L'aide médicale à mourir

Myrtô Dutrisac — L’être humain (102)

Tout dernièrement, une personne de mon entourage a eu à faire un choix difficile. Cet homme âgé était très malade et suivait des traitements très difficiles sur le corps humain. Il en est arrivé à un point où il devait prendre une décision : continuer à se battre pour vivre le plus longtemps possible et tenter d’éviter la mort ou mettre fin aux douleurs et prendre l’aide à mourir. Il a pris la décision de prendre l'aide à mourir et de mettre fin à ses jours. Cette décision de sa part m'a beaucoup fait réfléchir dans les jours suivants et m’a amené à me poser la question suivante : l’être humain doit-il à tout prix tenter d’échapper à la mort et à la douleur? Cette question apporte quelques controverses, notamment sur la définition de l’être humain et sur la vision du sens de la vie. Pour ce qui de la définition de l’être humain, certaines personnes d’un côté pensent que l’être humain est défini par sa conscience. Pour eux le corps peut donc être éliminé. Étant donné que la mort et la douleur sont liées et causées à cause du corps, ces personnes auraient donc tendance à dire qu’on peut échapper à la mort et la douleur. Le corps n’étant pas nécessaire pour eux ils veulent l’éliminer et donc ainsi éliminer la mort et la douleur et donc y échapper. De l’autre côté, certains croient que l’être humain est défini par son corps et son esprit. Que l’humain doit laisser place aux corps et à ces instincts. La douleur et la mort sont donc nécessaires et obligatoires, car ces deux choses sont liées aux corps. L’élimination de la douleur et de la mort causerait l’élimination du corps et donc la fin de l’être humain. C’est pourquoi ils auraient tendance à croire que l’humain ne devrait pas tenter d’échapper à la mort. Pour ce qui est de la vision du sens de la vie, certains croient que le sens de la vie est de surpasser la limite humaine et d’avoir un contrôle complet sur leur vie. Ces personnes voudraient donc ne pas vivre de douleur et contrôler le jour de leur mort. C’est pourquoi ils auraient tendance à croire que l’être humain doit tenter d’échapper à la mort et à la douleur. À l’opposé, certains croient que le sens de la vie est de célébrer son indépendance, d'être digne et de se réaliser. Pour eux la douleur est nécessaire, car la douleur permet d’apprendre de ces erreurs, de se questionner et d'ainsi devenir une meilleure personne. C’est pourquoi ils auraient tendance à croire que l’humain ne devrait pas tenter d’échapper à la mort et la douleur.

Dans son texte IIIeConsidérations Inactuelles (Friedrich Nietzsche, IIIeConsidérations Inactuelles p.22-25 ), Nietzsche montre qu’il croit que l’être humain ne devrait pas tenter d’échapper à la mort et la douleur, car il croit que ces deux choses permettent l’affirmation de soi. Pour Nietzche l’être humain est un surhumain possédant un corps et un esprit possédant la capacité de juger de lui-même de la valeur des choses. Pour Nietzsche la mort et la douleur sont nécessaires. En effet, selon Nietzche ces deux choses font partie du surhumain. La douleur permet à l’humain d’apprendre de ces erreurs et de s’affirmer. En effet, selon Nietzche la douleur éprouvée permet à l’humain de se remettre en question. Il se questionne sur ce qui lui a amené à ressentir cette douleur. C’est cette douleur éprouvée tout au long de sa vie qui va lui permettre de se questionner constamment et de se confronter. Ces évaluations personnelles vont ensuite lui permettre de réévaluer ses valeurs pour empêcher la création de valeurs supérieures aux courants de sa vie et va donc lui permettre l’affirmation de soi.   « Il est vrai qu’il  existe  d’innombrables  sentiers  et  d’innombrables  ponts  et d’innombrables  demi-dieux  qui  veulent  te  conduire à travers  le  fleuve;mais  le  prix  qu’ils  te demanderont ce sera le sacrifice de toi même;il faut que tu te donnes en gage et que tu te perdes. » (1). Cet exemple vient illustrer que malgré toute la seule façon de devenir soi-même est de se perdre ou en d’autres mots de souffrir. Selon Nietzche c’est la seule façon de réaliser sa vie (traverser rivières) d’une façon heureuse. La rivière représente la vie et les demi-dieux les valeurs supérieures. Il illustre donc que pour réaliser sa vie il faut souffrir pour nous permettre d’affirmer notre volonté et donc de vivre heureux.

Les posthumanistes croient que l’être humain devrait tenter d’échapper à la mort et à la douleur, car, selon eux, l’être humain doit tenter d’échapper aux limites humaines pour avoir une liberté individuelle et être plus heureux. Pour les posthumanistes, l’être humain est un être créateur possèdant  la capacité de se modeler à son propre idéal sous l’influence d’aucune limite. Les posthumanistes affirment que leur but principal est d'augmenter l'humain pour permettre la liberté individuelle. En effet, selon eux, être libre est d’avoir l'option de se modeler à son idéal.  Au nom de la liberté, chaque personne devrait pouvoir faire ce qu'il désire sans subir de limites. La mort et la douleur doivent donc disparaître. En effet, étant des limites créées en raison du corps ces deux choses empêchent la liberté individuelle de chacun. Il est donc impératif de se débarrasser de ces deux choses pour permettre à chacun sa liberté et d’être heureux. Selon eux, la mort et la douleur sont donc des atteintes à la liberté individuelle de chacun. Si vous voulez vraiment découvrir le type de maturité ou de sagesse à laquelle on peut aspirer après quelques centaines d’années d’existence, vous ne pouvez pas éviter de passer par la biochimie. Il n’est pas suffisant de «réfléchir» à ce que votre pensée serait après deux cents ans de vie. » (2) Cet exemple des posthumanistes vient montrer que pour eux la liberté individuelle est impossible sans l’abolition de la mort et de la douleur. Ils donnent l’exemple d’un homme voulant découvrir la sagesse après des centaines d’années. Ils expliquent que la seule façon de réaliser ce qu’il désire est d’éliminer les limites humaines et donc dans ce cas d'éliminer la mort.

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