Les gueules cassées au 20e siècle
Compte rendu : Les gueules cassées au 20e siècle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Anne-Solenn Pélisset • 23 Novembre 2019 • Compte rendu • 2 325 Mots (10 Pages) • 807 Vues
LA CHAMBRE DES OFFICIERS – Marc Dugain & François Dupeyron
INTRODUCTION
La 1ère guerre mondiale :
Commence avec l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo le 28 juillet 1914 – fin le 11 novembre 1918, l’Armistice.
1 400 000 morts français
2 040 000 morts allemands
850 000 morts anglais
114 000 morts américains
1 700 000 morts russes
1 500 000 morts autrichiens hongrois.
En Europe, au lendemain de la guerre, on compte environ 7,6 millions de morts 6,5 millions d'invalides, dont près de 300 000 mutilés à 100 % : aveugles, amputés d'une ou des deux jambes, des bras, et blessés de la face et/ou du crâne.
L'emploi massif des tirs d'artillerie, des bombes, des grenades, des gaz, le phénomène des tranchées, où la tête se trouve souvent la partie du corps la plus exposée, ont multiplié le nombre des blessés de la face et la gravité des blessures, ils sont près de 15 000 soldats blessés au maxillo-facial.
Les progrès de l'asepsie (anesthésiste et désinfection) et les balbutiements de la chirurgie réparatrice permettent de maintenir en vie des blessés qui n'avaient aucune chance de survie lors des conflits du 19ème siècle.
Un roman de Marc Dugain, ensuite adapté en film par François Dupeyron raconte l’histoire de soldats qui font partie de ces Gueules Cassées et comment ils ont vécut leurs années d’internement dans l’hôpital, à essayer de retrouver un visage qu’ils pourraient montrer au grand jour.
Comment est-il possible d’appréhender la vie en tant que Gueule Cassées dans la société du début du XXe siècle ?
Nous étudierons dans un premier temps les dégradations physiques et psychologiques qu’ont eu la guerre des tranchées sur les soldats, puis dans un second temps comment ces soldats ont pu se réadapter dans la vie en société.
I. Les dégradations du corps et de l’esprit
A/ la dure découverte de son nouveau corps
→ dans la chambre des officiers
Adrien Fournier, lieutenant-ingénieur du génie, est blessé pendant les premiers jours de la guerre en été 1914 et se retrouve à l’hôpital du Val-de-Grâce où sont soignés tous les soldats blessés du maxillo-facial. (DIAPO)
Il lui manque une partie de la mâchoire, de son nez, n’a plus de dent ni de palais, les infirmières sont obligées de le nourrir par un tuyau inséré dans son nez et qui descend dans son œsophage. (DIAPO) Il ne pourra parler qu’après multiples opérations et mois de rémission, et encore difficilement, il ne peut communiquer qu’en écrivant sur une petite ardoise avec une craie.
Ils vivent dans une pièce sans miroir, où la seule manière de se voir est à travers le regard des autres. Une des infirmières dira d’ailleurs à Adrien qui réclame un miroir que s’il était si affreux à voir elle ne pourrait pas le regarder et qu’il ne devrait s’arrêter qu’à son seul aspect visuel.
Il subira au total 16 opérations qui lui remettront une mâchoire, un nez et un palais grâce d’abord à une greffe de cartilage issue d’un bébé puis de palais faits de caoutchouc, qu’il peut enlever quand il veut.
Il y restera 4 ans et 8 mois ans dans son aile de l’hôpital du Val-de-Grâce, dans la Chambre des officiers.
Au fil du récit, Adrien fait la connaissance de plusieurs « Gueules cassées », dont Weil et Penanster, ainsi qu'une autre femme qui était dans une chambre à part , et qui « réapprend à vivre » avec eux. Au bout de quelques années, il retrouve l'amour de sa vie, Clémence qui émet des réticences à sortir avec lui. Toutefois elle lui apprendra quelques années plus tard que s’il était revenu la voir elle aurait pu envisager une relation avec lui.
→ la chirurgie esthétique du début du XXe siècle
On assiste à cette époque à une progression du dispositif sanitaire ce qui permet de faire évacuer les blessés beaucoup plus rapidement. Le Service de Santé des armées va alors se développer pour acquérir de meilleures conditions sanitaires ainsi que des nouvelles techniques chirurgicales. C’est également une progression de la chirurgie esthétique car le chirurgien est forcé d’être assisté d’un anesthésiste pour opérer.
Beaucoup de chirurgiens se lancent dans la chirurgie maxillo-faciale afin de redonner un beau visage aux gueules cassés. Mais les mutilés ont tendance à refuser la chirurgie en raison de résultat de loin non satisfaisants et de pratiques utilisées très douloureuses à cause du manque d’expérience. Toutefois de nombreux mutilées de la guerre se lancent dans la chirurgie réparatrice car leurs visages « repoussants » leur faisait perdre leur travail et provoquait des sensations de dégoût par les autres personnes. Parmi ces chirurgiens, on peut retrouver Dufourmentel qui a réussi à combler les trous du visage d’un soldat en prélevant des lambeaux du cuir chevelu.
Le personnage de Weil dans le roman est un grand brûlé, pilote d’avion celui-ci s’est écrasé et il a eu toute la figure brûlée. Le chirurgien essaie de lui faire une greffe de peau en utilisant un muscle de son biceps, il doit alors porter son bras soulevé de sorte que son biceps est collé à son nez le temps que la greffe prenne, ce qui peut prendre des mois. Cela représente une avancée particulière pour la médecine de l’époque mais un immense douleur pour les soldatsxx. (DIAPO)
On parle alors du « droit à avoir une apparence humaine ».
B/ Le rapport de l’esprit du soldat avec son corps
Dans le livre et le film, la douleur psychologique est très bien décrite et montrée par le romancier et les acteurs. Ce sont des hommes qui on été mutilés de la partie la plus importante de leur personne, le visage, par lequel ils se regardent, s’écoutent, communiquent, se comprennent. Tous les miroirs de la chambre ont été retirés par ordre du médecin pour que les blessés, en voyant leurs visages mutilés, n’aient pas envie de se suicider. Car un homme qui n’a plus de visage et qui sait qu’il va souffrir pendant des mois et rester toute sa vie comme cela et que sa relation avec les autres ne sera plus jamais la même a-t-il encore envie de vivre ?
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