Histoire et résistancialisme
Commentaire de texte : Histoire et résistancialisme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jacques Michel • 25 Novembre 2018 • Commentaire de texte • 982 Mots (4 Pages) • 617 Vues
DM Histoire
L’année 1945 signe la fin de la seconde guerre mondiale, précédée par la défaite militaire de la France en 1940, puis son occupation par les nazis jusqu’en 1944. Cette humiliation laissera des marques, et divisera profondément la France. C’est ainsi que les français vont construire des mémoires différentes, c’est-à-dire les souvenirs des expériences vécues, de cette période traumatisante d’une part en fonction du comportement qu’ils ont adopté face aux nazis, et d’autre part par rapport aux conditions dont ils l’ont vécue. Mais des mémoires se sont imposées au fur et à mesure au détriment d’autres, et cela n’a pas empêché les historiens de reconstruire cette période objectivement, en se basant sur ces mémoires parfois subjectives, et sur des témoignages. C’est pour cela que nous allons nous allons voir comment ce document témoigne de l’évolution de la mémoire de la Seconde Guerre Mondiale en France, de 1944 jusqu’aujourd’hui. Dans un premier temps, nous parlerons du mythe « résistancialiste » (H. Rousso), et enfin nous étudierons le retour de ces mémoires refoulées.
Ce document est article de Gérard Courtois, paru dans Le Monde en 2007, le 9 août. Il s’agit d’un document traitant sur la responsabilité de la France durant la seconde guerre mondiale, notamment à propos de Rafle du Vel’ D’hiv’, sur les déportations majeures d’un nombre incalculable de familles juives et sur le régime de Vichy. En premier lieu, on assiste à la défense de la France. En effet, de 1945 à 1970 va se créer le mythe résistancialiste, qui consiste à affirmer que toute la France a combattue unie fasse à l’opposant. D’ailleurs à cette période, la priorité n’est pas la reconstruction de l’histoire, mais la reconstruction du pays qui a subi de nombreux dégâts aussi bien matériels que moraux. Il y a eu de nombreux bombardements qui ont soufflés plusieurs villes, et d’immenses pertes humaines (environ 400 000 morts, sans compter les déportations de familles juives, les exécutions…). De ce fait, la reconstruction de l’histoire a été « mise en attente ». Ensuite, au lendemain de cette guerre, l’objectif est de mettre en avant la résistance et ses actions contre les occupants. L’Etat minimise la responsabilité de la France et de ses actes durant le régime de Vichy, on peut très clairement le voir dans le discours du Général de Gaulle : « il y a aussi la France, droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Et cette France là n’a jamais été Vichy ». Ce document nous montre donc que le Général impose sa mémoire, et impose l’hégémonie unifiante de la mémoire gaullienne d’une France entièrement résistance (mythe résistancialiste). Mais à partir de 1970, les mémoires refoulées vont refaire surface, ce qui va signer la fin du mythe résistancialiste, et le début des mémoires plurielles et nuancées.
C’est donc à partir de 1970 que les mémoires refoulées commencent petit à petit à refaire surface. La mort du Général de Gaulle va y contribuer, car ce dernier n’est plus présent pour entretenir le mythe. Mais les cinéastes et les historiens vont réellement le briser, notamment Marcel Ophuls qui produit le film « Le Chagrin et la pitié » en 1973, un film qui va choquer, en bousculant les idées reçues, et surtout en nous montrant que la France n’était pas totalement unie, que la population non pétainiste était passive, et que la résistance n’était pas majoritaire. Il y a aussi les travaux de l’historien Robert Paxton, qui publiera La France de Vichy. Son œuvre nous montrera la collaboration dont a fait preuve Pétain, (et donc le régime de Vichy) et sa complicité avec l’opposant, en particulier pour le cas des déportations de familles juives. Il soulignera que les déportations ont été effectuées à l’initiative de la France : « la folie criminelle de l’occupant a été (…) secondée par l’Etat français. Manquant à sa parole, la France livrait ses protégés à leurs bourreaux ». Grâce à ces différents travaux engagés, l’Etat français n’a d’autre choix que d’accepter sa responsabilité comme le souligne le document : « Ce jour-là, la France accomplissait l’irréparable ». Il y a donc ici une évolution des mémoires, car les mémoires refoulées prennent le dessus sur le mythe resistancialiste. La mémoire juive va alors s’affirmer, et les différents procès et condamnations vont permettre aux survivants de la Shoah de témoigner, ce qui va peu à peu laisser l’opinion publique changer. On cite par exemple « le procès Barbie » (Klaus Barbie), l’officier SS de Jean-Moulin, qui sera condamné à la prison à perpétuité pour crime contre l’humanité. Ce n’est qu’en 1995, soit 40 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, que le président Jacques Chirac reconnaitra la responsabilité de l’Etat français, dont la déportation des juifs, et s’excusera devant la France entière, parlant au nom de l’Etat : « Ce jour-là, la France accomplissait l’irréparable ».
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