Rousseau, Les deux inégalités
Commentaire de texte : Rousseau, Les deux inégalités. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Aziz Lampouik • 24 Juin 2024 • Commentaire de texte • 2 363 Mots (10 Pages) • 96 Vues
Exemple d’explication du texte de Rousseau
Les deux inégalités
Dans ce texte consacré aux inégalités entre les hommes, Rousseau montre qu’il n’y
a pas de relation nécessaire de cause à effet entre les inégalités naturelles et les
inégalités politiques. Autrement dit, ceux qui occupent une position sociale ou politique
dominante ne sont pas nécessairement supérieurs par le corps et l’esprit à ceux qui leur
sont soumis politiquement ou inférieurs socialement. Ce n’est donc pas parce qu’on est
le plus fort, le plus intelligent ou le plus vertueux qu’on est conduit à occuper une
position sociale supérieure ou à commander.
Le texte est composé de deux parties. Rousseau distingue d’abord les deux
inégalités, explique leur origine et donne leurs caractéristiques (l. 1-11). Puis il réfute
deux questions nées de ces définitions. La première question concerne l’origine de
l’inégalité naturelle. La réponse à la seconde question repose sur un raisonnement par
l’absurde : l’inégalité naturelle n’est pas la cause de l’inégalité politique, sauf à adopter
la pensée de l’esclave qui vit sa condition comme un fait naturel (l. 12-23).
Pour Rousseau, il n’est donc jamais légitime de justifier une position sociale et
politique par rapport à la nature. Mais jusqu’à quel point peut-on envisager qu’il existe
une relation entre les deux inégalités ? La réussite sociale inégale des individus est-elle
déterminée par des différences naturelles ? Les inégalités sociales et politiques ont-elles
une origine naturelle ou sociale ?
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Le texte débute par la distinction entre les deux inégalités. Pour chacune d’elles,
Rousseau précise son nom, explique ce nom par son origine, puis détaille ses
caractéristiques. La première inégalité est « l’inégalité naturelle ou physique » (l. 2).
Elle s’explique (« parce que », l. 2) par son origine : elle vient de la nature. Cela signifie
qu’elle est d’abord un fait naturel : elle n’est ni choisie ni voulue par les hommes, mais
déterminée par des processus naturels sur lesquels nous n’avons pas d’influence et que
nous ne pouvons pas changer. Rousseau indique ensuite ses manifestations : cette
inégalité est physique (inégalité de santé, des forces du corps, de l’âge, l. 3-4),
intellectuelle (différences des « qualités de l’esprit », l. 4) ou morale (différences des
« qualités de l’âme », l. 5). Rousseau donne ici une précision importante : il s’agit de
« différences » (l. 3). Que faut-il entendre par ce terme et est-ce la même chose que des
inégalités ? En fait, l’inégalité naturelle se manifeste par des variations entre les
hommes : on est en plus ou moins bonne santé, plus ou moins fort, plus ou moins
intelligent, plus ou moins généreux, honnête ou courageux, etc. Mais ces différences
sont de simples « écarts » entre les hommes, l’inégalité naturelle n’a pas de sens
péjoratif ou mélioratif. Pour Rousseau, ce n’est donc pas une véritable inégalité.
L’inégalité naturelle n’est infériorisante ou promotrice de supériorité qu’à certaines
conditions. Prenons des exemples. Entre deux couleurs de peau, il y a une différence
mais aucune inégalité, puisqu’une couleur de peau n’a pas plus de valeur qu’une autre.
En revanche, entre une personne en bonne santé et une personne malade, il y a certes
différence mais aussi « inégalité », parce que la santé vaut plus que la maladie, ne seraitce
que parce que la santé permet de faire plus de choses que la maladie. Par conséquent,
les avantages ou handicaps naturels ne peuvent apparaître comme des inégalités (et donc
porter préjudice aux hommes) que s’ils fondent une hiérarchie entre les individus. Pour
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deux raisons. Ou bien parce qu’ils constituent un avantage ou un inconvénient par
rapport à une fin commune à tous les hommes, comme la subsistance, la santé, la liberté
ou le bonheur. Ou bien parce qu’ils rapprochent ou éloignent d’une norme ou d’un idéal
comme la sagesse ou la grandeur d’âme. Mais ces avantages ne sont pas politiques.
Rousseau définit ensuite l’inégalité morale ou politique par son contenu. Elle
consiste en « privilèges » variés (l. 8) : richesses, honneurs, puissance, relation de
commandement (l. 10-11). L’inégalité politique génère par conséquent une relation
hiérarchique. Cela s’explique par le fait que cette inégalité est privilèges : ce sont des
droits particuliers qui, par définition, discriminent (ils ne concernent que « quelquesuns
» au détriment des « autres », l.9). Dans l’esprit de Rousseau, un privilège est
toujours en même temps une injustice : le pouvoir (la richesse, les honneurs) passe par
la domination et
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