Le Lac, Alphonse de Lamartine, Les méditations poétiques, 1820
Commentaire de texte : Le Lac, Alphonse de Lamartine, Les méditations poétiques, 1820. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lauren Chiche • 29 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 738 Mots (7 Pages) • 219 Vues
Analyse linéaire Le Lac, Alphonse de Lamartine, Les méditations poétiques, 1820
Auteur : Alphonse de Lamartine, auteur romantique du 19e siècle, était amoureux de Julie Charles, plus connue sous le nom d’ Elvire dans ces poèmes.
Œuvres : les Médiations poétiques, recueil de poésie publié en 1820, 24 poèmes, considéré comme le premier manifeste du romantisme français
Ici : Dédié à Elvire, qui est toujours vivante mais atteinte gravement par la tuberculose. Il a été seul au lieu de leurs rendez-vous précédents, le lac du Bourget, et est très ému par l’idée de la perdre, la fuite du temps et son désir d’éterniser cet amour menacé par la mort au moins par le souvenir.
Lecture
Problématique : En quoi ce poème personnel devient-il un poème immortel sur les ressentis universels devant le destin, le bonheur et l’amour ?
Plan : 3 mouvements :
- Introduction du sujet et question éternelle ( 1er quatrain)
- 1ère réponse et promenade (2ème et 3ème quatrains)
- 2ème réponse religieuse et sentimentale ( du 4ème au 9ème)
Résumé :
- L’introduction du sujet : méditation lyrique : un chant car sonorités qui se répètent + rythme + poète présent +sentiments // Thème = fuite du temps en métaphore filée de la navigation // « nous » = tous les hommes + le poète = passifs « poussés » face au temps + double métaphore // Q° rhétorique
- 1ère réponse : Lyrisme = « je » qui parle à un « tu » + sentiments du poète, absence d’ Elvire, musicalité, fuite du temps // adresse au lac : apostrophe au lac personnifié + sa situation similaire à l’année précédente mais seul ( éternité nature, éphémère homme) + lac = violent= sublime romantique = ce que ressent le poète
- Le chant d’ Elvire : 4ème strophe= souvenir du soir du discours, adresse au lac, cadre calme après tempête du début reflet de ses sentiments // 5ème strophe = évènement = discours, Elvire = Orphée car déesse et charme la nature // 6e, 7e, 8e et 9e strophes = chant d’ Elvire au discours direct : invocation lyrique + ponctuation ( !) + impératifs = sentiments d’ Elvire sur la fuite du temps + Elvire se sait malade et voudrait retenir le temps + Opposition entre des malheureux voudraient la mort et dont elle exhorte le temps à tourner pour eux, et des gens heureux qui voudraient profiter de la vie et que le temps s’arrête un peu pour eux. + métaphore filée du temps = eau + Elvire revient à la réalité ensuite à la strophe 8. « mais » qui marque une rupture avec ce qui a été dit avant. Elle sait que sa demande est « en vain », que « le temps » lui « échappe et fuit » + Comme elle sait que le temps ne s’arrêtera pas, elle appelle le couple à profiter de l’instant présent + Elle accepte son destin, et à travers le sien celui de tous les hommes dans la métaphore filée de la navigation de la 1ère strophe
- Introduction du sujet et questionnement (1ère strophe)
- Le poète commence une méditation lyrique car les pensées émues du poète se transforment en chant. Il y a des sonorités en « r » ou « an, a » qui se répètent, un jeu sur le rythme, qui en font un chant. Le poète est présent et il exprime ses sentiments.
- thématique de la fuite du temps évoquée dans une métaphore filée de la navigation : « nouveaux rivages », « emportés », « océan », « jeter l’ancre ». La vie humaine est définie comme une errance perpétuelle sur la mer, avec ses dangers, son inconnu terrifiant représenté ici par « nouveaux » qui pourrait évoquer la crainte de l’inconnu.
- Le poète s’implique en utilisant le pronom « nous », mais il parle au nom de l’humanité, ce qui se voit au « nous », et aux pluriels sur les adjectifs « poussés », « emportés » par la course du temps. Les hommes sont montrés comme passifs (« poussés », « emportés ») face au temps qui est souligné dans 2 métaphores : « nuit éternelle » qui symbolise l’angoisse et l’inconnu et peut être aussi la mort, et « océan des âges ».
- Vers 3-4 = question rhétorique qui n’attend pas de réponse, plaintive. Il voudrait pouvoir arrêter la course du temps, ne serait-ce qu’un seul jour.
- 1ère réponse (strophes 2 et 3)
- Lyrisme :
- Dans ces 2 strophes, c’est un « je » (le poète) qui s’adresse à un « tu » (le lac), car le lac a été le témoin de leur bonheur l’an passé et est le témoin du malheur de Lamartine revenu seul.
- Expression de sentiments du poète, plainte sur l’absence d’ Elvire car elle n’apparaît que par des pronoms « elle », « la », « ses » + répétition du v « asseoir », une fois pour lui, une fois pour elle, souligne son absence + ponctuation expressive : 3 « ! »
- Musicalité : anaphores « ainsi » ( x3), répétition « asseoir », coupes de rythme par les apostrophes montrent l’agitation du poète
- Thème de la fuite du temps « l’année à peine », solitude « je viens seul », l’amour « adorés » pour parler des pieds d’ Elvire ( = donne l’impression que c’est une déesse à ses yeux)
- Adresse au lac :
- V.5 et 7 commencent par une apostrophe « ô lac ! », « regarde ! » qui est personnifié puisqu’il s’adresse à lui et qu’il lui ordonne de regarder + « tu » x 3 + « te » + « tes » = adresses au lac.
- Il lui raconte sa situation : il est venu l’année d’avant avec Elvire (« l’année à peine a fini sa carrière »)et le rendez-vous qu’ils auraient dû vivre aujourd’hui (« et près des flots chéris qu’elle devait revoir ») + Anaphore de « ainsi » ( = comparaison) montre à quel point la situation entre l’année dernière et aujourd’hui est similaire = évoque l’éternité de la nature qui ne change pas et du coup, rappelle le caractère éphémère de l’ homme.
- Le lac est représenté de façon violente ( la nature violente , sublime, grandiose par son pouvoir de destruction = le sublime = typique du romantisme) : « mugissais », « brisais », « déchirés », « jetait » = violence qui est peut être le reflet des passions intérieures du poète.
- Le chant d’ Elvire (strophes 4 à 9)
- La 4e strophe continue le souvenir et l’adresse au lac : « un soir, t’en souvient-il ? ». Ce souvenir =le soir où Elvire a prononcé un discours qui est reporté dans les strophes 6 à 9. Le cadre est calme et serein, silencieux, souligné par la restriction en « n’ …. Que » = montre qu’ils s’entendent vraiment bien car ils peuvent rester en silence, et communiquer sans mots. On est passé de l’agitation dans les 3 premières strophes à un calme dans celle-ci. Il y a un registre soutenu : « onde », « cieux », « flots » et poétique. Le lac est devenu calme lui aussi, il reflète les sentiments du poète : il était agité aux premières strophes, il est « harmonieux » dans celle-ci comme leur relation et le souvenir évoqué.
- La 5e strophe=évènement introduit par « tout à coup » et cet évènement = le discours d’ Elvire. Elvire semble céleste, mythique, fait penser à Orphée : elle parle avec « des accents inconnus à la terre », comme une déesse, elle charme le rivage et rend le « flot » « attentif, comme Orphée qui charmait la nature avec sa lyre.
- Les Strophes 6, 7, 8 et 9 = le discours d’ Elvire, son chant, rapporté au discours direct (avec les guillemets) :
- Commence par une invocation lyrique : « ô temps, suspends ton vol » + impératif « suspends », « suspendez », « laissez », « coulez », « sois », « aimons », « hâtons », « jouissons » + ponctuation expressive « ! » x 6 + superlatifs (« plus beaux jours »)= montre le lyrisme des paroles d’ Elvire qui exprime ses sentiments + thème de la fuite du temps assimilé à un oiseau
- Elvire se sait malade et voudrait retenir le temps : « suspends ton vol », « suspendez votre cours », les heures sont assimilées à de l’eau (cours = cours d’eau), pour profiter de sa jeunesse et de son amour « laissez-nous savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours ! »
- Opposition entre les gens heureux et malheureux : des malheureux voudraient la mort (« vous implorent », « les dévorent ») et dont elle exhorte le temps à tourner pour eux, et des gens heureux qui voudraient profiter de la vie et que le temps s’arrête un peu pour eux. + métaphore filée du temps = eau car « coulez, coulez » + les verbes à l’impératif sont placés en début de vers comme une anaphore : « coulez », « prenez », « oubliez » = montre la passion avec laquelle elle s’exprime et souhaite ardemment que le temps s’arrête pour elle.
- Elvire revient à la réalité ensuite à la strophe 8. Ce retour est marqué par le mot « mais » qui marque une rupture avec ce qui a été dit avant. Elle sait que sa demande est « en vain », que « le temps » lui « échappe et fuit ». Elle recommence ensuite à s’adresser à la nature et à travers elle au temps : « je dis à cette nuit : sois plus lente », elle parle de la nuit en cours, où ils sont sur le lac et elle fait son discours et elle sait que le temps ne s’arrêtera pas car « l’aurore va dissiper la nuit ».
- Comme elle sait que le temps ne s’arrêtera pas, elle appelle le couple à profiter de l’instant présent : « aimons donc ! aimons donc ! de l’heure fugitive, hâtons-nous, jouissons ! ». Elle accepte son destin, et à travers le sien celui de tous les hommes dans la métaphore filée de la navigation de la 1ère strophe : « L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ; il coule, et nous passons ! »
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