La révolution française : création de la Nation ?
Dissertation : La révolution française : création de la Nation ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Chachaaa99 • 13 Mai 2024 • Dissertation • 2 654 Mots (11 Pages) • 105 Vues
En novembre 2014, lors d’une conférence au mucem intitulé l’invention de la nation et ses incidences en Europe de la Révolution française au XIXe siècle, l’historienne Deborah Cohen affirme que l’invention de la nation en France a lieu au XVIIIe siècle et plus précisément pendant la Révolution française. Dans l'encyclopédie de Diderot, la nation est définie comme mot collectif dont on fait usage pour exprimer une quantité considérable de peuple, qui habite une certaine étendue de pays, renfermée dans de certaines limites, et qui obéit au même gouvernement. Lors de la Révolution, le concept de nation prend une nouvelle forme. La nation n’est plus simplement un territoire ou un ensemble de population. La nation est désormais étroitement liée à l'État, ce qui en fait une instance politique. Pendant la Révolution française, on assiste à un transfert de la souveraineté. Cette dernière, appartenant auparavant au roi, appartient désormais au peuple. Les Français qui n'étaient que des sujets, sont à présent des citoyens impliqués dans la vie politique d'une nation souveraine unifiée.
Cette souveraineté du peuple va se manifester à travers des événements comme la prise de la Bastille ou bien par la création d'instances politiques comme l’assemblée nationale.
En somme on peut définir la nation comme une entité abstraite, collective et indivisible, distincte des individus qui la composent et titulaire de la souveraineté. La nation sous tend une certaine unification, homogénéité et adhésion. Le terme invention montre qu’il y a la création d’un nouvel élément ex nihilo, ici la nation.
Le sujet nous invite à nous demander si la période 1789 1792 est à l’origine de la création d’une nation française ou du moins à l’origine d’une profonde modification de cette vision de nation.
Il s’agira alors de voir dans quelle mesure cette période peut-elle être considérée comme la genèse de la Nation française ?
Il est important dans un premier temps de s’intéresser à l’année 1789 : elle marque un tournant décisif. C’est une année de basculement. Ensuite, la période 1790 1791 correspond à une période de consolidation des bases de la nation. Et enfin l’année 1792 peut être perçu comme l’année d'approfondissement de l’unité nationale.
I. 1789 : Le déclenchement de la Révolution française et la rupture brutal avec l’ordre établi
L’année 1789 correspond au déclenchement de la Révolution française. On pourrait exprimer l’idée qu’elle est le ferment de la nation. Cette Révolution marque l'avènement d’une nouvelle souveraineté : celle du peuple et non plus celle du roi.
La convocation des États généraux
Les années précédant la Révolution française sont marquées par des tensions socio-économiques grandissantes.
L’historien Jules Michelet affirme que la révolution est en grande partie due à la misère présente dans les campagnes.
D’autres historiens de l'école jacobine d'historiographie s'intéressent de manière active à l’état de frustration des bourgeois comme cause de la révolution. Les bourgeois exclus du pouvoir politique ont l’intention de se hisser sur le plan politique et de ne plus se laisser humilier par la noblesse.
Mais c’est la dette, qui après la guerre pour d’indépendance de l’Amérique est déraisonnable, qui va mener à une décision inattendue de la part du roi : celle de la réouverture des Etats généraux. Il s’agit d’une assemblée qui était tombée en désuétude et qui n’avait pas été convoquée depuis 1614.
Au cours de ces Etats généraux, qui se réunissent à Versailles, des cahiers de doléances sont rédigés. Ces derniers mettent en avant des revendications des trois ordres présents dans l’assemblée.
Cette convocation des Etats généraux offre une première place timide sur le plan politique au Tiers Etats. Bien qu’il soit présent, ces demandes sont relativement ignorées. Le 17 juin, le Tiers-État se proclame seul représentant de la nation et prend le nom d’assemblée nationale. Le Tiers-Etat déclare cette assemblée ouverte aux députés des autres corps.
On peut percevoir à travers la création de l’assemblée nationale la première affirmation du peuple comme représentant de la nation et possesseur de la souveraineté.
B. Émeutes populaires
À l’extérieur de Versailles et de la salle où se déroule les Etats Généraux,l'effervescence grandit.
Un premier exemple notable d’émeutes populaires est celui de la journée des tuiles.
La Journée des Tuiles, qui a eu lieu à Grenoble le 7 juin 1789, a été une manifestation populaire contre les décisions du gouvernement central. Des habitants ont lancé des tuiles et des objets contre les troupes royales pour protester contre les mesures prises par le gouvernement qui limitent les libertés locales. Cette émeute a marqué le début des soulèvements populaires dans plusieurs villes et régions, montrant la volonté du peuple de s'opposer aux décisions arbitraires et de lutter pour une plus grande participation politique.
Autre exemple notable est celui de la prise de la bastille.
Le 14 juillet les parisiens se rendent armés aux portes de la prison royale de la Bastille. Après de longues heures, la foule parvient à s’emparer de la forteresse. La bastille constitue un symbole du pouvoir monarchique. Il s’agit du haut lieu de l'emprisonnement arbitraire des sujets. La prise de la Bastille a marqué un tournant dans la Révolution, où les citoyens se sont soulevés contre l'autorité monarchique et ont montré leur détermination à lutter pour leurs droits et leurs libertés. Cet événement a unifié le peuple et a été un catalyseur de l'unité nationale, car il a symbolisé la volonté du peuple de s'émanciper de l'ancien régime et d'établir une nouvelle forme de gouvernement basée sur la volonté populaire.
C. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et l’abolition des privilèges
Ces événements provoquent en retour à Versailles, le sentiment qu’il faut abandonner d’urgence des principes devenues caduques. Dans la nuit du 4 au 5 août, sous la poussée d’une poignée de nobles libéraux dont le vicomte de Noailles, l’assemblée
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