Les mémoires de la seconde guerre mondiale en France
Cours : Les mémoires de la seconde guerre mondiale en France. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar totoo43 • 22 Avril 2018 • Cours • 2 691 Mots (11 Pages) • 842 Vues
Thème 1 : Le rapport des sociétés à leur passé
Chapitre 1 : L’historien et les mémoires de la 2nde GM en France
La mémoire désigne, au départ, la faculté pour un individu de conserver et de se remémorer des connaissances. Plus largement, elle correspond aussi à la relation affective avec des événements passés d’un groupe ou d’une société et dont elle assure la cohésion. L'histoire est une science humaine et sociale qui repose sur l’étude critique de sources diverses pour reconstruire des faits passés, le plus objectivement possible. Elle repose donc sur une révision régulière des connaissances en fonction des progrès dans la science historique, de l’accès à de nouvelles sources et des centres d'intérêt des historiens. L’historien s’appuie, certes, sur les mémoires par des témoignages, oraux et écrits, mais les confronte à d’autres sources. Aussi, les travaux historiques ne coïncident pas totalement avec la mémoire des événements qui est subjective alors que l’histoire se veut la plus objective possible. Parfois, l’historien mène une histoire des mémoires pour étudier l’évolution des représentations d’un groupe sur son passé. En 1945, la France est un pays traumatisé et en ruine. Les autorités, issues de la Résistance, souhaitent refermer au plus vite « la parenthèse vichyste » : la France est à reconstruire. Toutefois, avec le temps, le souvenir des « années noires » de la Seconde Guerre mondiale refait surface, suscitant polémiques et conflits de mémoire. Par-delà la force des témoignages et des enjeux mémoriels, il appartient aux historiens de donner à la société les résultats de leurs recherches. Comment se sont constituées les mémoires de la 2nde Guerre mondiale ?
I – En quoi les mémoires de la France en guerre témoignent-elles du traumatisme causé par la période des « années noires » ?
A – Comment s’élabore l’héroïque mémoire résistancialiste ? (1945-1947)
Dès 1945, le PCF se forge l’image du parti martyr des « 75000 fusillés » (alors que 31000 résistants toutes tendances confondues ont été fusillés et 25000 sont morts au combat), mais en mettant en avant le rôle du peuple, le PCF dénonce les élites qui ont trahi et collaboré. A la libération, le gouvernement fait de la période de Vichy une parenthèse afin de restaurer l’unité nationale indispensable à la reconstruction du pays : la Nation s’identifie à la Résistance (c’est le mythe résistancialiste) alors que seulement 202 854 Français ont reçu une carte de résistant en 1945 et que 55 000 Français se sont engagés dans les forces de vichystes ou allemandes. Dans son discours du 25 août 1944, de Gaulle affirme le rôle central du peuple Français dans la libération de Paris, mais c’est une lecture héroïque et patriotique de l’histoire : la participation à la résistance n’est le fait que de 3 % de la population et certains ont été vichysto-résistants. Le but est d’occulter une partie de l’histoire (la responsabilité des autorités Françaises, en particulier des préfets et de la police, dans la politique d’extermination…) et de minimiser le rôle joué par les Alliés dans la libération de la France. L’échec du film Les portes de la nuit témoigne de ce souci d'oublier les divisions. A l’inverse, les films montrant l’héroïsme de la résistance (La bataille du rail) et les victimes des Allemands (Jeux interdits) sont des succès. Pourtant, dès 1944, commence l’épuration, d’abord sauvage ou extrajudiciaire (10000 personnes exécutées, 20000 femmes tondues pour collaboration horizontale), puis le GPRF met en place une épuration judiciaire (125000 personnes poursuivies, 90000 condamnées (dégradation nationale, prison, travaux forcés), 7000 condamnations à mort mais 767 réalisées).
B – Pourquoi assiste-t-on à un éclatement des mémoires ? (1947-1969)
Au début de la guerre froide, le PCF est accusé des excès de l’épuration. L’union politique se brise avec le départ de De Gaulle. A la mort de Pétain (1951), la mémoire pétainiste se réveille : il aurait joué un double jeu en servant de bouclier face aux exigences nazies, De Gaulle jouant le rôle du glaive. Des lois d’amnistie sont votées en 1946, 1947, 1951 et 1953. Cela crée la polémique, qui rebondit en 1953 lors du procès des 21 responsables du massacre d’Oradour-sur-Glane (dont 14 malgré-nous condamnés, les 12 enrôlés de force sont rapidement amnistiés). Le Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale né en décembre 1951 de la fusion de la Commission d'histoire de l'Occupation et de la libération de la France (créée en 1944) et du Comité d'histoire de la guerre (créé en 1945) afin de susciter des témoignages sur divers aspects de la Résistance et de l'Occupation, de recueillir les archives personnelles des acteurs de la période et de faire des publications (dissous en 1978 et remplacé par l'Institut d'Histoire du Temps Présent). En1956, Claude Autan-Lara peut évoquer le marché noir dans la Traversée de Paris grâce à la comédie. En 1958, De Gaulle revient au pouvoir et impose la mémoire résistancialiste officielle (la Résistance c’est DG, DG c’est la France donc la Résistance c’est la France) que l’on retrouve jusque dans la BD (Astérix le gaulois en 1959). Le Mont Valérien (à l’ouest de Paris) où 1007 résistants ont été fusillés, devient le lieu de mémoire de la France combattante en 1960 (de nombreux mémoriaux sont construits en Province (Mont-Mouchet…) et de nombreuses rues sont renommées en l’honneur des résistants). Le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964 marque l’apogée de la glorification de la Résistance à laquelle concourt le cinéma (L’armée des ombres, Paris brûle-t-il ?...). Le souvenir commence néanmoins à se banaliser comme le montre en 1966 La Grande Vadrouille (ce film permet de « réconcilier » les Français avec la 2nde GM)... Si la mémoire des travailleurs du STO et des soldats (malgré 210000 morts) n’est pas mise en avant (en dehors de ceux engagés dans les FFL : Un taxi pour Tobrouk) car peu héroïque, quelques films s’intéressent à la mémoire des évadés (La vache et le prisonnier, La cuisine au beurre). Pour les soldats morts, on se contente d’ajouter des plaques sur les monuments aux morts de la 1e GM !
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