En quoi la création littéraire est-elle libératrice pour Rimbaud dans les « Cahiers de Douai » ?
Dissertation : En quoi la création littéraire est-elle libératrice pour Rimbaud dans les « Cahiers de Douai » ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Treata785 • 19 Avril 2024 • Dissertation • 1 239 Mots (5 Pages) • 110 Vues
Alors qu’il n’a que 16 ans et qu’il se rebelle contre la société dans laquelle il vit, Arthur Rimbaud écrivit, après avoir fugué deux fois, une série de quinze puis sept poèmes rassemblés dans les « Cahiers de Douai », aussi appelé « Recueil Demeny », qu’il adressa à Paul Demeny afin de les faire éditer. Une envie d’émancipation naît et croît chez le poète adolescent. Ce désir de liberté se retrouvera à travers chacun de ses poèmes de plusieurs façons novatrices. Nous pouvons alors nous demander en quoi la création littéraire est-elle libératrice pour Rimbaud dans les « Cahiers de Douai » ? Nous aborderons dans une première partie son émancipation stylistique, et dans une seconde partie nous verrons les différents sujets sociétaux de son époque qu’il critique avec vigueur.[pic 1]
Tout d’abord, la création littéraire de Rimbaud se manifeste par une importante liberté stylistique dans ses poèmes des « Cahiers de Douai ». En effet, dans plusieurs de ses poèmes, le jeune poète n’emploie pas l’alexandrin, le vers de douze syllabes qu’imposent les règles classiques. Par exemple, dans « Première soirée », Rimbaud utilise à chaque strophe l’octosyllabe et se démarque de la poésie classique : « Assise sur ma grande chaise // Mi-nue, elle joignait les mains. » Il n’hésite pas aussi à écrire des poésies en vers libres comme « Les réparties de Nina », montrant sa nette émancipation pour l’époque. Ce poème est organisé en 29 strophes composées elles-mêmes d’une alternance de 4 vers en octosyllabe et en tétrasyllabe. Ce format de poème est tout à fait atypique et emblématique de son souhait de se libérer des convenances. De plus, l’adolescent se permet aussi de ne pas respecter les usages concernant l’écriture de sonnets. En effet, dans « Ma bohème », à la deuxième strophe, il n’utilise pas les rimes qu’il a employées dans sa première strophe (-vées et -éal), mais plutôt de nouvelles rimes (-ou et -ourse). Il va encore plus loin en cassant complètement la versification du poème « Rêvé pour l’hiver », où les deux premiers quatrains sont constitués d’alexandrins et d’hexasyllabes en alternance. Il ne respecte pas non plus ici les rimes qui sont croisées au lieu d’être embrassées. Il va même tutoyer la jeune fille dont il parle, ce qui est très familier et inconvenant. Il se permet même de faire le néologisme du verbe « Robinsonne », dans « Roman », construit à partir du nom du personnage du roman Robinson Crusoé : « Le cœur fou Robinsonne à travers les romans ». Il copie ici ses prédécesseurs comme Victor Hugo qui avait créé la ville de « Jérimadeth » dans son poème « Booz endormi ». Enfin, Rimbaud a aussi incorporé des éléments d'argot et de langage familier dans ses poèmes, contrastant fortement avec le langage élevé et raffiné de la poésie classique, comme dans « A la musique » : « Les gros bureaux bouffis traînent leurs grosses dames » ou encore « Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs ». L’adolescent fait preuve d’irrévérence en utilisant la satire et l’ironie afin de renforcer la puissance de sa dénonciation des travers de la société. La satire est un genre littéraire qui vise à critiquer ou à ridiculiser les comportements absurdes ou les défauts de la société ou des individus, généralement par le biais de l'humour et de la dérision. L’une de ses satires les plus connus est « Le Forgeron ». Le jeune poète s’échappe de son temps d’abord par ses changements de style et s’émancipe des traditions classiques grâce à ces écarts. Bien qu’il maitrise la poésie classique, il se permet de rejeter toute poésie académique.
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