En quoi la 1ère guerre mondiale a-t-elle transformé l’expérience combattante et les sociétés ? Comment les populations ont-elles vécu la guerre ? Comment les soldats ont-ils tenu ?

Chapitre I – La première guerre mondiale (1914-1918)

En quoi la 1ère guerre mondiale a-t-elle transformé l’expérience combattante et les sociétés ? Comment les populations ont-elles vécu la guerre ? Comment les soldats ont-ils tenu ?

Introduction : 

« Tous les maux que la guerre prétend guérir sont moins épouvantables que la guerre elle-même. »- Victor Marguerite, romancier et auteur dramatique français

« Les vrais vaincus de la guerre, ce sont les morts » - Ernest Renan, philosophe français.

Cette guerre est synonyme d’une expérience combattante naissante dans une guerre totale puisque mondialisée.

Guerre très importante car matrice des totalitarismes et des génocides.

I – Une guerre inédite

A. Une guerre mondiale

Assassinat de l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie, François Ferdinand à Sarajevo le 28 juin 1914 n’est en réalité qu’un prétexte au déclenchement d’une guerre planifiée. Depuis la fin du xixe siècle, dans l'attente d'une guerre, toutes les grandes puissances européennes ont embrigadé leurs populations, en faisant appel à la propagande et au patriotisme, et se sont lourdement armées.

Poudrière balkanisme avec rivalité des Etats-nations

→ Problème des nationalités (minorités nationales qui veulent leur indépendance, comme la Serbie dans l’empire Austro-hongrois)

Engrenage des alliances : L’Autriche-Hongrie lance un ultimatum à la Serbie : 1 mois pour devenir un Etat vassal. Serbie refuse et fait appel à son allié, la Russie. Or, France et UK liés à la Russie ( Triple Entente ) et Empire Austro-hongrois lié à l’Allemagne, empire Ottoman et Italie ( Triple Alliance ) sauf que les Italiens changent de camp en 1915

Guerre européenne qui verra entrer en guerre les colonies respectives des pays en guerre → passage d’une guerre européenne à une guerre mondiale

B. Une guerre brutale

Guerre de mouvement dite offensive (Aout 1914 – Fin 1914 et Fin 1917 avec l’entrée des US  - Fin 1918)

Guerre de position, d’usure, des tranchées (Début 1915 – Fin 1917).

Enfer des tranchées : véritable boucherie humaine. Le front est bloqué : il se stabilise. « Démodernisation » (1915-1916-1917)

Front : zone de combat où s’opposent les armées ennemies.

Tranchées : Système de galeries creusées dans la terre avec une hauteur max de 2m d’où les soldats peuvent tirer à couvert.

Expérience combattante : banalisation de la violence subie. Les hommes véritable chaire à canon. Degré de brutalisation jamais atteint. Une guerre industrielle puisque armes à destruction massive : chars, obus, gaz moutardes (gaz qui dès l’inhalation cause des brulures dans les voies respiratoires peuvent entrainer la mort). Zone des combats : viols et exécutions d’otages

Conditions de vie très dures, voire inhumaines : ennui, humidité, froid, faim, boue, rats, cadavres, poux, promiscuité

Bataille de Verdun (Février - Décembre 1916) : + de 300000 morts / 400000 – 500000 blessés / 100000 obus par jour / Pétain crée la voie royale pour les ravitaillements

Bataille de la Somme (Juillet – Novembre 1916) : + de 400000 morts / 500000 blessés / lourd tribut versé par les britanniques

Les poilus tiennent pour plusieurs raisons :

- par nationalisme : haine du Boche, culture de guerre,  sens du sacrifice

- par solidarité : frères de tranchées

- grâce aux colis et à la correspondance avec leur famille ou marraine de guerre (femmes qui écrivent au front)

- à cause de la propagande et de la censure orchestrées par le régime : bourrage de crâne → désinformation

- par conviction de la victoire même si cette guerre est jugée absurde

- « faisceau de facteurs » : patriotisme, religion, discipline

Un lourd bilan humain :

- 70M d’hommes mobilisés

- 9-10M de morts soit 13-15% de pertes (Allemagne : 2M / Russie : 1.7M / France : 1.4M)

→ + De femmes que d’hommes : déséquilibre des sexes

→ Classes creuses ce qui explique que dans les années 30, les enfants nés pendant la guerre auront l’âge d’en avoir mais ils seront peu : déficit des naissances.

→ Grippe espagnole chez les femmes

6.7M d’invalides et de « gueules cassées »

4M de veuves et 8M d’orphelins

C. Une guerre totale

Def : Guerre qui mobilise toutes les populations qu’elles soient au front ou à l’arrière dans les domaines économiques, financiers, physiques et psychologiques.

→ Mobilisation psychologique.

Elle va user de la censure et de la propagande (presse ne doit pas donner des infos stratégiques ou des mauvaises nouvelles du front qui baisseraient les motivations). Dans cette propagande, on va déshumaniser l’ennemi (allemand) pour en faire un monstre.

→ Mobilisation économique

Passe par la mise en place d’une économie de guerre sous forme d’économie dirigée. L’économie libérale et capitaliste d’avant guerre est suspendue. L’Etat devient l’acteur principal de l’économie par son interventionnisme en passant des commandes d’armement et en gérant la pénurie. L’Etat commande au complexe industrialo-militaire (entreprises civiles reconverties dans la production militaire ; ex : Renault avec les chars). Les femmes occupant une grande place remplacent les hommes au travail dans la production d’armes (munitionettes)

→ Mobilisation financière

Mise en contribution de l’arrière par ses emprunts. Obj : lever des fonds pour pouvoir continuer à produire des armes.

→ Mobilisation physique

Le front est mobilisé ainsi que l’arrière avec le rationnement ( population épuisée + grippe espagnole en 1919 qui tue 1M de personnes)

«  Si les femmes qui travaillaient dans les usines s’arrêtaient vingt minutes, les Alliés perdraient la guerre » -Joffre

→ Mobilisation politique

Passe par le consensus patriotique où les chefs d’Etats font taire leurs contentieux politiques pendant cette parenthèse : Union sacrée. Apparition d’une culture de guerre. L’école de la IIIe République va participer à cette mobilisation politique (on héroïse les poilus)

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