Apollinaire, "Zone", Alcools
Cours : Apollinaire, "Zone", Alcools. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lelepoutch • 25 Février 2023 • Cours • 1 149 Mots (5 Pages) • 342 Vues
Texte n°1 Début de « Zone », poème liminaire d’Alcools d’Apollinaire
À la fin tu es las de ce monde ancien |
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin |
Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine |
Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes |
Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux |
J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nom |
Notes : 1) Port-Aviation : premier aérodrome au monde créé en 1909, il accueillit en 1911 le départ de la course aéronautique Paris-Rome.
2) Pape Pie X : pape de 1903 à 1914 et farouche adversaire de l’adaptation de l’Eglise au monde moderne, il accorda pourtant en 1911 sa bénédiction à André Beaumont, aviateur, vainqueur de la course Paris-Rome.
3) Prospectus : brochures publicitaires jetables imprimées sous forme de dépliants.
4) clairon : trompette qui rythme la vie militaire.
5) sténo-dactylographes : employées de bureau qui pratiquent à la fois la prise de note par sténographie et tapent à la machine en qualité de dactylographes.
6) criaillent : poussent des cris à la manière de l’oie et de la pintade.
Texte n°2 « Automne malade », extrait du recueil Alcools d’Apollinaire
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes1 aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé2
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
1) nixes : dans la mythologie germanique, génies des eaux ou Ondine et nicettes = niaises
2) ont bramé : ont poussé des cris
Texte n°3 « Le Pont Mirabeau », poème du recueil Alcools d’Apollinaire
1 Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
5 Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
10 Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
15 Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
20 Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Texte n°4 « Tous les chemins vont vers la ville », extrait des Villes tentaculaires d’Emile Verhaeren (1895)
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