La modernité poétique du 18ème et 19ème siècle

Nous étudions  la poésie du 18ème au 19ème siècle à travers trois poèmes, afin de se questionner sur la modernité poétique.  

Les trois poètes de ces œuvres suivantes, ont en commun, l’envie d’apporter de la nouveauté à l’Histoire littéraire de la poésie.

 Lors de mon étude je m’appuierai sur Roman, extrait du recueil «Les cahiers de Douai» d’Arthur RIMBAUD. Un poème d’amour composé de quatre quatrains représentant des chapitres, que l’auteur a écrit lors d’une fugue d’adolescence en 1870.

Je m’appuierai également sur La terre est bleue,  du recueil «L’amour La Poésie» écrit en 1929 par  Paul Eluard un poète du surréalisme. Composé d’un neuvain et un septain en vers libres, l’auteur évoque son amour pour sa première femme, Gala.

Et enfin, Le pain du recueil «Le Parti-pris des choses» écrit par Francis Ponge en 1942. Un poème de quatre strophes qui met en parallèle le cosmos et un objet de nature non poétique:le pain.

        A travers ces trois textes nous nous demanderons comment ces trois poètes interrogent-t-ils la modernité poétique?                                                                                                                              

        Dans une première partie nous verrons comment les auteurs s’appuient sur la tradition, puis dans une seconde partie, comment apportent-t-ils de la modernité.  

        Les poètes s’emparent de la tradition, s’en servent et s’en inspirent, afin de transgresser ses codes. Dans leurs poèmes ils laissent donc certaines marques classiques, autant dans la forme que  dans le fond.

               Premièrement, contrairement à Francis Ponge et Paul Eluard, Rimbaud, reste fidèle au forme et aux versifications classiques dans son poème Roman. En effet celui ci est uniquement composé de 32 alexandrins répartis en 8 quatrains.  De plus le poète garde une sonorité générale, Il alterne des rimes féminines et des rimes masculines de disposition  croisée. Cette forme de poème reste très traditionnelle et fixe, quasiment identiques à ce qu’utilisaient de nombreux poètes de l’Histoire de la poésie.

Cependant Paul Eluard dans son poème en vers libres, commence et termine  avec des marques de la tradition. Le premier et le dernier vers sont les seuls octosyllabes. De plus le dernier se finit par  «ta beauté» ce qui rappelle la poésie classique.  

        Deuxièmement, les trois poèmes étudiés entrent dans  le registre du lyrisme, registre classique.  Les poètes expriment leurs sentiments, utilisent un champ lexical fréquent et s’approprient des thématiques récurrentes de la tradition.

 D’une part  Paul Eluard et Arthur Rimbaud, expriment implicitement leurs sentiments.

Rimbaud lui, utilise des pronoms «on» «vous» et en fait une généralité. Ces pronoms s’adresseraient donc aux jeunes adolescents ainsi que lui même, puisqu’il écrit ce poème à l’age évoqué dans le texte. «On est pas sérieux quand on à dix sept ans» (v.1) «Vous êtes amoureux» (v.25)  Nous pouvons donc dire que Rimbaud évoque ses sentiments amoureux.

Paul Eluard, quant à lui, passe à travers des images pour évoquer la femme qu’il aime. «Les fous et les amours» (v.5)  Le poète souhaite montrer qu’il est fou amoureux.  

L’expression des sentiments amoureux  incite les auteurs à utiliser le champs lexical de l’amour. Dans Roman: «on se sent aux lèvres un baiser» (v.15) «le cœur fou»  (v.17). Et dans la Terre est bleue: «au tour des baisers […]» (v.4) «amour» (v.5).

De plus, les deux auteurs font l’éloge de la femme aimée, coutume classique des auteurs de la poésie traditionnelle.  «l’adorée» (v.28) «une demoiselle au petits airs charmants» (v.18) dans Roman. «tu as toutes les joies stellaires» (v.14) «ta beauté» (v.16) dans La terre est bleue. 

Toutes ces caractéristiques du registre lyrique et de la thématique de l’amour reflètent la tradition dans ses codes. Effectivement l’amour pour la dame est un classique vue et revu par de nombreux poètes. Cette thématique fut tendance depuis le moyen age avec le fin’amor.  

D’une autre part, Francis Ponge lui, utilise avec abondance le champ lexical de la nature, en effet son poème se centre essentiellement sur le rapport entre le pain et le cosmos, l’univers, la Vie, la biologie ce qui reflète le lyrisme. «Les Alpes, le Taurus, ou la Cordillère des Andes » (v.3) «vallées» (v.5)  «éponges»  «fleurs» (v.10. 11)  Paul Eluard aussi, utilise ce champ lexical car il fait la relation entre le cosmos et la femme «le soleil et la terre» (v.15) «les guêpes fleurissent» (v.10)

De plus Francis Ponge utilise la thématique du Memento Mori, il met en parallèle la fin  du pain, de la nature,  et la fin de la vie.«Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent […] et la masse en devient friable» (v.11 12) Il rappelle la mort pour rappeler aux lecteurs qu’eux aussi finiront par mourir. La thématique de la vanité est fréquemment utilisée par les poètes traditionnels.

        Les auteurs utilisent la tradition, mais déforment certains de ses codes, et y apportent donc de la nouveauté dans la modernité.

        Premièrement, Francis Ponge et Paul Eluard amènent de la modernité à travers la forme de leur poème. Paul Eluard lui a écrit La terre est bleue en vers libres. Le pain,  est un poème écrit en prose, sans rimes. Cependant ce poème reste poétique grâce aux images et sonorité tels les allitérations et assonances comme par exemple l’allitération en «s» tout au long de l’avant dernière strophe. Ces deux formes, en prose et en vers libres, font opposition aux formes classiques de la poésie moderne comme les sonnets ou celle qu’a utilisé Rimbaud dans Roman. Cela apporte de la nouveauté dans l’Histoire littéraire.

        Cependant Rimbaud apporte tout de même de l’originalité dans la construction de son poème intitulé Roman, celui ci est découpé en quatre parties qui sont représentées comme des chapitres «I» «II» «III» «IV».  De plus le mot de rupture «voila» (v.9) qui marque la rencontre avec la femme pourrait faire référence à l’élément perturbateur d’un roman. Cela nous fait comprendre que, Rimbaud nous raconte une histoire dans une poésie. Cela donne un effet paradoxale. Cette manière d’écrire n’est pas banale et apporte du changement.

...