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Marc Aurèle, pensées pour soi, Livre IV, 3

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Par   •  1 Avril 2023  •  Commentaire de texte  •  2 149 Mots (9 Pages)  •  620 Vues

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Explication de texte

Marc Aurèle, pensées pour soi, Livre IV, 3

  1. Dans Gatsby le magnifique, le personnage de Gatsby a beau tout faire pour reconquérir le cœur de Daisy, son projet échoue, il amasse les richesses, organise des fêtes incroyables, séduit Daisy, mais celle-ci préfère finalement rester avec son mari qu’elle n’aime pourtant plus.

Cet exemple illustre un constat amer : nous pouvons tout faire pour être heureux et ne pas y parvenir. Gatsby n’a qu’une idée en tête se faire aimer de Daisy : il est incapable de s’affranchir de cela et est donc incapable de trouver la sérénité et de vivre heureux.

D’un côté donc un homme qui a réussi à être riche à millions et qui fait des centaines d’envieux et de l’autre côté un homme triste car pas aimé par la personne qu’il souhaite.

Que dire donc d’une pareille situation ?

Ce texte de Marc Aurèle va nous donner les clés pour s’affranchir de pareil cas et nous donner une vue très claire sur la philosophie stoïcienne dont il est un fervent adepte. Dans le premier paragraphe, il nous indique que la retraite en soi, le fait de se retrouver soi-même est l’élément premier pour rester sur le chemin de la sérénité et du bonheur. Puis dans un deuxième temps que ce chemin traverse un monde qu’il faut en partie accepté tel qu’il est. Pour au final nous démontrer que le bonheur sera alors atteignable si on ne s’occupe que de ce qui est atteignable sans s’en préoccuper pour autant.

Le texte s’ouvre sur un constat : l’envie d’évasion que chacun a pour échapper au quotidien. Toutes les images qui évoquent de près ou de loin le bien-être intègrent forcément un paysage de bord de mer, de montagne perdue dans la brume ou de campagne aux calmes vallons. Pourquoi ? Il semble bien que nous ayons tous cette représentation d’un cadre serein, propice au calme intérieur, comme le souligne Marc Aurèle en employant le terme générique « les gens ».

Ces lieux de villégiature sont là pour échapper à son quotidien et son lot d’ennui. Ici, la retraite est nécessairement physique : la retraite prend le sens de « se retirer » de ses lieux quotidiens ; elle permet de se couper des affaires courantes et d’oublier ses tracas.

Mais la tranquillité, retrouver la sérénité, passe t’elle uniquement par un échappement physique ? Notre bonheur dépendrait alors uniquement de causes extérieures à nous, de notre environnement : un beau paysage ou un cadre apaisant serait-il la porte d’accès au bonheur ?

La réponse de Marc Aurèle est sans appel : « c’est la chose la plus stupide » que de penser cela.

Au dépaysement physique, Marc Aurèle y substitue l’âme, cet espace de liberté dans lequel l’homme peut se retirer à tout instant pour recouvrer la sérénité à laquelle il aspire. Il joue d’ailleurs sur les deux sens du terme “retraite” comme “lieu où l’on se retire” ( comme dans les premières lignes de ce texte avec ces lieux de villégiature) et là dans ce passage on a l’ “action de se retirer” du monde ; se retirer, s’isoler mentalement est beaucoup plus efficace et bien plus accessible puisqu’elle ne dépend que de sa faculté à revenir à soi, elle ne dépend que de nous-même : se retirer dans ces terres spirituelles par l’introspection semble être la clé pour « se sentir à l’aise ».

Ici, on parle donc de retraite spirituelle à la manière des catholiques qui « s’enferment » pour quelques jours dans une abbaye ou tout autre lieu de prière pour s'autoriser une pause à l'écart de tout ce qui fait leur quotidien et ainsi se connecter à une dimension spirituelle qu’ils pensent négliger le reste du temps.

Pour vraiment montrer que cette retraite spirituelle est la meilleure porte d’entrée pour atteindre la sérénité, il emploie des adverbe d'intensité (« plus tranquille », « plus exempte ») et des adjectifs, noms à connotation positive (« trésors », « tranquille », « à l’aise »).

Mais quel est l’objet, le but de retrouver cette sérénité : uniquement se sentir à nouveau mieux ?

Atteindre la sérénité n’est pas non plus le but ultime. L’objectif de cette démarche d’introspection est de pouvoir se ressourcer pour pouvoir repartir de l’avant. Cette démarche permet d’éliminer toute onde négative de notre quotidien pour y revenir encore plus fort. Cette retraite spirituelle est une démarche cyclique (« adonnes-toi sans cesse à cette retraite ») qui permet de se couper du monde pour mieux y revenir ; elle sert de base arrière, d’un endroit où s’abriter pour mieux repartir au front par la suite en étant plus fort. De plus, elle doit être conçue comme un rituel simple et efficace qui « suffira aussitôt de délivrer chacun de tout chagrin »et ce afin d’être mise en œuvre le plus facilement et rapidement possible pour « revenir sans difficultés à nos occupations »

Porte d’entrée vers la quiétude, l’introspection ne se suffit pas pour atteindre le bonheur. Il faut aussi être capable d’accepter une partie du monde tel qu’il est.

Marc Aurèle repart sur un constat en ce début de deuxième paragraphe : le monde extérieur serait source de malheur, les hommes méchants et cruels. Ce monde suscite donc interrogation et malheur ; il compare même les hommes à des animaux pour montrer à quel point ce monde est agressif.

Il referme vite une nouvelle fois ce débat stérile : « les hommes sont nés les uns pour les autres ». Autrement dit, à part que chaque homme vive en ermite, aucune solution ne peut être apportée à cet état de fait. Il faut donc accepter cela : se supporter fait partie de la vie des hommes. Il faut accueillir avec sérénité les défauts des autres et le mal éventuel qu’il pourrait nous causer. Même si quelqu’un nous cause du mal, il ne faut pas lui en vouloir puisque c’est sa nature d’agir ainsi. 

En plus, ressentir de la haine envers quelqu’un, c’est s’assurer de troubler sa propre sérénité, celle vers laquelle doit tendre l’homme.

L’homme doit aussi accepter son lot de malheur, son rôle dans la société. Encore une fois, l’homme doit rejeter le comportement qui le pousse à se rebeller, à se lamenter ou à refuser les événements car c’est une source de malheur. Il ne faut pas pour autant confondre cet état d’esprit avec du défaitisme ou de la résignation : cette attitude a pour objet d’éliminer les jugements négatifs susceptibles d’altérer son bonheur.

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