Le roi et les princes de 888 à 1180
Dissertation : Le roi et les princes de 888 à 1180. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar arthevi • 24 Juin 2023 • Dissertation • 2 865 Mots (12 Pages) • 248 Vues
Le roi et les princes de 888 à 1180
Avec la fin du IX° siècle, les partages territoriaux disparaissent des pratiques dans la succession royale : la division du territoire des Francs entre les deux fils du roi Louis II en 879 est la dernière. La disparition de cette pratique témoigne d'un important changement dans la hiérarchie sociale du royaume. Désormais, les rois ne sont plus les seuls détenteurs d'un royaume qu'ils peuvent se répartir à leur guise, l'aristocratie a également sa part.
Si les rivalités pour la couronne ne cessent pas, elles ne s'accompagnent plus de partages territoriaux. Un seul roi hérite de l'ensemble du royaume, et s'il est contesté par un autre candidat à la couronne, celui-ci cohabite avec lui sans lui arracher un fragment de territoire. Ainsi de 893 à 897 il y eu dans le royaume des Francs deux rois, Eudes et Charles le Simple, pour un seul territoire Chaque roi est soutenu par des Grands du royaume, une aristocratie aussi bien laïque qu'ecclésiastique qui prend une place de plus en plus importante, et avec laquelle les rois successifs entretiennent des relations complexes, dans laquelle s’entremêlent la contractualité établie de la monarchie et les relations féodo-vassaliques. L'aristocratie, établie en principautés, échappe à la domination royale, mais prend-elle le pas sur les rois pour autant ? Il semblerait que non, malgré leur puissance parfois supérieure à celle des rois, les princes ne contestent pas la supériorité hiérarchique et spirituelle octroyée par le sacre, et s'ils tentent sous les derniers carolingiens de placer leur candidat favori sur le trône, ils ne parviennent pas à faire de la monarchie un pion entre leurs mains : en faisant couronner leur héritier de leur vivant, les capétiens se prémunissent contre l'ingérence des Princes dans la succession royale.
Au contraire, l'essor de principautés territoriales témoigne d'une adaptation, et non pas d'un affaiblissement du pouvoir royal.
C'est au service de la royauté que les princes morcellent le territoire encore centralisé de 888, et s'ils débordent de l'autorité royale à partir de 987, après 1108 les rois amorcent leur reprise en main à l'appui des règles de féodalité.
A la fin du IX° siècle, des principautés territoriales furent créées à l'initiative du pouvoir royal.
Il paraît difficile que le seul roi, cantonné principalement entre la Meuse et la Loire, puisse assurer sa domination propre sur un territoire très vaste, s'étendant de la Meuse aux marches d'Espagne et comprenant les anciens territoires de la Francie, la Neustrie, l'Aquitaine et, en partie, la Bourgogne. Les particularismes locaux sommeillent sous l'apparente unité du royaume des Francs, et poussent à l'émancipation d'un pouvoir royal trop lointain, émancipation allant de la désobéissance à la sécession. C'est ainsi que Boson s'est fait sacré dès 879 roi de Provence, se détachant de la couronne carolingienne. Ces agitations sont d'autant plus vives en périphérie du royaume, d'une part à cause de l'éloignement important de la présence royale, installée en Neustrie et se déplaçant très peu à travers le royaume, et d'autre part à cause des envahisseurs normands et sarrasins sévissant aux frontières. Face à l'absence de défense efficace provenant du pouvoir royal, les populations locales tendent à s'organiser de façon autonome pour lutter contre les invasions.
Dans le but de réaffirmer son emprise sur l'ensemble de son territoire, la royauté établit des commandements militaires qu'il place entre les mains des Grands du royaume. Ce commandement consiste en un territoire sur lequel le Grand reçoit des droits et des charges exceptionnelles : le roi délègue ici volontairement son pouvoir régalien en des territoires donnés, dans le but d'établir des relais locaux fiables de son pouvoir. Afin de se prémunir contre une prise d'indépendance vis-à-vis de son autorité, les rois prennent soin de nommer des princes à la tête des ces commandements ainsi créés choisis parmi leurs fidèles et originaires d'un autre territoire, dans le but d'éviter l'exacerbation des particularismes régionaux et l'enracinement des princes. Ainsi la principauté robertienne fut établie par le roi Charles le Chauve lorsqu'il confia le comté de Tours à un de ses misi dominici, Robert le Fort, dans le cadre de la lutte contre les Normands. C'est dans ce même cardre que la principauté s’accrut : c'est en effet en récompense à sa lutte active contre les Vikings, notamment en 885 lors d'un siège de Paris, qu'Eudes, fils de Robert, reçut plusieurs comtés qui étendirent l'aire dépendant de son commandement. Le comté de Normandie fut fondé en 911 dans l'idée similaire de convertir un chef normand, Rollon, en relais local de l'autorité royale, pour pacifier la côte.
Néanmoins, malgré les précautions capétiennes, sous cette image de princes au service du pouvoir royal émergent les failles qui mènent à leur émancipation progressive. D'une part, de la même manière que l'hérédité avait commencé à s'encrer chez les comtes depuis le capitulaire de Quiercy, les princes s'établissent en lignages inamovibles. : lorsque Charles le Simple, à son avènement personnel en 898, n'ôte pas à Robert le commandement de la Neustrie, il reconnaît implicitement d'existence d'une principauté robertienne stable et héréditaire. En outre, les populations locales renforcent la cohésion de leur identité ethnique en s’unissant conter l'envahisseur autour du prince : c'est ainsi que Richard le Justicier, un lotharingien qui avait été très fidèle aux Carolingiens contre Boson, mais aussi contre Eudes, s'autoproclame duc des Bourguignons après avoir défendu la Bourgogne à de nombreuses reprises contre les raids Normands.
En 987, après presque un siècle d'alternance sur le trône, la famille des princes Robertiens se substitue définitivement au lignage royal Carolingien. Cette manifestation de la montée en puissance d'un prince annonce l'émancipation progressive des princes du pouvoir royal sur un territoire désormais morcelé.
De 987 à 1108, les princes achèvent d'acquérir leur autonomie factuelle vis-à-vis du pouvoir royal. S'ils n'ont pas usurpé leurs principautés territoriales, il usurpent le titre de duc et traitent le roi en égal.
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