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En quoi le projet nazi est-il un projet totalitaire ?

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Par   •  17 Février 2025  •  Commentaire de texte  •  2 135 Mots (9 Pages)  •  51 Vues

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Intro :        Le totalitarisme, selon Hannah Arendt, est un système politique dans lequel un régime contrôle tous les aspects de la vie publique et privée, supprimant toute opposition et éliminant les libertés individuelles. Dans son ouvrage Les origines du totalitarisme, Arendt explique que ce type de régime repose sur la terreur, la propagande, mais surtout sur une idéologie au service d'un pouvoir autoritaire. Dans notre cas, les documents proposés nous permettent de nous pencher sur le régime nazi, arrivé au pouvoir en Allemagne en janvier 1933 avec l'arrivée en tête du parti aux élections législatives, et la nomination d’Hitler au poste de chancelier.  Le premier document (Le Mémorandum d'Hitler sur les tâches d'un plan de quatre ans, présenté par Laurent Murawiec dans son ouvrage), est un texte de nature politique rédigé par Hitler lui-même en 1936. Il expose les priorités économiques et militaires du Troisième Reich pour rendre l'Allemagne capable de mener une guerre en quatre ans. Ce texte est d'autant plus intéressant qu’Hitler répugnait à coucher ses ordres ou ses intentions sur le papier : en effet il gouvernait par la parole et laisser aux scribes le soin de mettre en forme ses idées. Qu'un texte d'orientation de sa main est subsisté sur une question aussi fondamentale que l'économie en fait donc un document d’exception à étudier. Le second document est un récit à caractère autobiographique, un témoignage d'un jeune étudiant français (Pierre Grapin) en Allemagne en 1935. Le texte, tiré de la presse universitaire de Nancy en 1985, relate son expérience au sein d’une famille allemande qui a subi les répressions idéologiques du régime : ce document immersif, authentique, nous permet de découvrir les effets du nazisme sur les individus et la jeunesse allemande d’un point de vue interne a la situation, ce qui en fait un document original et intéressant à étudier. Le troisième document est une analyse, une explication du point de vue de Johann Chapoutot sur la singularité du nazisme, dans son essai Penser et agir en nazi (2014). Le recul historique d’un historien référence sur le nazisme, spécialiste de la période fait de cette analyse un élément tout à fait pertinent pour répondre à la problématique évidente que pose ces trois documents : En quoi le projet nazi est-il un projet totalitaire ? Nous nous pencherons alors sur les deux aspects fondamentaux d’un régime totalitaire, en voyant dans un premier temps en quoi le régime nazi est un régime autoritaire, puis en nous penchant sur l’originalité de l’idéologie nazie.

        Tout d’abord, le régime nazi est bel et bien un régime autoritaire, caractéristique essentielle d’un projet totalitaire.

        En effet, l’Allemagne d’Hitler est avant tout centralisé sur un état fort, qui remilitarise le pays et embrigade la population (en particulier le jeunesse). L’idée du « peuple allemand, [qui] s’il est (…) militairement réorganisé à fond, représente sans nul doute le potentiel de résistance le plus élevé » fait écho à la volonté d’Hitler de disposer d’une « armée prête à agir dans quatre ans » (doc. 1), et explique les nombreuses mesures de réarmement du pays, comme la remilitarisation de la Rhénanie, ou la formation de groupes paramilitaires comme les SS ou les SA, qui furent au cœur du parti national-socialiste dès sa création.  On comprend alors aussi le besoin de renforcer la « cohésion spirituelle » du peuple, le besoin qu’elle soit « toujours plus approfondie et endurcie » (doc. 1)  qui permet à Hitler d’encadrer et d’entraîner la population, de créer une communion entre le peuple et le Reich : c’est le « but de l’éducation national-socialiste de notre peuple » (doc.1), éducation qui englobe toute forme de propagande, d’embrigadement comme les films de propagande (Leni Riefensthal, Le Triomphe de la Volonté) ou les organisations d’endoctrinement de la jeunesse (jeunesses hitlériennes, une part de la Jugendbewegung/mouvement de la jeunesse allemande qui avait rallié le parti dans le doc.2). L’objectif est de profiter du fait que cette jeunesse soit facile à modeler, c’est pourquoi l’enseignement qui lui est dispensée a une dimension militaire, avec des entraînements physiques (il faut que ces jeunes résistent à la douleur), mais surtout une dimension anti-intellectuelle.

        De plus, le régime nazi repose sur une très forte répression des opposants, sur une atmosphère de terreur, attribut classique des pouvoir autoritaires. Les plus vieux, qui ne sont pas concernés par les programmes d’embrigadement de la jeunesse, doivent en raison de leurs convictions politiques s’écarter, se mettre en marge de la société : par exemple, dans le doc. 2, le père de famille « social-démocrate et adepte de théories pédagogiques progressistes » a été chassé par les nazis de son poste de directeur d’école. En effet, le courant social-démocratique, libéral et socialiste, constituait un ennemi politique pour le nazisme, ce qui explique cette répression. Aussi, Grapin relate dans ce témoignage (doc.2) l’ambiance « effrayante » décrite par la fille de la famille, où l’on « ne sait jamais à qui se fier ». Cette « atmosphère de crainte et d’oppression » nous permet de comprendre l’impression anxiogène qui régnait à l’époque en Allemagne, où ces citoyens en marge, « vivant dans leur pays comme des étrangers » craignait la police politique (Gestapo), voire la déportation dans les camps de concentration pour opposants politiques (premier camp de Dachau ouvert en mars 1933) : c’est le phénomène de la terreur politique.

        Enfin, on peut mentionner la dimension dictatoriale du régime nazi, où le pouvoir central et absolu est entre les mains d’un seul homme, qui dirige un Etat qui encadre tout. Par exemple, on peut se pencher sur le contrôle total de l’économie par l’Etat : celle-ci est totalement subordonnée aux objectifs militaires et politiques : c’est la volonté d’Hitler de disposer d’une « économie prête à la guerre dans quatre ans » (Mémorandum), de mettre « la finance et l’économie, les dirigeants économiques et toutes les théories (…) au service exclusif de cette lutte d’auto-affirmation de [la] race ». C’est cette main mise absolue sur le fonctionnement de l’économie du pays qui permit aux nazis de réduire de manière drastique le chômage au sortir de la crise de 29. C’est d’ailleurs cette crise qui permit à Hitler de grandement gagner en popularité, et d’accéder au pouvoir, puis de renverser la démocratie en se proclamant Führer, c’est-à-dire à la fois chancelier et président, gouvernant concentrant tous les pouvoirs et figure de l’autorité. Ce renversement fait d’ailleurs écho aux évènements des 26 et 27 février, où l’incendie criminel du Parlement allemand (le Reichstag) est utilisé par les nazis pour mettre en place une politique de suspension des libertés individuelles, puis grâce au vote du nouveau parlement en mars, de confier les pleins pouvoir à Hitler.

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