Inglorious basterds / Quentin Tarantino

Louis Serrano T2

02/02/2022

Inglourious Basterds - Quentin Tarantino

À première vue, Inglourious Basterds (2009), pourrait susciter un sentiment d'amusement par la presence du comique, qui est atypique pour les films de guerre conçus pour révéler les atrocités de la guerre. Compte tenu du style artistique particulier de son réalisateur, Quentin Tarantino, l'intention du film n'était pas d'imiter la réalité. D’autant plus que l'intrigue est une fiction, suivant une histoire alternative de la Seconde Guerre mondiale. Inglourious Basterds est plutôt une critique satirique du cinéma de guerre et de sa glorification persistante de l'époque de la Seconde Guerre mondiale, véhiculée par le penchant de Tarantino pour la violence à l'écran, les références à la pop culture. La représentation de la masculinité dans Inglourious Basterds à travers le héros de l'ère du western spaghetti ou western italien, agit comme un moyen de réflexion pour la critique de l'ennemi nazi et de la violence de notre propre constitution. Tarantino remet directement en question la glorification de l'héroïsme et de la supériorité culturelle ancrée dans la mémoire collective américaine de la Seconde Guerre mondiale en reproduisant la susceptibilité du spectateur aux effets du fascisme et de la propagande dans le film.

Le film se déroule dans la France occupée par les Allemands, à la suite de deux complots indépendants mais interconnectés visant à tuer Hitler. Une propriétaire de cinéma juive française, Shoshanna Dreyfus, est témoin du meurtre de sa famille par le colonel SS Hans Landa et échappe de peu à la mort. Des années plus tard, lorsque le héros de guerre allemand Fredrick Zoller organise la première d'un film de propagande nazi dans son cinéma, elle complote pour assassiner tous les dirigeants nazis présents en mettant le feu à la salle. Pendant ce temps, les soldats de la guérilla judéo-américaine dirigés par le lieutenant Aldo Raine (joué par Brad Pitt), connus sous le nom de « Basterds », planifient également une attaque contre la première du film de propagande. L'histoire suit la préparation des deux groupes pour les attaques et la suspicion inquisitrice du colonel Landa jusqu'à la soirée de la première. Tarantino a déjà parlé de son amour pour le réalisateur Sergio Leone et pour le genre du western spaghetti, il n'est donc pas surprenant qu'il en ait intégré des éléments dans Inglourious Basterds. De l'inclusion subtile du logo Universal Picture des années 1960 à la violence excessive et à la stylisation du western, ce genre typiquement américain est fortement implanté dans le film. L'iconographie du western tend à évoquer l'image héroïque de l'Amérique dans le cow-boy robuste, qui incarne la masculinité et le nationalisme américains de la même manière que le soldat. Les Basterds incarnent beaucoup des mêmes qualités que les héros de la frontière. Dans de nombreux westerns, le héros fait partie d'un groupe d'hommes travaillant ensemble vers un objectif commun et agissant comme un microcosme de la société américaine. C'est ce que reflètent les Basterds, une unité paramilitaire de soldats juifs américains dirigée par un beauf à moitié amérindien et à forte tendance sudiste, originaire des montagnes du Tennessee. Les Basterds sont caractérisés par le même archétype traditionnel que les guerriers des westerns spaghettis. Ces héros machiavéliques sont des forces violentes qui ne possèdent aucun scrupule et sont prêts à faire le mal pour faire le bien. L'indifférence des Basterd à l'égard de la souffrance et leur mépris des règles établies de la guerre sont évidents dans le discours d'Aldo aux soldats, où il déclare que les Allemands « trouveront la preuve de notre cruauté, dans les corps éventrés, démembrés et défigurés de leurs frères que nous laissons derrière nous. Et les Allemands seront écoeurés par nous ... Et les Allemands nous craindront. » Le héros occidental tue pour une cause politique et par vengeance, et ses actions sont justifiées comme un moyen d'atteindre une fin. Pour les Basterd, leur motivation est à la fois politique, pour sauver l'Europe du Parti national-socialiste, et vengeresse, car ils sont déterminés à exalter sur les nazis les mêmes « meurtres, tortures, intimidations et terreurs » que les nazis ont infligés aux Européens. Ce n'est donc pas une coïncidence si les guerriers juifs américains du film sont désignés comme les « anges juifs vengeurs », réclamant une rétribution pour les actions du régime hitlérien. En outre, les tendances violentes et impitoyables d'Aldo, sous couvert de son ascendance amérindienne, reflètent la vision occidentale des peuples indigènes comme des sauvages.

Bien que Tarantino soit reconnu pour l'esthétisation de la violence dans ses films, Inglourious Basterds est conçu pour souligner l'hypocrisie du spectateur. La fierté nationale et l'admiration pour l'armée américaine sont profondément ancrées dans l'identité et la culture collectives des États-Unis. En opposant les soldats juifs américains du mythe du guerrier occidental à l'un des plus grands méchants de l'histoire, les nazis, on leur donne une approbation presque automatique. Les Basterd s'approprient les mêmes tactiques et le même langage que les nazis et constituent un groupe composé uniquement de juifs américains, ce qui favorise la notion de pureté raciale qui imite ironiquement les fascistes qu'ils combattent. La romanisation de la violence justifie les actions des Basterds en déshumanisant le nazi, qui « n'a pas d'humanité. C'est pourquoi tous les fils de pute que nous trouvons portant un uniforme nazi vont mourir », comme Hitler a déshumanisé les Juifs. Là où Inglourious Basterds s'écarte de la violence cinématographique dépeinte dans les films occidentaux, c'est que le héros utilise généralement la violence de manière raisonnée et élégante, alors que le méchant est brutal et cruel. La méthodologie des Basterds est loin d'être raisonnée ou élégante, puisqu'ils sont chargés de collecter 100 scalps de nazis et de les porter attachés à leur ceinture, ou encore le personnage de « l’ours juif » qui tue agressivement des nazis avec une batte

...