Peut-on opposer le devoir à la liberté ?
Dissertation : Peut-on opposer le devoir à la liberté ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Coco1911 • 27 Avril 2024 • Dissertation • 2 235 Mots (9 Pages) • 111 Vues
Coralie Moulin Rollin – T9 - DM de philosophie : Peut-on opposer le devoir à la liberté ?
Le devoir peut être moral ou juridique. S’il est juridique, cela renvoie à une obligation. Dans ce cas-là, un sujet peut décider de se soumettre à cette obligation ou non. On distingue deux types d’obligation : celles dites « parfaites » qui conduisent à des sanctions si elles ne sont pas respectées et celles dites « imparfaites » qui sont non garanties par la loi. Par ailleurs, le devoir moral nous force à agir bien et moralement et ce peu importe nos désirs ou les circonstances qui nous entourent. Le devoir moral nous permet donc de nous poser la question du bien. Pour résumer, le devoir est l’ensemble des règles que nous devons respecter soit pour faire le bien, soit pour agir en conformité avec la loi.
Quant à la liberté, elle est ce qui permet à un homme de disposer comme il l’entend de lui-même et de ses biens. La liberté, c’est faire tout ce que l’on veut sans limites naturelles ou conventionnelles. Être libre, c’est ne pas être soumis à une volonté autre ou à une contrainte extérieure qui ne soit pas soi-même. Ainsi, un esclave ne serait donc pas libre car tout ce qu’il fait dépend de la volonté de son maître. Mais, la liberté n’est pas faire tout ce que l’on veut selon ses caprices. Dans ce cas-là nous ne sommes pas libres mais esclaves de nos désirs. De plus, ce n’est pas non plus pouvoir tout faire et imposer à autrui ma volonté sans contraintes.
Mais cette association entre liberté et devoir est paradoxale. Effectivement, le devoir peut-être vu comme quelque chose que l’on est obligé de faire pour respecter la loi ou la moral alors que la liberté s’oppose à l’obligation. Par exemple, on peut se demander si un prisonnier qui n’aurait pas respecté son devoir est libre ou si par inverse, un citoyen qui le respecte fait preuve de liberté.
La question est donc de savoir si un individu est libre ou non lorsqu’il exerce son devoir et dans quelles circonstances peut-on dire que le devoir et la liberté sont liés ou non. Dans un premier temps, on se demandera dans quelle mesure la liberté est liée au devoir. Sommes-nous libres si nous exerçons notre devoir ? Et pourquoi ? Puis nous nous interrogerons sur la possibilité de la liberté liée au devoir moral de s’opposer aux règles que l’on considère comme injustes. Si une règle me semble injuste, j’aurais donc le devoir de ne pas la respecter mais serais-je alors un être libre ? Enfin, nous verrons que la liberté et le devoir sont deux notions qui doivent être équilibrées pour éviter les préjudices à autrui et la tyrannie.
La liberté est liée au devoir étant donné que la liberté est liée à la volonté et à l’autonomie. La liberté est essentielle pour la morale et elle réside principalement dans la capacité à suivre les lois morales de manière autonome. Or, le devoir découle du respect des lois morales. La liberté et le devoir sont donc intimement liés dans ce cas-ci et ne peuvent être l’un sans l’autre.
Selon Kant, la liberté réside dans l’autonomie. Être libre, ce n’est pas faire tout ce que l’on souhaite mais c’est agir selon la loi morale. Il n’y a pas de libertés sans justice. Le droit est fondé sur la liberté : c’est une obligation, un devoir inconditionné, qui doit primer sur tout le reste et qui est fondé sur la raison. Kant distingue alors deux types de devoirs : le devoir imparfait, lié à la moral comme veiller au bonheur d’autrui ; et le devoir parfait qui est juridique comme payer ses impôts. Or, pour Kant, le devoir moral est un impératif catégorique. En effet, l’impératif catégorique est un principe qui stipule qu’une action est morale uniquement si elle peut être transformée en une loi universelle capable de s’appliquer à tout le monde.
Or, le caractère moral d’une action dépend de la volonté de l’individu qui la réalise d’agir moralement ou non. Ainsi, une volonté qui serait libre serait donc soumise aux lois morales. Faire son devoir, ce n’est donc pas renoncer à sa liberté mais au contraire accepter d’être des individus libres car le devoir nous permet de concrétiser et de réaliser notre liberté. Agir par devoir, c’est agir par autonomie et donc agir librement car on peut se prescrire à nous-même une règle : le sujet est libre car soumis à lui-même. En étant libre, j’ai la capacité de m’auto-déterminer. Ce sont les lois et les droits qui permettent de faire progresser moralement les Hommes et leur liberté. Pour savoir si une action est morale ou non, il faut donc faire usage de sa volonté et de sa raison.
Kant était un philosophe déontologique. Cela signifie que, pour lui, les individus ont le devoir moral d’agir d’une manière conforme à certaines règles. La seule intrinsèquement bonne serait donc une bonne volonté qui permettrait d’être libre. De plus, la déontologie souligne le fait que les lois sont universelles. La déontologie met ainsi l’accent sur la valeur morale d’une action qui est désintéressée et, pour Kant, nous sommes libres que si nous respectons notre devoir moral. Respecter le devoir moral, c’est atteindre une forme de liberté en libérant l’homme des déterminismes qui est son contraire. Effectivement, la raison et la volonté étant des facteurs déterminants dans nos actions, les utiliser montre que nous somme libre et nous permet de nous affranchir des déterminismes en nous émancipant des forces éventuelles extérieures opposé à ma volonté qui peuvent nous pousser à faire quelque chose, auquel cas je ne suis plus libre.
Ainsi, pour Kant, la liberté et le devoir sont liés. Mais, que faire si des lois nous semblent injustes ? Doit-on toujours les respecter pour respecter notre devoir juridique et mettre de côté notre devoir moral ?
Même si le devoir et la liberté sont liées, rien n’empêche l’Homme de désobéir à des lois qu’il considère comme injustes. Dans ce cas-là, les personnes les plus libres seraient donc celles qui ne respectent pas leur devoir. Mais dans quelle mesure exactement ?
Pour Thoreau, les individus ont un devoir moral de désobéir aux règles qu’ils considèrent comme injustes ou qui sont contraires à ses principes. C’est ce qu’il appelle la désobéissance civile. Cette désobéissance civile est alors montrée comme une manifestation de la liberté individuelle puisque le sujet suit son devoir moral malgré les conséquences que peuvent avoir ses actes. Mais cela ne veut pas dire qu’il oppose le devoir à la liberté. Au contraire, il considère plutôt une conception de la liberté qui inclut la responsabilité individuelle de s’opposer à l’injustice. Selon Thoreau, ce sont la morale et la liberté qui déterminent si un homme est vertueux. Au nom de la morale, chacun a le devoir de désobéir aux lois qu’ils n’approuvent pas selon ses principes. Pour lui, « il y a peu de vertus dans l’action des masses humaines » car voter en suivant la majorité n’est pas forcément ce qui est le plus juste. Ainsi, selon son raisonnement, « sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la vraie place de l’homme juste est parfois en prison ».
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