Massacre des Innocents

                                              Massacre des Innocents

1. Synthèse de l’épisode du « Massacre des Innocents » dans la Bible

Le « Massacre des Innocents » est un épisode biblique relaté dans l'Évangile selon Matthieu (chapitre 2, versets 16-18). Il se déroule après la naissance de Jésus-Christ. Les mages venus d'Orient informent le roi Hérode qu'un enfant, appelé à devenir le roi des Juifs, est né à Bethléem. Craignant de perdre son pouvoir, Hérode ordonne alors de tuer tous les garçons âgés de moins de deux ans dans cette ville et ses environs. Cet acte de cruauté, connu sous le nom de « Massacre des Innocents », vise à éliminer la menace représentée par le nouveau-né Jésus, mais Joseph, averti en songe, s’enfuit en Égypte avec Marie et l’enfant. Ce récit est souvent interprété comme un symbole de l'innocence sacrifiée et de la tyrannie des puissants.

2. Étude comparative des tableaux de Rubens et Poussin

Les deux tableaux représentant le « Massacre des Innocents » par Pierre-Paul Rubens et Nicolas Poussin adoptent des approches très différentes en termes de composition, couleur, mouvements et représentations des personnages.

• Composition : Le tableau de Rubens est plus mouvementé que celui de Poussin. Chez Rubens, la composition est chaotique, avec une multitude de personnages dans des poses dramatiques, créant un effet de confusion et d’intensité. En revanche, Poussin organise les éléments de manière plus rationnelle et ordonnée. Sa composition est plus rigide et équilibrée, soulignant un certain contrôle dans le chaos.
• Couleurs : Rubens utilise des couleurs vives et contrastées, en particulier des rouges puissants qui accentuent la violence et l'émotion du massacre. Les tons sont chauds, dynamiques, avec un effet de clair-obscur qui dramatise encore davantage la scène. Poussin, quant à lui, préfère des tons plus froids et harmonieux, avec une palette plus tempérée et des couleurs plus sobres. Cela donne une impression de solennité et de gravité, en atténuant un peu la violence directe de l'événement.
• Mouvements : Le tableau de Rubens est plus expressif dans les mouvements des personnages. Les corps sont déformés par la douleur et la peur, les gestes sont exagérés, et chaque figure semble prise dans un tourbillon d'émotion. Chez Poussin, les mouvements sont plus maîtrisés. Les personnages sont figés dans une action précise et mesurée, créant une impression de tragédie froide et calculée, plutôt que de débordement émotionnel.
• Personnages : Dans l’œuvre de Rubens, les expressions des personnages sont beaucoup plus violentes et exagérées. Les mères implorent, les soldats sont brutaux, et l'ensemble transmet une souffrance extrême. Chez Poussin, les visages sont moins expressifs, presque stoïques, donnant une impression de résignation face à l’inévitable. La violence est présente, mais elle est plus contenue, voire symbolique.
• Contrastes : Tandis que Rubens met l’accent sur l’émotion brute et le désordre, Poussin se concentre sur l'équilibre, la géométrie et une forme de sérénité, même dans le drame. Rubens est plus exubérant, tandis que Poussin est plus intellectuel dans son approche.

3. Pourquoi le tableau de Rubens est-il considéré comme baroque ?

Le tableau de Rubens est un parfait exemple du style baroque, caractérisé par le mouvement, l'émotion et le dramatique. Le baroque privilégie l'excès, l’expressivité et l'illusion du mouvement. Chez Rubens, le dynamisme des poses, l’intensité des expressions et la théâtralité de la scène illustrent parfaitement ce style. Les gestes exagérés, la composition désordonnée et l’utilisation du clair-obscur créent une atmosphère d’urgence et de chaos, tout en impliquant fortement le spectateur sur le plan émotionnel. Le contraste des lumières, les couleurs éclatantes et la force narrative renforcent le caractère spectaculaire propre au baroque.

...