Explication linéaire Le pacte, La Peau de Chagrin
Cours : Explication linéaire Le pacte, La Peau de Chagrin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Olivier Clavaud • 27 Avril 2023 • Cours • 2 802 Mots (12 Pages) • 1 908 Vues
Le pacte
L’explication linéaire. L’introduction
Ouverture CLA1 connaître les œuvres et les auteurs CLA2 Situer les œuvres dans leur époque et leur contexte | -Présentation de l’auteur, du contexte, de l’œuvre. Dans le décor très réaliste des années 1830, Honoré de Balzac, dans La Peau de chagrin, plonge le lecteur dans un univers fantastique. Un jeune aristocrate désargenté et désespéré, Raphaël de Valentin, reçoit d'un vieil antiquaire une peau d'onagre miraculeuse qui satisfait tous les désirs, mais dont la superficie diminue à chaque souhait réalisé. C’est ainsi que Raphaël découvrira que « Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit ». -Situation du passage dans l’œuvre complète Nous sommes à la première partie du roman, le jeune héros, retarde son projet de se suicider en errant dans Paris. Il entre par hasard chez un antiquaire : ce dernier possède entre autres objets exotiques, une Peau de chagrin. |
Lecture L1 Lire à voix haute Augmentez la police quand vous jugez bon de parler plus fort et surlignez le texte concerné en rouge. Diminuez-la quand vous pensez qu’il faut parler plus bas et surlignez le texte en vert. Quand vous le jugez nécessaire, notez entre crochets les gestes qui pourraient appuyer votre lecture et surlignez ces indications en bleu. N’hésitez pas à mentionner, toujours entre crochets, les mimiques qui pourront vous aider à souligner votre lecture. Surlignez ces indications en jaune | « Ceci, dit-il d’une voix éclatante en montrant la Peau de chagrin, est le pouvoir et le vouloir réunis. Là sont vos idées sociales, vos désirs excessifs, vos intempérances, vos joies qui tuent, vos douleurs qui font trop vivre ; car le mal n’est peut-être qu’un violent plaisir. Qui pourrait déterminer le point où la volupté devient un mal et celui où le mal est encore la volupté ? Les plus vives lumières du monde idéal ne caressent-elles pas la vue, tandis que les plus douces ténèbres du monde physique la blessent toujours ? Le mot de Sagesse ne vient-il pas de savoir ? et qu’est-ce que la folie, sinon l’excès d’un vouloir ou d’un pouvoir ? — Eh bien, oui, je veux vivre avec excès, dit l’inconnu en saisissant la Peau de chagrin. — Jeune homme, prenez garde, s’écria le vieillard avec une incroyable vivacité. — J’avais résolu ma vie par l’étude et par la pensée ; mais elles ne m’ont même pas nourri, répliqua l’inconnu. Je ne veux être la dupe ni d’une prédication digne de Swedenborg ni de votre amulette orientale, ni des charitables efforts que vous faites, monsieur, pour me retenir dans un monde où mon existence est désormais impossible. Voyons ! ajouta-t-il en serrant le talisman d’une main convulsive et regardant le vieillard. Je veux un dîner royalement splendide, quelque bacchanale digne du siècle où tout s’est, dit-on, perfectionné ! Que mes convives soient jeunes, spirituels et sans préjugés, joyeux jusqu’à la folie ! Que les vins se succèdent toujours plus incisifs, plus pétillants, et soient de force à nous enivrer pour trois jours ! Que cette nuit soit parée de femmes ardentes ! Je veux que la Débauche en délire et rugissant nous emporte dans son char à quatre chevaux, par-delà les bornes du monde, pour nous verser sur des plages inconnues : que les âmes montent dans les cieux ou se plongent dans la boue, je ne sais si alors elles s’élèvent ou s’abaissent, peu m’importe ! |
Projet de lecture L5 Comprendre des textes littéraires brefs (extraits, scènes, poèmes...) | Toutes les remarques faites lors des deux premières étapes vous ont permis de comprendre les enjeux du texte. Il s’agit à présent de définir un projet de lecture (une problématique) qui guidera toute l’étude et vous permettra de dévoiler ces enjeux. Comment Balzac expose-t-il ici sa philosophie du désir et critique-t-il la dégradation de la société de son époque ? |
Mouvement du texte L5 Comprendre des textes littéraires brefs (extraits, scènes, poèmes...) | I/Première étape : Une leçon de philosophie II/ Deuxième étape : le choix de Raphael III/ Troisième étape : le désir de Raphaël |
L’étude
L5 Comprendre des textes littéraires brefs (extraits, scènes, poèmes...) A2 Mobiliser ses connaissances artistiques, culturelles et lexicales C3 Exercer son esprit critique, faire preuve de réflexion et de discernement CLA3 Connaître les genres et les registres CLA4 Connaître les principales figures de style ; repérer leurs effets rhétoriques et poétiques | ||
I/Première étape : Une leçon de philosophie - sa finalité : prôner la sagesse, condamner l’excès des désirs. | ||
A/Première caractéristique : présentation de la peau | ||
Citation | Procédé | Analyse |
« Ceci, dit-il d’une voix éclatante en montrant la Peau de chagrin, est le pouvoir et le vouloir réunis. Là sont vos idées sociales, vos désirs excessifs, vos intempérances, vos joies qui tuent, vos douleurs qui font trop vivre ; car le mal n’est peut-être qu’un violent plaisir. | Pronom démonstratif Adjectif mélioratif Gérondif Attribut du sujet/verbes substantivés Adverbe de lieu Enumération Déterminant possessif Proposition coordonnée (conjonction de coordination à valeur causale) Négation restrictive | -La Peau est mise en valeur en début de phrase par le pronom démonstratif « ceci » qui souligne son caractère étrange. L’antiquaire est lui aussi valorisé par l’adjectif mélioratif « éclatante » qui caractérise sa voix. Le gérondif « en montrant » dramatise cette exhibition de l’objet à Raphaël et au lecteur. -Après cette exhibition, la présentation se poursuit au travers de l’attribut du sujet « le pouvoir et le vouloir réunis ». Il est composé de deux verbes substantivés dont l’utilisation confère à l’objet un caractère fantastique. Ces deux termes rassemblés montrent en effet que le talisman à le « pouvoir » de satisfaire tous les désirs de son détenteur. -L’adverbe de lieu « là », renvoyant à un univers imprécis, vague, souligne à nouveau ce caractère fantastique. Le vieil homme s’adresse alors à Raphaël en utilisant à plusieurs reprises le déterminant possessif de deuxième personne « vos » qui semble bien renvoyer Raphaël dans la masse de ses contemporains dont l’antiquaire, par ce moyen, se désolidarise. L’énumération qui se développe alors vise à caractériser tous les domaines recouverts par le pouvoir de la Peau : “idées”, “désirs”, “intempérances”, “joies”, “douleurs”. Or, les termes utilisés, notamment les expansions du nom condamnent les excès des désirs et soulignent le caractère paradoxal du pouvoir de la Peau: elle permet de vivre intensément mais entraîne à la mort (adjectif épithète “excessifs”, subordonnées relatives “qui tuent”, “qui font trop vivre”. Le passage s’achève par une proposition coordonnée. La conjonction “car” a une valeur causale. La négation restrictive associe alors le “plaisir” au “mal”. Le présent de vérité générale confère une certaine solennité au propos du vieil homme. |
Conclusion partielle : ce passage permet de présenter le talisman en soulignant son caractère fantastique et en initiant une réflexion sur le plaisir. | ||
B/Deuxième caractéristique : le discours d’un philosophe | ||
Citation | Procédé | Analyse |
Qui pourrait déterminer le point où la volupté devient un mal et celui où le mal est encore la volupté ? Les plus vives lumières du monde idéal ne caressent-elles pas la vue, tandis que les plus douces ténèbres du monde physique la blessent toujours ? Le mot de Sagesse ne vient-il pas de savoir ? et qu’est-ce que la folie, sinon l’excès d’un vouloir ou d’un pouvoir ? | Accumulation de phrases interrogatives : interro-négatives Chiasme Système d’opposition/ Parallelisme Complément du nom | -Dans ce passage, l’antiquaire prend la posture d’un enseignant questionnant ses élèves. Il développe alors une accumulation de phrases interrogatives et interronégatives qui visent, bien plus qu’à interroger, à affirmer son point de vue. Ces interrogatives directes créent une proximité entre le narrateur et le lecteur. La première, partielle, initie la réflexion. -Le chiasme souligne la proximité entre la volupté (le désir), et le mal. Il affirme le point de vue du personnage : Il s’agit pour lui de déconstruire les représentations du héros. Les négations syntaxiques, totales, contribuent à discréditer le plaisir. -Ainsi le champ lexical de l’obscurité s’oppose-t-il à celui de la lumière. Ces “ténèbres” sont caractérisées par un complément du nom, “du monde physique”, qui les place du côté du plaisir. -L’interrogative rhétorique proposant une définition du terme « sagesse », le rapprochant du terme « savoir », assoit l’argumentation. La dernière interrogation associe « vouloir » et « pouvoir » pour les associer à la « folie ». |
Conclusion partielle : Cette première étape permet à l’antiquaire de présenter la Peau de chagrin et de condamner les excès des désirs. | ||
II/ Deuxième étape : le choix de Raphael - sa finalité : souligner les symptômes d’une société déréglée | ||
A/ Première caractéristique : vivacité contre sagesse | ||
Citation | Procédé | Analyse |
— Eh bien, oui, je veux vivre avec excès, dit l’inconnu en saisissant la Peau de chagrin. — Jeune homme, prenez garde, s’écria le vieillard avec une incroyable vivacité. | Interjection Adverbe d’affirmation Nom commun Apostrophe Impératif Complément circonstanciel de manière | C’est un nouveau personnage qui intervient alors, désigné par le nom commun «l’inconnu ». Plus qu’un simple protagoniste, il devient alors, par le principe de généralisation, le représentant d’une génération. Ses premiers mots interviennent sous la forme d’une interjection soulignant la vivacité de son désir. C’est d’ailleurs le sens de l’adverbe d’affirmation « oui » mis en evidence entre virgules. Par opposition, c’est une prise de parole mesurée qui intervient de la part du Viel homme. L’apostrophe « jeune homme » souligne un certain respect mais sans aucun doute, aussi, la prise de recul engendrée par la sagesse. D’ailleurs, l’impératif souligne l’autorité du sage tout comme le verbe « s’écrier » et le complément circonstanciel de manière « avec une incroyable vivacité »soulignent sa détermination. L’antéposition de l’adjectif « incroyable » accentuant l’effet produit. |
Conclusion partielle : cette confrontation souligne le désir du vieil homme de se désolidariser de la Peau pour protéger Raphaël. | ||
B/ Deuxième caractéristique : l’emblème d’une jeunesse désœuvrée | ||
Citation | Procédé | Analyse |
— J’avais résolu ma vie par l’étude et par la pensée ; mais elles ne m’ont même pas nourri, répliqua l’inconnu. Je ne veux être la dupe ni d’une prédication digne de Swedenborg ni de votre amulette orientale, ni des charitables efforts que vous faites, monsieur, pour me retenir dans un monde où mon existence est désormais impossible. | Plus que parfait à valeur d’accompli Compléments circonstanciels de manière Conjonction de coordination à valeur adversative Négation +conjonction de coordination Référence historique dévalorisante Vocabulaire fantastique Apostrophe Complément circonstanciel de but Adverbe de temps Attribut du sujet | C’est alors à Raphaël d’intervenir à nouveau et force est de constater qu’il est de nouveau renvoyé dans un anonymat généralisant par l’incise « répliqua l’inconnu ». Il s’adresse à son destinataire par un verbe conjugué au plus que parfait qui prend ici une valeur d’accompli. De cette manière il montre qu’il se sent arrivé à la fin d’un parcours. Les deux groupes prépositionnels, coordonnés, « par l’étude et par la pensée » semblent l’éloigner des conceptions défenduers par la morale commune, comme par le mage, d’ailleurs, cette opposition est soulifgnée par la conjonction de coordination à valeur adversative « mais ». Le verbe « nourrir » employé dans une phrase négative souligne d’ailleurs aux réalités matérielles cherchées par Raphaël. Il devient ainsi le représentant d’une jeunesse désoeuvrée ne pouvant pas se trouver de place la monarchie de juilllet. Le déstinataire, dans les propos de Raphaël, est mis à distance par l’apostrophe si bien que le héros se désolidarise de sa conception Ainsi, l’énumération engendrée par l’anaphore de l’adverbe « ni » éloigne le jeune homme de ce qui sous l’influence d’un champ lexical renvoyant au surnaturel,, parait incroyable. Il rejette : -la croyance mystique : « ni d’une prédication digne de Swedenborg ». La référence historique à Swedenborg ne fait que renforcer ce rejet. -le merveilleux : « ni de votre amulette orientale », -la vertu chrétienne qiu’est la charité : « ni des charitables efforts que vous faites ». Emanuel Swedenborg est né le 29 janvier 1688 à Stockholm et mort le 29 mars 1772. En 1743, il a sa première expérience mystique, dont il parle ouvertement dans une lettre à son ami le Dr Hartley : « J'ai été appelé à une fonction sacrée par le Seigneur lui-même, qui s'est manifesté en personne devant moi son serviteur. Alors il m'a ouvert la vue pour que je voie dans le monde spirituel. Il m'a accordé de parler avec les esprits et les anges... »7. À la suite de cela, alors âgé de 56 ans, il abandonne ses recherches scientifiques pour se consacrer entièrement à la recherche théologique et philosophique afin de faire découvrir aux hommes une spiritualité rationnelle basée sur des visions de l'au-delà. Le complément circonstanciel de but appuie définitivement le refus de l’aide du mage. L’attribut du sujet « impossible » montre la distance qui sépare le héros du monde dans lequel il ne se reconnait plus. |
Conclusion partielle : Raphaël se montre ainsi particulièrement désabusé et rejette les conseils de l’antiquaire. | ||
III/ Troisième étape : le désir de Raphaël - sa finalité : brosser le portrait d’une société matérialiste et corrompue. | ||
A/ Première caractéristique : la force du désir | ||
Citation | Procédé | Analyse |
Voyons ! ajouta-t-il en serrant le talisman d’une main convulsive et regardant le vieillard. Je veux un dîner royalement splendide, quelque bacchanale digne du siècle où tout s’est, dit-on, perfectionné ! Que mes convives soient jeunes, spirituels et sans préjugés, joyeux jusqu’à la folie ! Que les vins se succèdent toujours plus incisifs, plus pétillants, et soient de force à nous enivrer pour trois jours ! Que cette nuit soit parée de femmes ardentes ! | Interjection Complément circonstanciel de manière Répétition Anaphore+subjonctif+exclamation | L’interjection à l’impératif souligne un empressement qui se voit renforcé par le gérondif et le participe présent exprimant la simultanéité. Le verbe serrer ne dément pas cette impression et l’adjectif épithète « convulsive » souligne le raidissement violent et involontaire de la main du personnage, faisant de sa réaction le symptôme d’une maladie du désir. Le COD du verbe vouloir, dont la répétition dans le passage souligne l’importance, identifie le premier désir de Raphaël. L’adjectif « splendide, modifié par l’adverbe royalement souligne son ambition. Le groupe nominal « quelque bacchanale » en apposition , renforce l’effet. Nous pouvons voir dans cette expression un glissement immoral, les bacchanales étant à l’origine des fêtes religieuses sont ici réduites aux plaisirs de l’ivresse. D’ailleurs, l’accumulation de phrases exclamatives, rythmée par l’anaphore de l’adverbe exclamatif « que » et les verbes conjugués au subjonctif soulignant le souhait, ne font que renforcer l’expression de ce désir exubérant. Tout d’abord, trois objets animent ce désir : -« mes convives » : les attributs du sujet expriment un souhait démesuré : « jeunes, spirituels et sans préjugés, joyeux jusqu’à la folie »Leur spiritualité semble réduite à des traits d’esprit et leur absence de préjugés semble cacher leur absence de principes et de valeurs. -« les vins » : ils sont eux aussi souhaités somptueux comme le souligne la répétition de l’adverbe intensif plus modifiant les adjectifs mélioratifs « incisifs » et « pétillants ». -« la nuit » : elle est l’occasion de souhaiter la luxure comme le souligne l’expression « femmes ardentes ». |
Conclusion partielle : Raphaël veut donc assouvir tous ses désirs sans se préoccuper de morale. Le diner désiré est à l’image du siècle : il reflète sa corruption. | ||
B/ Des désirs délirants | ||
Citation | Procédé | Analyse |
Je veux que la Débauche en délire et rugissant nous emporte dans son char à quatre chevaux, par-delà les bornes du monde, pour nous verser sur des plages inconnues : que les âmes montent dans les cieux ou se plongent dans la boue, je ne sais si alors elles s’élèvent ou s’abaissent, peu m’importe ! | Allégorie Accumulation de propositions subordonnées complétives Antithèse | C’est une deuxième salve de désirs qui est engendrée par le verbe vouloir et ceux-ci sont présentés tout au long d’une accumulation de propositions subordonnées complétives. C’est d’ailleurs le thème de la débauche qui se voit amplifié dès la première complétive, notamment par le biais de l’allégorie. Le désir s’avère alors délirant (« en délire et rugissant ») et ne plus avoir de limites (« par-delà les bornes du monde »). Le complément circonstanciel de but « pour nous verser sur des plages inconnues » s’inscrit dans le désir de fuir un monde décevant. La deuxième complétive se veut blasphématoire. Les antithèses entre « cieux » et « boue », « montent » et plongent » soulignent le rejet des valeurs religieuses. C’est une exclamative désinvolte qui clôt ce passage soulignant l’abandon du personnage à ses désirs. |
Conclusion partielle : ce passage souligne donc le délire auquel s’abandonne le personnage, représentant d’une jeunesse corrompue et sans repères, ne trouvant de sens à sa vie que dans le plaisir. |
La conclusion
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