Ballade des pendus, François Villon
Commentaire de texte : Ballade des pendus, François Villon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar spezeron • 10 Mai 2024 • Commentaire de texte • 1 476 Mots (6 Pages) • 107 Vues
Introduction :
Le texte à étudier est un poème nommé Ballade des pendus. Ce poème a été rédigé en 1489 par François Villon. Ce texte est vu comme une sorte de testament après que Villon a été condamné à être pendu pour avoir tué un notable. Le texte est imprégné de l’idée de mort et de souffrance, mais aussi du pardon. Ce poème contient trois dizaines de décasyllabe et d’un envoi de cinq vers, qui présente une description pour le moins réaliste d’un groupe de pendus après leur mort, sans doute inspirée des émotions de Villon en prison.
Dans cette analyse nous verrons d’abord le réalisme de la scène décrite, avant d’aborder le lyrisme de ce poème. Et pour terminer nous remarquerons que Villon ne plaide pas seulement pour lui, mais pour l’humanité entière.
Plan :
I-Une scène réaliste et pathétique
A. Le registre réaliste…
La mort a une place omniprésente dans ce poème.
François Villon en parle sans détour, rappelant plusieurs fois le sort qui a été réservé à ces « cinq, six » (v.5) personnes qui ont été pendues (« ci attachés », v.5) : « fumes occis » v.12, « sommes transis » v.15, « Nous sommes morts » v.19.
On ne peut ignorer l’horreur de la scène qui nous est représentée car Villon prend soin de nous la dépeindre1 avec de nombreux détails.
Le champ lexical de la décomposition est ainsi très présent dans le poème. Même après la mort, les pendus n’ont pas fini de souffrir : la chair est « dévorée et pourrie » (v.6), la pluie les « a débués et lavés » (v.21), « le soleil desséchés et noircis » (v.22).
On remarque que ce sont principalement des éléments naturels qui tourmentent les suppliciés2 :la pluie, le soleil mais aussi le vent (« comme le vent varie / A son plaisir sans cesser nous charrie », v.26-27) et les oiseaux.
L’image la plus frappante est sans doute celle des corbeaux qui leur mangent les yeux et arrachent les poils (« Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés, / Et arraché la barbe et les sourcils », v.23-24 ? « becquetés d’oiseaux », v.28). Cette image sinistre, ainsi que les nombreuses rimes en -i donnant un caractère lancinant3 à la ballade, renforcent l’atmosphère macabre4 du poème.
B. …exacerbe5 le pathétique
Ce réalisme ne rend que plus soignante le spectacle de la mort.
La dimension de spectacle est renforcée par la description des corps, présentée d’un point de vue extérieur (« Vous nous voyez ci attachés » v.25), « sans cesser » (v.27).
L’emplois du présent dans le poème contribue à figer cet événement dans l’instant, donnant une impression de durée (valeur durative du présent).
Les pendus s’adressent directement à leurs « Frères humains » (les témoins/lecteurs) à l’impératif pour demander leur pitié :
. « N’ayez les cœurs contre nous endurcis / Car, si pitié de nous pauvres avez » (v.3-4) ;
. « priez Dieu » (dans le refrain à chaque fin de strophe) ;
. « Excusez-nous » (v.15).
Le poète cherche donc à attirer l’attention du lecteur par l’aspect spectaculaire de la scène, mais vise surtout à attirer sa compassion (« nous pauvres », v.3), afin qu’il prie pour les pendus.
Transition : Cette « ballades des pendus » pour le moins réaliste invoque des images d’horreur chez le lecteur et veille en lui une certaine compassion, d’autant que Villon ne traite pas seulement son cas mais aussi celui de ses frères humains.
II- Un lyrisme6 original
A. La situation d’énonciation
La situation d’énonciation a de quoi surprendre : d’ordinaire, dans une ballade, le poète évoque un drame personnel, ses propres sentiments.
Ici, ce sont cinq ou six pendus qui prennent la parole en groupe, sous le pronom personnel « nous » (v.1,2,3,5…), ce qui implique que Villon s’inclut dans ce groupe.
Ils s’adressent à un lectorat très large : les « Frères humains qui après nous vivez » (v.1), soit l’humanité encore en vie, mais aussi à Dieu lui-même, dans l’envoi de la ballade (« Prince Jésus, qui sur tous a maîtrise », v.31)
Les morts s’expriment depuis le gibet où ils ont été pendus (« ci attachés » v.5, « le vent […] nous charrie », sous-entendu au bout de leur corde, v.26-27), et donc après leur mort. Ce procédé, appelé prosopopée (figure de style qui consiste à faire parler un élément qui ne devrait pas pouvoir s’exprimer, comme un mort, un animal, un objet), fais une forte impression sur le lecteur.
B. Les vivants
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