénateurs qui font office de domestiques ; – les relations humaines n’ont plus de sens : Caligula a abusé de sa sœur et il s’agit de tuer sans éprouver d’état d’âme. Les sentiments deviennent une entrave à la liberté humaine; – quant à la religion, souvent dernier refuge, elle est aussi mise à mal, avec une Vénus parodiée et un Caligula qui se prend pour un misérable dieu. — Tout ramène les personnages à leur finitude en dépit des divertissements tels que le concours de poésie, la prière à Vénus… La pièce a ainsi pour thèmes essentiels la solitude humaine, jusque dans le pouvoir, avec un Caligula, seul, qui clame encore « Je suis vivant ». Le second thème est le pouvoir vain, « délirant et destructeur » comme l’avoue Caligula: l’empereur se retrouve face à lui-même, via le miroir, comme n’importe quel homme
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