L'haussmanisation de Paris

Le 2 décembre 1852, un an après le coup d'État, Louis-Napoléon est proclamé empereur héréditaire des français, sous le nom de Napoléon III. Cela marque le début du Second Empire (1852-1870), un régime autoritaire qui s’inscrit dans une forte croissance économique liée à l'industrialisation de l’Europe. Sous l’impulsion de l’Etat, la France connaît alors une profonde transformation économique, financière et urbaine. Napoléon III encourage fortement cette modernisation par le développement de l’industrie, des chemins de fer et la valorisation de la capacité d’invention. Au XIXième siècle, Paris a ainsi connu une forte croissance démographique ayant pour conséquence l’appauvrissement du centre de Paris. Afin d'asseoir son pouvoir et la puissance française, l’empereur souhaite alors faire de Paris une capitale aussi moderne que Londres, son modèle.

Nous disposons d'un corpus documentaire, nous expliquant sous la forme de cartes, images, mémoires, articles et rapports, le réaménagement de Paris sous le Second Empire. Ces documents présentent les moyens et instances mis en œuvre par l’Etat pour mener à bien les grands projets (extension urbaine, modernisation des voiries, infrastructures, etc.), ainsi que les critiques et conséquences de ces travaux.

Comment Paris s'est-elle modernisée sous le Second Empire ?

Dans un premier temps, nous étudierons le projet volontariste de modernisation de Napoléon III pour Paris. Ensuite, nous présenterons l'haussmannisation de la capitale, et, enfin, nous analyserons les effets contrastés de cette modernisation.

En 1850, Paris est une ville industrielle de plus d'un million d'habitants. La population de Paris a connu une forte croissance, tirée par l’exode rural des français souhaitant se rapprocher de l'un des principaux bassins d'emplois français. Néanmoins, à cette même période, Paris était une ville moyenâgeuse dans sa structure : les bâtiments sont enchevêtrés, les rues sont étroites et tortueuses (doc 2), ce qui entraîne des problèmes de circulation et des problèmes sanitaires (épidémie de choléra par exemple).

Les derniers grands travaux réalisés dans la capitale dataient de la fin du XVIIIième siècle sous la direction de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806). Les développements urbains réalisés par la suite ne sont pas structurés. Les projets de construction ne sont considérés qu'à travers un souci économique, et non social. Paris est une ville sale, insalubre, loin de l'image que l'on se fait d'une capitale politique : les immondices s'entassent dans les rues, les Champs Elysées sont un grand marécage nauséabond, et il y a peu d'éclairage public. La circulation est difficile car Paris manque d'axes de transport.

Après le coup d'État du 2 décembre 1851, le nouveau régime mis en place prend en main la gestion de Paris. Napoléon III souhaite faire de Paris la capitale de la modernité, tout en affirmant son autorité dans cette ville (doc 4), qui avait connu plusieurs soulèvements depuis le début du XIXème siècle. Il décide donc d’opérer un remodelage profond de l’espace urbain parisien et crée la Commission sur les embellissements de Paris en 1853. Elle se compose majoritairement d’hommes politiques qu’il a choisi. Dans son rapport du 20 décembre 1853 (doc 6), la Commission fait état des projets de l’empereur et les justifie. Il s’agit de faciliter la circulation des hommes, marchandises, police et armée dans Paris et l’accès aux gares tout en conservant les monuments anciens.

Cette commission est supprimée à la demande de Georges Eugène Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1869, à qui l’empereur a confié la mission de transformer la capitale.

Haussmann devient ainsi le “grand architecte” de Paris et va jouer un rôle majeur dans sa modernisation.

Le baron Haussmann procède dans un premier temps à une opération d’urbanisme d’envergure (doc 1) avec l'extension de la ville de Paris. Il décide en l'annexion de 11 communes limitrophes contenues entre Paris intra muros et les fortifications de 1840 (Montmartre, Grenelle, Vaugirard, La Chapelle …) ce qui fait passer le nombre d’arrondissements de 12 à 20. La ville compte alors 2 millions d’habitants (gain de plus de 350 000), et sa superficie s'accroît de 40 %. Cette extension est entérinée par un décret impérial le 16 février 1859.

De plus, l’un des principaux problèmes de Paris est d'ordre sanitaire. En effet, Paris a été lourdement touchée en 1849 par une épidémie de choléra, avec plus de 20 000 morts. Haussmann met en place un réseau d'égouts de plusieurs centaines de kilomètres. Un réseau d'acheminement de l'eau potable est aussi développé dans la ville. Eugène Belgrand met en place un double réseau d’eau : un pour l’eau potable, et un pour les besoins domestiques et les besoins de l’industrie. La physionomie

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