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La migration constitue-t-elle une menace ou un enrichissement pour l'Europe ?

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Par   •  15 Avril 2018  •  Dissertation  •  2 035 Mots (9 Pages)  •  744 Vues

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La migration constitue-t-elle une menace ou un enrichissement pour l'Europe ?

        Crise des réfugiés et afflux des migrants économique articulent le sujet politique majeur de notre époque. Le sort de ces deux groupes aux portes de notre continent alimente de nombreuses controverses. Certains pays européens en accueillent là où d'autres ferment totalement leurs frontières. Et l'externalisation par l'Union européenne de ses frontières avec la Turquie génère une salve de critiques de la part des associations d'aide aux réfugiés. Mais les migrants représentent-ils une menace à nos valeurs ou une chance pour l'Europe ? Nous voulons donner à voir la complexité et l'importance du phénomène migratoire dans la naissance du monde à venir.

        Replaçons d'abord dans son contexte l'affaire de la Turquie. Le 18 mars 2016, Bruxelles et Ankara convenaient en effet d'un plan global visant à réadmettre en Turquie à partir de cette date les migrants qui ont traversé le pays et qui, en Grèce, ne demandent pas l'asile ou dont la requête est déclarée irrecevable. En échange, l'Union européenne accepte de réinstaller sur son sol des réfugiés syriens. Pour Pierre Vimont, Senior Fellow de Carnegie Europe, ces dispositions n'altèrent en rien la situation initiale des immigrants envoyés en Turquie qui allaient, quoi qu'il arrive, se retrouver piégés en Grèce ou trouver porte close dans les autres pays. Nombreux sont en effet les États membres emboîtant le pas à la Hongrie et la Pologne dans la fermeture de leurs frontières et à qui l'Europe ne peut imposer la solidarité. Et Pierre Vimont de rajouter que l'Europe ne devrait pas batailler seule dans ces négotiations : il existe un réel problème de communication entre les chefs d’État africains et les dirigeants enclins à refuser les migrants. C'est d'abord entre eux que devraient se tenir les pourparlers. Dès lors reste-t-il la Turquie où l'on promet, grâce aux ressources fournies par la Commission européenne, des conditions de vie différentes de celles des camps de réfugiés en Grèce. En effet, s'il fut naïvement dit que les trois milliards d'euros, versés à la Turquie dans le cadre du pacte migratoire, servaient de pots-de-vin pour qu'elle débarrasse le continent européen de ses « poubelles », il n'en est rien. La somme a toujours été destinée à l'insertion des migrants dans le monde du travail et à l'intégration de leurs enfants dans la société. Ces mesures ont rétabli la cohérence dans une situation incontrôlable ; le calme est d'ailleurs revenu sur la route de la Méditerranée Orientale.

        Ce n'est pas la peur du demandeur d'asile syrien qui anime les populations occidentales, mais bien celle de l'étranger qui pourrait heurter leur identité. Ce sentiment d'anxiété est justifiable. Ces demandeurs d'asile d'origine irakienne, somalienne, afghane et syrienne achèvent leur longue itinérance avec pour seul bagage leur culture et leurs convictions religieuses qui diffèrent de la pensée occidentale chrétienne. Cet écart peut effrayer, dans ce sens que même s'ils les fuient, ces réfugiés ont baigné dans les régimes anti-démocratiques de leur pays et adopté une vision des droits de la femme qui n'est pas celle des Européens. Dès lors peut-on s'interroger sur leur inclination à respecter les fondements et valeurs des sociétés qui les accueillent. Intégrer une nouvelle société signifie accepter ses règles et sa culture. Or, nombreux imaginent que les migrants voudront plutôt façonner une Europe islamique à leur image. Qu'adviendra-t-il de notre identité ? Là n'est pas la seule crainte des populations locales qui s'inquiètent également de la hausse de criminalité que pourrait engendrer l'afflux de réfugiés. En effet, la précarité de ceux qui n'auraient pas trouvé de logement ou de travail pourrait les conduire, par frustration ou nécessité, à commettre des actes illégaux dont les habitants du pays eux-mêmes seraient les premières victimes. L'exemple de la hausse de la criminalité en Allemagne dont les migrants sont en partie responsables l'illustre. On y constate qu'1 % des migrants s'est rendu coupable de 40 % des faits délictueux enregistrés en 2015, soit 208 000 faits au total.

        

Il est nécessaire de faire la différence entre migrants de transit et migrants qui ne sollicitent pas d'aller-retour ; ceux-là constituent un tout autre problème. L'inclusion de plusieurs milliers de réfugiés dans une société organisée ne se fait pas en quelques semaines. L’État doit leur trouver des logements, et leur procurer vêtements, nourriture, aide financière lui demande des ressources économiques importantes. Concomitamment, le marché du travail pourrait se trouver perturbé par l'irruption massive de travailleurs dans un tel besoin financier qu'ils sont candidats à tout emploi qu'ils rencontrent. Leur présence en surnombre au sein du marché de l'emploi risquerait de limiter les possibilités des chômeurs locaux. Ainsi s'explique la méfiance de certains pays dont la situation économique périlleuse et le taux de chômage croissant empêchent de prendre un tel risque. Comment faire entrer l'instabilité dans un pays qui peine déjà à avancer économiquement ?

        Objectivons le phénomène de la migration par quelques chiffres.

Seule une minime partie des réfugiés, 6 à 8 %, cherche à intégrer l'UE28. En Belgique, cela représente 2,5 demandeurs d'asile pour 1000 habitants en 2015. On dénombre 38 990 demandeurs d'asile en 2015 ; seulement 14 670 en 2016. Ce pourcentage infime de migrants ne parviendra jamais à faire prévaloir sa culture parmi les 11,35 millions de Belges. Ainsi l'atteinte à l'identité n'est plus un argument.

Au sujet de l'influence des réfugiés sur l'économie d'un pays et sur son marché du travail, les économistes ont un avis bien tranché. L'immigration actuelle ne constitue en rien un danger pour l'économie européenne, même en cette période de faible croissance et de chômage élevé, mais bien une chance. Aucun économiste n’a jamais réussi à démontrer un lien évident entre immigration et chômage et quand il y a un lien, il est positif pour le marché de l’emploi. Sur une longue période, l’immigration est considérée comme un facteur positif pour la croissance économique et les finances publiques. La contribution des immigrés à l’économie est supérieure à ce qu’ils reçoivent en termes de prestations sociales ou de dépenses publiques. C'est d'ailleurs probablement le calcul qu'a fait la chancelière allemande.

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