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Medias Et Opinion

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Par   •  4 Janvier 2015  •  5 026 Mots (21 Pages)  •  759 Vues

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– Médias et opinion publique dans les grandes crises politiques en France depuis l’Affaire Dreyfus.

L’émergence de l’opinion publique est indissociable de l’avènement la démocratie. C’est avec les Lumières qu’apparait le modèle de l’opinion publique ancrée dans un espace public démocratique. Au cours des XIXe et XXe siècles, le triomphe de l’opinion publique s’appuie sur la reconnaissance des libertés individuelles et collectives.

D’emblée, l’opinion publique est liée au développement des médias : elle s’affirme au XIXe siècle avec le développement de la presse. La diversification des médias au XXe siècle renforce l’importance de l’opinion publique et la confronte à de nouvelles problématiques.

Au cours du XIXe siècle, citoyens et gouvernants investissent le nouvel espace d’expression publique des journaux. Il devient primordial pour le pouvoir de connaître l’état de l’opinion. Dans les années 30, la mise au point de la technique des sondages permet de bénéficier de moyens d’appréciation de plus en plus précis. Après la Seconde Guerre mondiale, le sondage devient un véritable discours sur le monde politique et finit par apparaître comme la mesure de l’opinion publique. A la fin du XXe siècle, la démultiplication de la parole des citoyens via Internet remet en cause le concept même d’opinion publique au sens d’expression collective, dans la mesure où l’espace public y devient le lieu de l’expression de chacun.

Les crises politiques sont un observatoire privilégié pour mettre en évidence le rôle des médias à la fois dans l’expression et dans la formation de l’opinion publique. Les débats qu’ils permettent traduisent les affrontements des forces politiques et influencent leur issue. Les pouvoirs politiques peuvent être tentés de renforcer l’usage voire le contrôle des médias.

Comment les médias participent-ils à la formation et à l’expression de l’opinion publique ?

Quel est le rôle du contexte politique dans l’évolution des relations entre l’opinion publique et les médias ?

De 1890 à 1944, l’opinion publique est surtout façonnée par la presse malgré l’émergence de nouveaux médias. Ceux-ci, la radio et la télévision, prennent le dessus sur la presse, entre 1944 et 1968, et influencent dès lors l’opinion. Après 1968, Internet fait son apparition dans le paysage médiatique français, modifiant les rapports entre les Français et les médias.

I. Les relations entre les médias et l’opinion publique, de 1890 à 1944.

En France, le contexte politique et économique de la fin du XIXe siècle favorise le développement de la presse, qui devient alors un acteur clé de la vie politique française. Cette situation est modifiée après la Première Guerre mondiale.

A. L’âge d’or de la presse française.

A la fin du XIXe siècle, la presse française vit un véritable âge d’or. Avant la Première Guerre mondiale environ 300 quotidiens sont publiés pour un total de 10 millions d’exemplaires. Les quotidiens les plus populaires : Le petit journal et Le petit parisien tirent ensemble à 2,5 millions d’exemplaires par jour (à titre de comparaison en 2011, Vingt minutes tiré à 870 000 exemplaires). La presse devient donc un média de masse. Cette situation s’explique, tout d’abord, par des évolutions techniques qui favorisent l’industrialisation de la production (rotative depuis 1872 et linotype depuis 1887 : tirage multiplié par 3 entre 1899 et 1914), la transmission rapide de l’information (télégraphe électrique en 1840 et téléphone en 1876), la diffusion sur tout le territoire (train) et, donc, une baisse des prix (divisé par deux entre 1871 et 1914) accentuée par l’apparition de la publicité. Ensuite, la généralisation de l’instruction, achevée par les lois Ferry de 1880-1881, élargit le lectorat potentiel. Enfin, l’enracinement de la République se traduit par un régime extrêmement libéral de la presse, symbolisé par la loi du 29 juillet 1881. Celle-ci traduit le fait que la liberté de la presse est une valeur fondamentale de la République. Pour permettre le débat démocratique, la presse doit permettre l’expression de toutes les opinions et donc être libérée du contrôle politique (suppression de l’autorisation préalable, du cautionnement et de la censure), seule la diffamation est interdite. Le citoyen devient désormais un acteur politique, par le suffrage, il doit avoir les moyens de s’informer.

La liberté de la presse permet une multiplication des types de presse. La production est dominée par les quotidiens populaires, sans réelle orientation politique, qui proposent toujours la même recette : des faits divers en une (12% des articles du Petit Parisien en 1908), de brefs éditoriaux politiques, des chroniques sportives, quelques reportages et des échos concernant la vie des célébrités. Elle met aussi les grands romans, découpés en feuilletons (Alexandre Dumas, Eugène Sue), à la portée du public populaire qui se passionne pour les aventures d’Arsène Lupin, de Sherlock Holmes ou de Fantômas. Cependant, la liberté de la presse permet surtout l’apparition d’une presse d’opinion, moins diffusée mais influente, qui traduit à la diversité des sensibilités politiques : la gauche (L'Humanité de Jean Jaurès pour les socialistes, L'Aurore de Georges Clémenceau pour les radicaux), le centre (Le journal des débats ou Le temps), la droite (Le Figaro pour le centre-droit, La Croix pour les catholiques, La libre parole d'Edouard Drumont ou L’Action française de Charles Maurras pour l’extrême-droite) disposent de leurs journaux. S’ajoute, enfin, une presse syndicale informant et mobilisant les militants.

La démocratisation permise par la mise en place de la IIIe République ainsi que les évolutions techniques ont permis une explosion de la presse en France et, en particulier, l’affirmation d’une presse politique. Les journaux de cette dernière s’affrontent régulièrement afin de mobiliser l’opinion politique à leur cause.

B. La presse au cœur des crises de la IIIe République.

La presse reflète les crises que connaît la IIIe République jusqu’à la Première Guerre mondiale. En effet, lorsque la République est encore menacée par ses opposants, la presse est utilisée pour réduire cette opposition. Après les attentats anarchistes des années 1890, des lois limitent la liberté de la presse en condamnant les sympathisants et les militants ainsi qu’en

interdisant la publicité pour les idées anarchistes.

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