En quoi la Révolution française est une période de redéfinition de la nation (1789-janvier 1793)
Dissertation : En quoi la Révolution française est une période de redéfinition de la nation (1789-janvier 1793). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar shasha1800 • 11 Octobre 2023 • Dissertation • 778 Mots (4 Pages) • 160 Vues
À la suite d’un double contexte international (Révolution américaine, révolutions européennes) et national (inégalités entre les ordres, crises économiques, absolutisme), s’ouvre une période de rupture majeure dans l’Histoire de France. La Révolution française (1789-1799) rompt définitivement avec « l’Ancien Régime », en permettant la redéfinition de la nation (= ensemble de personnes habitant ou non un même territoire, soumis ou non à un même gouvernement et qui partage une culture commune). Construite autour de nouveaux acteurs et principes, cette « nouvelle » nation apparaît rapidement divisée. Ainsi, dans quelle mesure la nation est-elle recomposée de 1789 à janvier 1793 ? D’abord, on montrera que l’année 1789 apparaît charnière. Puis, on se penchera sur la période allant de 1789 à janvier 1793, moment durant lequel la nation est stabilisée à travers des réformes, bien que des tensions et divisions la fragilisent. L’année 1789 marque une rupture avec l’ « Ancien Régime » (à la fois monarchie absolue et mode d'organisation sociale qui a prévalu dans le royaume de France de la fin du XVIème siècle à la fin du XVIIIème siècle). Une série d’événements s’enchaînent et bouleversent la nation française : réunion des Etats généraux par le roi Louis XVI (1774-1792) le 5 mai 1789, Serment du jeu de Paume (20 juin), Prise de la Bastille (14 juillet), Grande peur (fin juillet), abolition des privilèges (4 août). En effet, les ordres (clergé, noblesse, Tiers-Etat) et les privilèges sont supprimés, et l’assemblée nationale constituante – proclamée lors du Serment et réunissant les députés du Tiers-état, du clergé et de la noblesse - devient un acteur politique (après l’épisode de la Bastille). La promulgation de la DDHC le 26 août par cet acteur officialise un véritable changement. S’inspirant des principes de la philosophie des Lumières et de la Déclaration d’indépendance américaine de 1776, ce préambule d’une future constitution formule les grands éléments de la modernité politique avec la définition de droits individuels (liberté d’expression), mais aussi collectifs. Une « nouvelle » nation émerge, soudée par la Loi, composée désormais de citoyens libres, égaux et souverains, mettant ainsi fin au pouvoir absolu et arbitraire du roi. Expression de la volonté générale, celle-ci garantit ces droits, posant les fondements de l’État de droit. La monarchie absolue et la société d’ordres prennent fin : c’est la fin d’un ordre juridique inégalitaire. A partir de cette année 1789, la nation française est réformée par les députés de l’Assemblée nationale constituante dans le but de stabiliser et unifier la nation. Outre la défense des libertés fondamentales (culte, presse,…), on peut citer la création des départements (eux-mêmes dirigés par des citoyens élus) qui vise à uniformiser et rationnaliser l’Etat. Le sentiment national est par ailleurs stimulé, comme l’illustre la symbolique fête de la Nation le 14 juillet 1790. Cependant, après cet événement, des divisions apparaissent, notamment à propos du roi. Dès juin 1791, il tente de fuir à Varennes pour mener une contrerévolution. Il est ramené avec la famille royale à Paris, et une monarchie constitutionnelle (régime politique dans lequel les pouvoirs du roi sont limités par une constitution) est officiellement proclamée le 3 septembre 1791. Il tente encore par diverses manières de récupérer son pouvoir (par exemple refus d’apposer son veto dans la guerre face à l’Autriche en 1792 dans le but de mettre en échec le régime), et finit finalement emprisonné et jugé à l’issue de la Prise des Tuileries le 10 août 1792. Le procès politique divise profondément la Convention nationale (1792-1795), assemblée nationale élue sous la République (proclamée le 21 septembre et succédant à la monarchie constitutionnelle). En effet, les groupes politiques (Montagnards, Girondins, Plaine) se déchirent sur son sort à l’image de Morisson (député modéré) estimant que le roi n’a pas à être jugé ni exécuté car au moment de ces actes, le roi étant inviolable et sacré, tandis que Saint-Just (député montagnard) est en faveur d’une condamnation et exécution du roi, celui-ci étant plus qu’un « citoyen lambda ». Le roi finit finalement guillotiné le 21 janvier 1793 place de la Révolution. Symbole d’une profonde division de la République (= forme de gouvernement où le pouvoir est non héréditaire, partagé et exercé par les représentants (généralement élus) d'une partie ou de la totalité de la population) naissante, elle apparaît aussi comme le point de départ de la Terreur, et ainsi de la radicalisation du mouvement. L’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 pose les fondements d’une nation certes stabilisée, mais pétrie de paradoxes. Ainsi, par le transfert de la souveraineté nationale du roi à l’ensemble des citoyens, ainsi que la fin des privilèges, la nation française est redéfinie. De nouvelles dynamiques politiques émergent, engendrant des mutations mais aussi des divisions
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