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Gargantua de Rabelais : l'oeuvre est-elle uniquement plaisante ?

Dissertation : Gargantua de Rabelais : l'oeuvre est-elle uniquement plaisante ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Juin 2024  •  Dissertation  •  3 592 Mots (15 Pages)  •  86 Vues

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Dissertation Gargantua

Durant la renaissance, période de bouleversement majeur pour l'histoire européenne, généralement située entre le XIVe et le XVIIe siècle, plusieurs courants de pensée influents y ont vu leur émergence et leur évolution. Parmi ces courants de pensée, nous pouvons retrouver le néoplatonisme, le réalisme, le protestantisme, le machiavélisme et notamment l'humanisme. Effectivement, l'humanisme, attitude philosophique qui tient l'homme pour la valeur suprême et revendique pour chacun la possibilité d’épanouir librement son humanité et ses facultés proprement humaines, a pu émerger et évoluer durant la Renaissance grâce à de nombreuses personnes et notamment des écrivains. Parmi lesquels se trouve le fameux moine devenu médecin, François Rabelais qui est l'un des auteurs français représentatifs de cet humanisme durant la Renaissance. Ainsi publié en 1534, au cœur de l'essor de l'humanisme, Gargantua de Rabelais émerge, elle, un phénomène littéraire unique. En effet, ce roman se distingue par son mariage audacieux entre des réflexions sérieuses et des propos comiques, s'inscrivant ainsi dans le registre des œuvres ludiques, comiques et philosophiques. Cependant, cette dualité à susciter une certaine perplexité chez les critiques qui hésitent entre voir en ce roman une œuvre sérieuse ou une simple source de divertissement. Montaigne, aussi appelée Michel Eyquem de Montaigne, ou Seigneur de Montaigne, était un contemporain de Rabelais, philosophe, humaniste, écrivain érudit et moraliste français de la Renaissance et plus particulièrement du XVIe siècle, qui opte résolument pour cette dernière interprétation, qualifiant Gargantua d'ouvrage « simplement plaisant » dans ses essais. Par cette interprétation, Montaigne écarte alors toute présence intellectuelle dans l'œuvre au profit d'une dimension enfantine. Effectivement, Gargantua dans sa narration débridée et fantaisiste, trace le portrait d'un géant gigantesque, inspiré d'un héros mythologique issu du folklore à l'appétit gargantuesque, arpentant un monde déformé par l'exagération et le grotesque et étant aussi rempli d'un désir de connaître la vie qui caractérise l'humanisme. Toutefois, une lecture attentive du prologue nous incite à une réflexion plus approfondie. En effet, Rabelais nous suggère dans son prologue qu'une seconde lecture est nécessaire pour saisir pleinement les subtilités de son récit. De ce fait, nous sommes alors en droit de nous interroger, si Gargantua ne serait que divertissant en apparence, mais dissimulant en réalité des thèmes humanistes plus profonds. Ainsi, si à première vue le roman semble se contenter d'amuser, d'après Montaigne, on se rend compte qu'une analyse plus poussée révèle des réflexions humanistes subtiles sur la condition humaine et la société jadis.

Dans Gargantua, plusieurs lignes du roman nous laissent à penser que cette œuvre est « simplement plaisante » comme dirait Montaigne. Pour démontrer cela, nous analyserons le prologue de ce livre, les goûts du plaisir et du rire présent dans l'œuvre avec aussi un drôle de narrateur et les ressorts principaux du Rabelaisien, avec notamment le rire dû à la condition de géant présente dans ce roman.

Tout d'abord, dans le roman « Gargantua » de François Rabelais, plusieurs lignes de l'œuvre nous laissent penser que cette œuvre est « simplement plaisante » comme dirait Montaigne. En effet, on retrouve dans un premier temps dans cette œuvre un prologue incitant les bons vivants, « buveurs très illustres et vérolés très précieux » comme les appelles Rabelais, à lire son œuvre. Mais tout en excluant « les autres », c'est-à-dire les personnes trop sérieuses. Ce prologue, dès le début du roman, annonce alors à qui est destiné à ce livre et à qui il ne l'est pas. De plus, dans celui-ci, le narrateur aussi filtre ses amitiés en excluant les « trop sérieux », mais en gardant les « bons vivants ». Alors, dès le début de ce prologue et de ce roman, nous pouvons déjà cerner l'atmosphère « plaisante et amusante » comme dirait Montaigne en incluant une communauté de bon vivant et cerner l'absence d'une atmosphère sérieuse et instructive pour l'instant. Ensuite, nous pouvons voir en Gargantua un roman concentrant les ressorts principaux du rire Rabelaisien. Effectivement, l'œuvre de Rabelais comporte différents comiques et parodies, contribuant à rendre cette œuvre simplement plaisante, comme dit Montaigne. Parmi ces comiques et parodies, présent notamment au chapitre XXV, lorsqu'un moine, le frère Jean va sauver une abbaye en massacrant une armée d'ennemis. On retrouve le comique verbal, dans cet extrait de l’attaque de l'abbaye, dans les paroles subversives et menaçante de frère Jean. Ce comique est notamment introduit dans le texte au chapitre XXV grâce à des énumérations donnant un effet de rythme, accentuant alors la violence et grâce au champ lexical de la violence présent par les verbes d'action, accentuant encore une fois la violence et la menace dans les propos de frère Jean : « Aux uns, il écrabouillait la cervelle, aux autres, il rompait bras et jambes, à d'autres, il démettait les vertèbres du cou ». Deuxièmement, on retrouve dans cette scène de l'abbaye le comique gigantesque. Ce comique est présent par la facilité de frère Jean à massacrer une armée entière. Nous pouvons voir cela notamment grâce à des comparaisons déshumanisant les ennemis, dans le but de montrer que frère Jean ne se bat pas contre des hommes, mais contre des animaux, des chiens : « Il lui froissai […] et l'éreintait comme un chien ». On montre alors ici frère Jean, apprivoisant les ennemis et non vraiment les combattre. Nous pouvons aussi retrouver le champ lexical du vêtement, « grande robe » ; « casaque » ; « ceinture » dans le but sans doute de rappeler que l’habit ne fait pas le moine. Et troisièmement, nous pouvons retrouver le comique obscène, présent grâce aux termes « couilles » et « boyau culier ». Ce comique est introduit par le champ lexical du corps humain qui rappelle la profession de médecins de Rabelais. Et par une hypotypose décrivant précisément, les gestes de frères Jean, qu'on a l'impression qu'ils se déroulent sous nos yeux : « Il lui réduisait la tête en miettes à travers la suture lambdoïde. » Ce comique obscène est alors accompagné d'une hyperbole, qui est l’ensemble du massacre dans tout l’extrait de l’attaque de l’abbaye. En effet, ce massacre est hyperbolique, car l’armée d’ennemies en face se font littéralement massacrés

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