Manon Lescaut de l'Abbé Prévost, "la mort de Manon"
Dissertation : Manon Lescaut de l'Abbé Prévost, "la mort de Manon". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar debmed • 29 Avril 2024 • Dissertation • 1 140 Mots (5 Pages) • 184 Vues
ORAL : LA MORT DE MANON
Manon Lescaut dont le titre original est Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut est le 7e volet du roman Mémoires et Aventures d’un homme de qualité, publié anonymement en 1731 et qui raconte l’histoire d’une fatale passion amoureuse. Le récit est conduit par DG quelques années après la disparition de Manon.
Après de sulfureuses aventures dans une société parisienne corrompue, les amants ont échoué en prison. Manon est déportée en Louisiane où DG la suit. A la suite d’un duel durant lequel DG tue le neveu du gouverneur, ils doivent s’enfuir. Manon succombe d’épuisement dans le désert.
Cette scène est un moment fort, un point central du pathos du roman sentimental.
Pbmatique : Comment le récit pathétique de DG parvient-il à sublimer la mort de Manon ?
Mouvements :
- point de vue de DG exprimant sa passion pour Manon (ligne 2317 à 2327)
- la mort de M, un moment tragique et sublimé (2328-2345)
I/ Point de vue de Des Grieux exprimant sa passion pour Manon 2317 – 2327
L. 2317 Présence du corps Mains et baisers > symboles de l’union charnelle. Touche érotique dans ces gestes, notamment par l’image du feu (ardent, échauffai, chaleur) qui témoigne de la force du désir du Chevalier.
L.2319 Mention du Ciel>>qui représente ici la fatalité, et une force qui décide du sort des amants, et qui montre qu’ils sont les victimes d’un engrenage infernal qui les dépasse.
Le pathétique naît ici de cette expression de bonheur venant d’un amour partagé alors même que la mort de Manon approche. Communion, idylle paradoxale et d’autant plus touchante, car vouée à un échec imminent.
L.2320 Glissement de la phrase qui passe du moment de l’action au moment de l’énonciation. Comme souvent dans le récit, la voix du narrateur a posteriori commente la scène vécue. Ici, par une annonce de ce qui va suivre (résolu de ne pas les exaucer ), le narrateur prépare déjà son auditeur à l’événement tragique et donc accentue la dramatisation.
L’apostrophe O Dieu renforcée par le point de ponctuation montre la souffrance du personnage, et cela encore au moment de l’écriture. Le pathétique est donc redoublé par la permanence de la souffrance du Chevalier et l’incompréhension face à son malheur, supposée par la question rhétorique adressée à Dieu : Et par quel rigoureux jugement aviez-vous résolu de ne pas les exaucer ? DG se met de nouveau ici dans une posture de victime de la Fatalité. Plainte mais aussi reproche à Dieu.
L.2322 L’Apostrophe Pardonnez à l’attention de son auditeur a pour but de justifier une certaine retenue due à l’émotion et demande aussi son indulgence. Le lecteur se sent lui aussi destinataire de cette imploration pathétique. DG utilise alors deux périphrases pour désigner l’événement funeste : un récit qui me tue / un malheur qui n’eut jamais d’exemple. Reprise d’un style hyperbolique récit qui me tue qui prépare le thème de la mort de Manon et place le lecteur en attente de la suite.
2324 Des G pointe, par des tournures hyperboles, la profondeur de sa souffrance : jamais d’exemple, toute ma vie, sans cesse.
Le champ lexical du récit (récit/ raconte / exprimer) est associé à celui de la tragédie (malheur / destinée à pleurer / reculer d’horreur). Par cette association, DG suggère que les mots occasionnent une douleur encore vive dans le présent, comme en témoigne l’emploi du présent, à valeur d’habitude (je le porte sans cesse /chaque fois que j’entreprends)
Le pathétique vient donc de cette force de l’indicible, mais aussi de la permanence de la souffrance qui affecte aussi bien le personnage que le narrateur bien longtemps après.
II/ LA MORT DE MANON : un moment tragique et sublimé. (2328 – 2345)
Ce dernier mouvement s’ouvre sur le plus-que-parfait (nous avions passé) et nous replonge dans le récit du passé.
L’adverbe tranquillement et le modalisateur croyais créent une sorte d’ironie tragique. En effet, le lecteur connaît l’issue fatale de cette scène que DG semble ignorer ou du moins repousser.
Pas de longue description mais quelques signes corporels qui annoncent l’issue fatale : mains froides, soupirs, voix faible.. Ce récit souligne aussi la proximité des corps des amants : mains/ sein qui désigne par métonymie le cœur, siège des émotions. Le toucher est sollicité à maintes reprises : touchant, approchai, sentit, échauffer, saisir.
...