Baudelaire, Les Fleurs du Mal : la boue et l'or

        Tout d’abord, le poète réussi à transformer la boue en or.

        Baudelaire est surnommé le poète de la boue. Dans le projet d’épilogue, deux vers avant le vers « Tu m’as donné ta boue et j’en fait de l’or », Baudelaire se compare à « un parfait chimiste ». À l’autre bout du recueil, dès le premier poème « Au lecteur », cette opération de transformation est déjà évoquée à travers les termes « Satan Trismégiste », « riche métal » et « ce savant chimiste ». On trouve même une mention du « chemin bourbeux » emprunté par le poète et nous-même qui sommes l‘« hypocrite lecteur ». La notion de « chimie » poétique voire d’« alchimie » traverse donc le recueil du début à la fin. Le thème de la boue est omniprésent dans les  Fleurs du mal. En effet, dans le poème « les Sept Vieillards » il y a le vers « Dans la neige et la boue il allait s’empêtrant », dans « le Vin des chiffonniers » on a « Au cœur d’un vieux faubourg, labyrinthe fangeux » ou encore dans « Brumes et pluies » se trouve la citation « Ô fin d’automne, hivers, printemps trempés de boue». La boue est manifestement un thème que l’on ne peut pas manquer dans la poésie de Baudelaire. A Paris pendant le XIXe siècle, on marchait dans la boue. On en a la preuve chez Baudelaire et ses petits poèmes en prose. Baudelaire est donc un poète novateur qui se sert de la boue pour en faire l’or.

        Le poète transforme ce qui est transitoire en quelque chose d’éternel. « Une Charogne » est un poème symbolique car Baudelaire y atteint l’immortalité. De ce fait, il explique que parce que il est artiste, grâce à l’écriture poétique, il pourra atteindre l’éternité donc ne mourra jamais réellement. En outre, dans ce poème, il entretient une relation toxique avec la femme car il prend plaisir à la comparer à un cadavre et il lui affirme qu’elle mourra un jour contrairement à lui. Dans le dernier quatrain, il écrit  que le poète ne meurt jamais car son œuvre reste. Ainsi, le poète est celui qui atteint l’éternité par sa création. Ce poème est bien une fleur du mal car il part de quelque chose de laid, de bizarre et en fait une matière à réflexion sur le statut de l’artiste. Selon Baudelaire, le poète se situe, grâce à son art, au-dessus du communs des autres individus. Il est donc incapable de s’associer avec eux. C’est la raison pour laquelle il doit s’exiler, être seul et cette particularité s’est concrétisé dans le poème « l’Albatros » dans lequel il est seul face à la boue, la laideur du monde qui l’entoure. La vocation de Baudelaire est donc d’être d’un alchimiste car il considère que c’est au poète d’apporter du changement à la vie, pour l’embellir.

        Le projet poétique de Baudelaire est d’extraire la beauté du mal, de transformer le mal en beauté esthétique. Premièrement, il modifie énormément la définition traditionnelle de la beauté. Cette redéfinition se manifeste d’emblée dans le titre de l’œuvre. En effet, les fleurs et le mal appartiennent à des champs lexicaux opposés, ainsi en joignant ces deux mots, Baudelaire révèle l’objectif de son projet poétique qui est de transformer le mal et le laid en beauté esthétique. A travers ses poèmes, Baudelaire montre qu’il est possible d’extraire la beauté du mal et de la laideur du monde, des vices de l’homme. L’esthétique peut même naître de la description d’un objet qui évoque le dégout. Le poème « Une Charogne » de la section « Spleen et idéal » illustre le projet poétique de Baudelaire car il mélange le beau et le laid, inversant leurs valeurs traditionnelles. Dans ce dernier, le poète décrit un animal mort en décomposition sur son chemin. Il le qualifie de « charogne infâme » qu’il parvient à sublimer en « carcasse superbe » grâce à son écriture. Baudelaire arrive au bout de son objectif aussi dans le sonnet « Parfum exotique » dans lequel l’odeur de la femme lui permet d’échapper à la réalité pour se réfugier dans son rêve idéal. Un rêve qui fait référence à son voyage dans les îles. Le poète utilise le langage poétique afin de transformer le monde, atténuer le malheur et surtout créer sa vie idéale.

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