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Économie Ivoirienne

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Par   •  22 Février 2018  •  Cours  •  5 941 Mots (24 Pages)  •  729 Vues

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CHAPITRE INTRODUCTIF

Introduction

La sévère crise de l’économie ivoirienne a en fait débuté au début des années 80. Le premier symptôme de cette crise fut la dégradation de la balance des paiements après 1978, ce qui est d’ailleurs la conséquence directe de la détérioration de l’environnement international, à savoir la seconde crise pétrolière et la chute des produits agricoles et matières premières. Cette chute vertigineuse des prix des matières premières (café, cacao) après les hausses de 1976 et 1978 sera pour  les pays producteurs de ces denrées, l’élément catalyseur de la crise. Cet élément catalyseur s’ajoute à une politique de mauvaise répartition des revenus sur le territoire ivoirien. Ce phénomène, quoique grave, restera à l’état latent à cause du taux de croissance élevé. Ces différents phénomènes vont s’observer depuis les indépendances jusqu’à nos jours et ce, à tous les niveaux de la structure économique.

  1. DE L’ECONOMIE PRECOLONIALE A L’ERE COLONIALE

  1. Rappels historiques

Dans différentes parties du pays, il existait des royaumes qui, tour à tour ou simultanément assuraient la fonction traditionnelle d’un Etat (Kong, Bouna, Agnibilékrou, etc.).

Il existait dans le nord et dans le centre (région des savanes), des pistes que les commerçants utilisaient pour l’écoulement de leurs produits. Mais ces commerçants profitaient pour islamiser les régions forestières. Les régions du sud, productrices de banane plantain, manioc, huile de palme… vont échanger petit à petit leurs productions avec les commerçants du nord (Dioula). Ainsi, des cultures non adaptées dans le centre et dans le nord à cause d’une mauvaise pluviométrie vont s’y retrouver. Le commerce de l’or du sud-est de la Côte-d’Ivoire (Aboisso, Bonoua…) se faisait en partie avec la Gold Coast (Ghana actuel). Le producteur d’or conservait les deux tiers des pépites d’or sur lui et devait remettre le tiers au roi, en guise de paiement d’impôt. Cet impôt servait à entretenir la cour royale ainsi qu’à lever les armées.

La production agricole servait à nourrir le foyer au sens large. La transmission des biens était basée sur le système matrilinéaire, qui privilégiait les enfants de la sœur au détriment de ses propres enfants. Cet état des choses décourageait les enfants à travailler pour leurs propres parents.

Dans le nord du pays (pays Malinké, Sénoufo), les foyers reposaient sur un chef principal autour duquel gravitaient de petits foyers, qui correspondaient au ménage occidental. Les récoltes étaient mises en commun dans des greniers. Le patrimoine de la famille était géré par le chef de famille (le patriarche). Il avait autorité sur les chefs de ménages. Le chef de terres gérait le patrimoine foncier et procédait à la distribution des terres. Les limites de la propriété étaient certes floues mais connues.

En définitive, dans tout le pays, il existait un système traditionnel organisé. Ce système traditionnel montrait l’existence d’une économie de troc ; le système de production des cultures et des instruments de travail, quoiqu’archaïque, permettait à la population de produire, d’échanger et de se nourrir. La terre, propriété commune, était exclue des échanges. Ainsi, les paysans permettaient aux artisans de se nourrir. Ceux-ci produisaient les outils de production. Les nobles (féticheurs, royauté et  notables) étaient nourris par les paysans et les esclaves. Ce système était semblable au premier circuit économique décrit par le physiocrate François Quesnay.

  1. L’économie de traite

Le système d’économie de traite se développe par l’introduction progressive de cultures de rente puis par le développement d’une chaine de négociants et par les comptoirs d’achat de produits agricoles.

2.1 Introduction des cultures de rente

Contrairement aux idées préconçues, la culture du cacao n’est pas entrée en Côte-d’Ivoire par la région d’Aboisso mais plutôt par l’ouest de la Côte-d’Ivoire et pratiquement dans le même temps dans la région de l’Assikasso (Agnibilékrou). En effet, à l’instar des populations du Ghana et des Yoruba du Nigéria, ces producteurs et traitants d’huile de palme et de caoutchouc se sont tournés vers la cacao-culture vers les années 1890 afin d’accroître leurs revenus.

Cependant, l’établissement de la nouvelle administration coloniale française va entraîner des réticences dans le processus de développement de cette culture car les colons voulaient et ont récupéré cette culture à leur compte. Le déclin de cette culture se verra prononcé lorsque les colons en quête de seconds navigateurs commencèrent à recruter dans les populations de l’ouest. Il s’en suivra alors une migration vers les villes côtières. Dans le pays de l’Assikasso, le même phénomène s’observe.

Les européens, après la baisse des coûts du caoutchouc naturel et après avoir épuisé l’or de la Gold Coast commencent à s’intéresser au cacao, que déjà les chefs et notables avaient conseillé à leurs sujets.

L’installation de l’administration coloniale française et la prise en main de la commercialisation des produits de rente pousse les noirs à l’abandon progressif de cette culture. C’est ce qui se traduira pour le colon comme un manque d’aptitudes au travail chez certains peuples d’Afrique, alors qu’il s’agit de leurs actions de contrainte à vouloir mettre le noir au travail et pour leur propre compte (cf. Jean-Pierre Chauveau)

Le noir ivoirien était écarté au profit des intermédiaires sénégalais et de quelques libano-syriens déjà présents. D’autres cultures comme le coton vont s’étendre dans le centre et dans le nord. L’expansion des cultures se fera de façon progressive et sera accompagnée du développement des marchés.

                2.2 Développement du système des négociants et des comptoirs d’achat

Un véritable marché spontané va s’installer dans les régions du sud. D’importants capitaux amenés par les Européens serviront à financer les négociants locaux. Les agriculteurs émigrés commençaient à créer des plantations ; exemple des plantations d’Elima vers Aboisso et Assinie.

Un Lord anglais dira même que l’Afrique occidentale était devenue « la frontière des négociants » - in Mirage égalitaire et tiers monde – Peter T. Bauer.

Les plantations appartenaient tant aux blancs qu’aux noirs ; les méthodes de transport étaient archaïques, peu à peu les voies fluviales ont été utilisées et organisées. La création de comptoirs et plus tard de marketing-boards encourageront encore plus ce développement.

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