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Candide, Voltaire - chapitre 1

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Par   •  4 Mai 2024  •  Commentaire de texte  •  1 758 Mots (8 Pages)  •  113 Vues

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Incipit Candide – Proposition de commentaire

Candide ou l’Optimisme est un conte philosophique de Voltaire écrit en 1759. Son auteur a alors 65 ans et est en pleine maturité philosophique. Il est reconnu pour ses engagements politiques mais aussi les critiques contre l’ordre établi, l’absurdité des guerres et le fanatisme religieux ou dogmatique. L’extrait étudié est le début de l’œuvre, censé présenter l’intrigue principale ainsi que les personnages. Estampillé « conte philosophique », on peut alors s’interroger sur cette notion paradoxale qui semble inscrire cette œuvre dans une double dimension : le divertissement et la réflexion intellectuelle.  Notre première partie s’intéressera, par conséquent, à cet incipit qui se révèle être une parodie de conte de fée, suivi d’une seconde partie qui exposera l’ironie cinglante au service de l’argumentation et donc des critiques qui émanent de cet auteur engagé.

Ce début de « roman » est intéressant à plusieurs égards car il emprunte à différents genres littéraires comme le conte et les écrits bibliques. En effet, les formules utilisées rappellent celles du conte merveilleux. Accompagnée par une structure similaire aux contes, on retrouve aussi des personnages stéréotypés, et un détournement évident du paradis de la Genèse. Il est intéressant de voir cette ouverture qui éclipse complètement la part prétendument philosophique de cette œuvre avec la formule « Il y’avait », faisant écho au   « il était une fois » du conte populaire. Le lecteur averti reconnaît la formule et sait déjà qu’il est dans du divertissement puisque la présentation du cadre spatio-temporel et des personnages est identique à celle d’un conte de fée traditionnel. Les mentions du « château », des titres nobiliaires « baron » « baronne » et des formules excessives du début achèvent la mise en place de cet écho de genres.

   Ciblons maintenant cette présentation de personnages stéréotypés. Comme dans un conte, les personnages se limitent à une qualité principale hypertrophiée présentée de façon hyperbolique ici. Ainsi, Candide est (le héros) sans titre particulier mais d’une bonté extrême « le jugement assez droit » « les mœurs les plus douces », le baron (le roi) est orgueilleux et fier d’une puissance qu’il n’a pas, la baronne est (la reine) admirée pour son poids « qui pesait environ trois cent cinquante livres, s’attirait par là une très grande considération », Cunégonde (la belle princesse) n’est bonne qu’à être « consommée » puisqu’elle est «fraîche, grasse, appétissante » et son frère (le prince) est juste « digne », adjectif ironique ici puisque le père est ridiculisé juste avant. Cet excès dans les présentations rend grotesques tous ces personnages qui sont donc très loin de la perfection des personnages de contes de fée.

   Le détournement de la Genèse lui s’effectue par un parallèle évident entre deux schémas narratifs. L’expulsion du couple originel, Adam et Eve d’une part, la séparation de Cunégonde et Candide de l’autre. Comme le paradis biblique, le château du baron semble être un endroit (presque) parfait habité par des personnes (presque) parfaites. Ainsi Candide a « les mœurs les plus douces », le baron est « un des plus puissants » ; la baronne s’attire une « très grande considération » mais surtout le château était « le plus beau des châteaux ». Comme le paradis biblique, c’est un monde « en dehors du monde ». Le château apparait être un espace clos ans lequel tout ce beau monde vit en totale harmonie et surtout dans lequel chacun a une place bien définie. Ces attributions nourrissent l’idée du conte de fée puisqu’on y trouve aussi des personnages qui jouent leur partition et n’en changent pas. Or cette structure va être troublée, comme le paradis de la genèse, par un « péché ». Cunégonde, « motivée » par Pangloss, comme Eve par le Serpent, va inciter Candide à commettre une faute et rompre le semblant de perfection alors créé. On voit bien ici le parallèle que Voltaire met en place. Candide est expulsé de ce « paradis terrestre » mais c’est cette éviction qui lui permettra de commencer son voyage d’apprentissage. 

Présenté comme étant un conte philosophique, le divertissant début de cette œuvre n’en cache pas moins une critique virulente. Sous couvert de cette parodie de conte, c’est bien l’ironie cinglante du « philosophe des lumières » qui se met doucement en place.

Derrière les formules amusantes de Voltaire se cachent toujours des critiques violentes qui font de lui un écrivain engagé. Ici l’ironie est au service de l’argumentation pour dénoncer cette noblesse dont le pouvoir est illusoire, mais aussi la philosophie d’un Leibniz sous son avatar Pangloss. Nous pouvons déjà remarquer la violence avec laquelle Voltaire s’en prend au pouvoir de la noblesse en s’attaquant à la famille Thunder-ten-tronckh. Ce nom difficile à prononcer est tout sauf harmonieux. Il semble plutôt annoncer une véritable cacophonie alors que la typographie est bien celle d’une noblesse avec ces tirets signifiant une longue lignée. Ce « brouhaha » auditif est complété par l’élément « thunder » qui signifie « tonnerre », un élément qui fait beaucoup de bruit mais qu’on ne voit pas forcément, comme le pouvoir du baron. Celui-ci fait du bruit mais n’a pas de véritable pouvoir. On voit déjà ici que pour Voltaire la noblesse mise sur les apparences. D’ailleurs la prétendue  richesse du baron illustrée par les nombreux superlatifs « un des plus puissants » « le plus beau des châteaux » est tout de suite ridiculisée par les démonstrations de causalité. Il faut comprendre par là que les raisons qui « font » la richesse du baron le discréditent en vérité. Par exemple, le baron est puissant « car son château avait une porte et des fenêtres » et ses hommes de service ont tous un double emploi. Le coup de grâce arrive avec l’aumônier du village qu’il emprunte. Il est tellement pauvre qu’il ne peut que « louer » les services d’un pauvre curé de village.

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