Laclos, Les liaisons dangereuses
Dissertation : Laclos, Les liaisons dangereuses. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar elleannea • 7 Novembre 2023 • Dissertation • 2 874 Mots (12 Pages) • 214 Vues
Les Liaisons Dangereuses est un roman de Laclos dépeignant le mal que commettent les libertins au XVIIIe siècle et pousse à s'interroger sur si ce roman est moral ou non.
Ainsi Balzac dans Modeste Mignon de l’ouvrage La Comédie humaine expose la vision qu’il a sur les romans avec la citation “Mon Dieu, quel mal nous font les romans…”
Le nom masculin “mal” laisse place à deux définitions principales, la première désigne ce qui est contraire au bon, à la vertu ; ce qui est condamné par la morale; la seconde dénote ce qui est susceptible de nuire, de faire souffrir, ce qui n'est pas adapté. L’époque de Balzac est marquée par une reconnaissance littéraire du genre romanesque défini comme des fictions d’aventures amoureuses en prose. Cependant, la vision du roman pour Balzac est différente, en effet il définit ses romans comme “une histoire de mœurs “ et utilise le terme roman pour désigner les vies imaginaires que se construisent les jeunes filles de provinces à la suite de lectures trop enflammées. Il possède ainsi une vision péjorative du genre romanesque. Sa vision du roman consiste en un réalisme en dépeignant la société de son époque et oppose ses romans aux romans uniquement divertissants. “Mon Dieu” et “...”donnent un côté dramatique à la phrase et renforce la pensée de Balzac.
Le propos de Balzac invite donc à réfléchir sur le mal que peut faire le roman selon les deux définitions du mal énoncées précédemment, sur son immoralité qui pourrait influencer et son côté nuisible pour les lecteurs. Cependant, le propos de Balzac étant dirigé à l’encontre de ce que lui définit comme roman, il ne saurait représenter les bienfaits de l’entièreté du genre romanesque.
Ainsi, nous pouvons nous demander dans quelle mesure peut-il être nocif pour les individus et la morale ou au contraire avoir certains pouvoirs.
Tout d’abord nous verrons que le roman a la capacité de nuire aux individus pour ensuite analyser son pouvoir de perversion de la morale et enfin constater le rôle et les pouvoirs du roman.
En premier lieu, le roman a la capacité de nuire à l’individu, de le faire souffrir selon la première définition de “mal” présent dans la citation de Balzac.
Tout d’abord, nous pouvons constater que les romans sont dangereux pour un lecteur naïf et empathique. En effet le lecteur empathique et naïf a une
probabilité plus important que le lecteur à s’attacher aux personnages et même parfois à l’auteur qu’il croit connaître au travers des personnages, du narrateur des romans. Cependant, il n’en est rien, c’est un lien à sens unique puisque ce sont des personnages et fictions, de même pour le narrateur qui ne représente pas nécessairement la pensée de l’auteur. Cela s’illustre justement dans Modeste Mignon, où elle engage une correspondance avec le poète Canalis, mais c'est le secrétaire de ce dernier, Ernest de la Brière, qui répond en se faisant passer pour le poète. À la moitié du roman son père lui explique qu’en voulant « faire un roman », elle a été trompée pour de vrai et s'est engagée avec un homme qui lui a fait croire à une fiction. Modeste a été trompée, à cause de sa naïveté, ce qui montre bien les possibles danger de la lecture des romans pour ce type de lecteur, qui peut s’attacher par les écrits à quelqu’un qui n’est pas celui qu’il croyait.
Ensuite, nous remarquons les dangers de la désillusion du lecteur, enfermé dans ses lectures et son imaginaire. Le lecteur s’imagine une vie idéalisé pleine d’aventures romanesque, une vie possible uniquement dans les romans. Cela pousse ainsi parfois ces lecteurs à avoir de grandes attentes et à donc ne jamais être satisfaits de leur vie qui leur paraît plate et sans intérêt.
La parfaite illustration de ce phénomène est sûrement Emma Bovary du roman Madame Bovary de G.Flaubert. Effectivement, Emma par ses lectures de romans, s’imagine que par son mariage avec Charles qu’elle va vivre la grande vie. Or, la désillusion est bien grande lorsqu’elle s’aperçoit que ce n’est pas comme dans les romans. Par la suite, elle cherche par ses amants à vivre cette vie, avec Léon elle vit un soupçon de cette vie, cependant, elle sera toujours déçue par la réalité, étant accablée de dettes, elle finira par se suicider. La recherche désespérée de cette vie idéalisée par les romans pousse au malheur et à la désillusion car cette vie est inatteignable.
Ainsi, le « mal » du roman, selon sa première définition, est susceptible d’affecter les lecteurs naïfs et empathiques mais également d’amener à des désillusions et au malheur.
Cependant, le « mal » du roman affecte d’une autre manière selon sa seconde définition.
En second lieu, le « mal » du roman peut aussi s’exprimer par une perversion de la morale.
Premièrement, nous remarquons que la peinture du vice par les auteurs peut être prise comme exemple par les lecteurs et ainsi pervertir les mœurs de la société. En effet des actions dites immorales peuvent être commises par des personnages de roman, ce qui peut inspirer les lecteurs à commettre ces mêmes actions immorales si l’auteur n’inclut pas dans le romans un contrecoup de leurs actions. Nous pouvons voir cela par exemple dans les romans du Marquis de Sade comme Les 120 journées de Sodome, qui est un tableau des vices et perversions les plus criminelles commises par des libertins. Ce type de livre pourrait influencer les lecteurs et ainsi pervertir les mœurs puisqu’il dépeint le mal sans pour autant émettre de moral, sans que les personnages qui exécutent ces actions soient compromis et aient le contrecoup de leurs infamies. Cela laisse ainsi sous entendre que leurs actions ne sont pas condamnables moralement.
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