Lettre de M. Delaux
Commentaire de texte : Lettre de M. Delaux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Simon LEFORT • 3 Novembre 2022 • Commentaire de texte • 833 Mots (4 Pages) • 299 Vues
Le 28 juin 1914, l’assassinat de l’héritier de l’empire austro-hongrois à Sarajevo déclenche le mécanisme des alliances présentes en Europe à cette époque. Ainsi, une guerre éclate entre la Triple Alliance, initialement composée de l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie et la Triple Entente, qui regroupe quant à elle la France, le Royaume-Unis et la Russie, rejoints plus tard par les Etats-Unis. Cette guerre, mondiale, est notamment très difficile pour les soldats envoyés au front, comme nous le montre cette lettre d’un caporal, du front des Vosges. Envoyée en janvier 1915 à un couple resté à l’arrière, celle-ci est très intéressante d’un point de vue historique et nous permet de nous interroger sur les conditions de cette guerre si particulière.
Dans un premier temps, nous étudierons l’expérience combattante des soldats, puis l’importance de la population à l’arrière pour nous pencher ensuite sur les incertitudes des soldats quant à l’issue de cette guerre.
Cette guerre est donc tout d’abord une expérience combattante bien différente de celles connues jusqu’ici par les soldats. La Première Guerre mondiale est en effet moderne, mécanisée, grâce au développement de nouvelles armes et matériels de guerre tels que l’artillerie lourde, les chars ou le développement de l’aviation. Ainsi, M. Delaux décrit « une pluie de balles et d’obus », causant « 2 morts et 20 blessés ». Ce matériel moderne est donc un premier élément qui cause de lourdes pertes et rend très difficile la vie au front. M. Delaux écrit également « Les Boches sont retranchés sous terre ». Fin 1914, les troupes françaises et allemandes, prenant conscience de la difficulté de percer le front ennemi, s’enterrent dans des tranchées pour tenir le front : débute alors la « guerre de position ». Il est important de noter que M. Delaux est un caporal, et qu’il doit, comme tous les soldats du front, survivre dans des conditions de vie véritablement éprouvantes. Il écrit « il pleut ou neige tout le temps », et « ce n’est pas trop facile pour s’en procurer » en évoquant le tabac. Les soldats, condamnés à rester dehors, dans les tranchées, vivent un enfer, soumis au vent, à la pluie, à la neige. L’hygiène est fortement détériorée : les poux et les rats sont très présents, des primes sont même accordées pour les tuer, et il manque des produits de première nécessité tels que des bougies ou de l’alcool et du tabac pour garder le moral des troupes haut.
Ainsi, cette guerre moderne, d’abord de mouvement, qui décime les troupes puis qui se transforme petit à petit en guerre de position où les attaques n’aboutissent plus à de vraies avancées de territoire, cumulée à des conditions de vie éprouvantes rendent l’expérience des soldats au front tout à fait difficile et différente des précédents à l’époque.
Ensuite, cette guerre a largement reposé sur la population à l’arrière. En effet, celle-ci est mobilisée dans de nombreux secteurs, et l’économie est orientée vers l’effort de guerre. L’Etat passe ainsi de nombreuses commandes d’armement, et les hommes étant au front, les femmes s’y investissent en nombre ; le mot « munitionnette » apparaît pour décrire une femme travaillant dans une usine d’armement. La lettre de M. Delaux est par exemple à destination de Toulouse, une ville dans laquelle s’installe des usines pour produire des avions (Groupe Latécoère). L’Etat censure la presse et le courrier, et la propagande est très importante, à la fois pour rassurer la population et pour les inciter à prêter de l’argent à l’Etat.
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