Dissertation sur Jean Jaurès La Dépêche
Dissertation : Dissertation sur Jean Jaurès La Dépêche. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Shyrine Sallam • 14 Novembre 2023 • Dissertation • 2 437 Mots (10 Pages) • 132 Vues
Dans Les Constructeurs, datant de 1951, Fernand Léger illustre des ouvriers qui semblent défier les lois de la nature entourés de poutres, plateformes, échelles et cordes. Il fait ici l’éloge du travail permettant de soumettre la nature à l’homme, que l’on voit par le fait que les ouvriers sont sur des planches de bois. Ils n’ont pas l’air de fournir un effort important car leurs expressions sont paisibles et ne semblent pas en situation de souffrance. Avec l’hypertrophie de leurs mains, on remarque que c’est l’artisanat qui est mis en avant, et non le travail déshumanisant, aliénant et douloureux. Enfin cette œuvre délivre un message d’humanité et de fraternité car les hommes travaillent ensemble.
Ainsi, comme l’écrit Jean Jaurès dans La Dépêche, « le travail devrait être le combat de tous les homme unis » c’est-à-dire que toute activité physique de production ou de transformation d’un donné naturel permettant de satisfaire leurs besoins doit être collective et regrouper un ensemble de personnes. Le travail est un outil « contre les fatalités de la nature », il permet d’agir sur les lois de la nature, définie par l’ensemble des réalités ni créées ni modifiées par l’homme. Mais c’en est aussi un contre « les misères de la vie » qui représentent toutes les peines et malheurs que l’homme affronte au quotidien, c’est le travail qui est la solution à ces problèmes, pas n’importe lequel mais le travail d’équipe.
Cependant dans notre société actuelle, le travail n’a pas encore la valeur que Jean Jaurès lui accorde puisqu’il y a un changement de temps entre le verbe devoir au conditionnel présent et le verbe être conjugué au présent. Pour l’instant, « il est le combat des hommes entre eux », autrement dit il est un outil de rivalité entre ces derniers qui ne permet d’obtenir que des choses futiles, vaines, appelées « jouissances » par l’auteur.
Pour terminer, toutes ces théories renforcent la position prise par l’auteur, selon laquelle le travail permet le rassemblement des hommes.
Toutefois, peut-on nier l’égoïsme naturel de l’homme ? Comment effectuer un travail collectif quand on ne se focalise que sur soi ?
La notion d’union au sein du travail devient alors illusoire, en effet les hommes sont tellement obnubilés par leurs propres intérêts qu’ils en oublient l’importance de s’unir aux autres. Ainsi, le travail n’est qu’un instrument permettant de diviser l’humanité.
Il paraît donc intéressant de se demander si le travail permet de rassembler les hommes ou si, au contraire, il ne fait que les diviser.
Nous discuterons cette problématique à la lumière du poème Les Géorgiques de Virgile, paru en -29, du recueil La condition ouvrière de Simone Weil paru en 1951 et de la pièce de théâtre Par-dessus bord de Michel Vinaver parue en 1972.
A première vue, il semble que le travail permet de rassembler les hommes. Mais une réflexion approfondie nous montrera que la division des hommes par le biais du travail est possible. Enfin, nous conviendrons que le travail individualise les hommes en fonction de leurs désirs et intérêts.
Le « travail » permet de rassembler ; les hommes deviennent « unis » et par conséquent liés les uns aux autres.
En effet, le travail permet de tisser des liens et de partager nos émotions, notre vécu, nos pensées avec les personnes de notre milieu professionnel. On se sent compris, connectés avec les autres comme le témoigne Michel Vinaver dans Par-dessus bord. Dans le sixième mouvement, une ambiance festive est au rendez-vous puisque c’est la fête annuelle de l’entreprise mais aussi le départ de Lubin et le mariage de Jiji. Ces évènements sont célébrés avec tous les employés de l’entreprise. Durant cette fête Benoît fait un discours d’adieu à Lubin et le qualifie d’ami : « C’est au premier chef pour fêter notre ami Lubin que nous sommes réunis aujourd’hui » ce à quoi Lubin rétorque avec peine et difficulté en les nommant tous « mes chers amis ». Cette scène montre le lien et la proximité que les employés partagent entre eux, ils forment une famille, c’est d’ailleurs pour cela que Lubin quitte l’entreprise avec tristesse puisqu’il laisse d’une certaine manière sa famille avec qui il a passé la majorité de sa vie au travail. L’entreprise apparaît comme une véritable communauté solidaire.
C’est d’ailleurs aussi le cas dans l’article de Simone Weil à Victor Bernard (directeur des usines Rosières) où elle s’adresse aux ouvriers de l’usine et leur propose de s’exprimer à propos de leur travail par le biais d’un journal d’usine qui permettrait d’évoquer leurs peines, leurs joies, leurs motivations, leurs fatigues, leur manière d’endurer le travail. Dans ce contexte-là, on ne parle pas de famille mais simplement d’une communauté, d’un ensemble qui partage les mêmes sentiments, mêmes obstacles car les conditions sont très difficiles et le travail demande tellement d’efforts physiques qu’ils n’ont pas le loisir de penser à ce genre de choses, de devenir tous solidaires.
Ainsi le travail permet de rassembler les hommes de manière à tisser des liens les uns avec les autres cependant ce rapprochement est parfois nécessaire à la survie de l’homme.
Dans certaines circonstances, il est nécessaire de s’unir pour survivre et évoluer parce que chaque individu possède une force physique et mentale lui permettant de réfléchir à des moyens de survie mais lorsque l’on regroupe plusieurs individus, et sachant que l’homme est fait pur vivre avec un collectif, ces forces se retrouvent décuplées et le cadre devient idéal au développement de l’homme. C’est ce qu’on retrouve avec l’exemple que donne Virgile dans le livre premier où Jupiter a rendu l’accès aux ressources plus difficile : « Le Père des dieux lui-même a voulu rendre la culture des champs difficile <…> Avant Jupiter, la terre produisait tout d’elle-même » Le poète affirme donc que le Père des Dieux a délibérément rendu le travail agricole difficile en créant les maladies, sécheresses, pénuries… pour ne pas que les hommes profitent de la nature, au sens d’ensemble des réalités matérielles existant indépendamment de l'humain, c'est-à-dire ce que nous pouvons observer tout autour de nous mais qui n'est pas le résultat d'une production des hommes, comme bon leur semble. Ils ont donc été contraints de se réunir et de former une communauté afin de développer des techniques qui nécessitent un dur labeur comme la chasse, pêche, fabrication des outils agricoles
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