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Lettre de rémission de la chancellerie de Bretagne pour Pierre Trochu 1526

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Par   •  31 Octobre 2019  •  Commentaire de texte  •  3 030 Mots (13 Pages)  •  669 Vues

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Lettre de rémission de la chancellerie de Bretagne

pour Pierre Trochu 1526

Cette idée ancrée depuis des siècles dans les esprits selon laquelle la France serait au XVIème siècle un royaume dangereux. En effet, une vision anachronique de la violence à l'époque moderne perdure. Cependant il est important de nuancer cette image de coupe-gorge.

Le document que nous allons étudier est une lettre de rémission rédigée pour Pierre Trochu. Elle est conservée dans les archives départementales de Loire atlantique.

Si l’on s’en tient à la définition du dictionnaire de l’ancien régime, dirigé par Lucien Bely, les lettres de rémission sont réalisées uniquement dans le cas d’homicide casuel ou involontaire, commis dans le cadre d’une légitime défense. Les lettres de rémission sont une source privilégiée pour étudier la violence car les homicides pouvaient concerner toute la société. En effet, ces lettres constituent des écrits des « gens ordinaires », dans lesquelles sont exposées leurs valeurs habituelles et leurs gestes quotidiens, car dans de nombreux cas, les circonstances du crime sont prises bien avant, et parfois même, la lettre expose des faits sans rapport direct avec le crime. Ainsi la lettre de rémission est un acte de la Chancellerie par lequel le roi octroie son pardon à la suite d’un crime.

D’abord relativement fréquent, le vol commence à diminuer dès les années 1520 et finit par disparaitre après 1550. Les derniers infanticides, seront pardonnés entre 1526 et 1530. À partir de 1551, l’homicide sera le seul véritable crime pardonné. Cela confirme que l’homicide est plus grave que le vol ainsi que les faux et l’infanticide. C’est à la fin du XVe siècle que la chancellerie de Bretagne s’est alignée au domaine royal. Beaucoup de lettres sont intéressantes sur les modes de vie et les pratiques culturelles de l’époque moderne.

Dans les lettres de rémission, il est important de prendre conscience des deux problèmes méthodologiques. Le premier concerne la véracité des récits, qui devient de plus en plus douteuse au cours du XVIème siècle puisque le pouvoir royal décide ne plus remettre que les homicides commis dans le cadre d'une légitime défense. Le second problème est celui de la variation du nombre des rémission dans le temps. En effet, les nombres de rémission ne peuvent pas nous permettre d'estimer la réelle criminalité.

Nous nous demanderons en quoi cette lettre de rémission du XVIe siècle est une source importante pour appréhender le phénomène de la violence en France à la Renaissance ?

Pour cela nous verrons dans un premier temps que la lettre de rémission est une source essentielle pour cerner la violence du XVIème siècle puis dans un second temps quel est le rôle de la justice.

I- La lettre de rémission, une source essentielle pour cerner la violence du XVIe siècle.

A) Le profil type de l’homme violent.

Dans notre texte, l’homme en question est Pierre Trochu. Il est « mareschal de parroesse » et est à la charge d’une femme et de plusieurs petits enfants. Il n'y a donc pas énormément d'information sur le suppliant. L'objectif premier de ce dernier, dans sa lettre de rémission, est de sauver sa vie, et les informations relatives à son identité sont sélectives. De cette manière, le suppliant met en avant les caractéristiques qui lui sont favorable en omettant celle qui pourraient le desservir. Par exemple, le fait qu'il ait une femme et des enfants à charge comme le montre cette citation de la ligne 28 « sa femme et grand nombre de petitz enfans, dont il estoit et est chargé ». Cela joue en sa faveur et le fait de se présenter devant le roi comme tel est une stratégie visant à insister sur la fragilité d'une famille, dont l'absence du père pourrait d'autant plus affaiblir.

Ensuite, déterminer l'âge des acteurs de la violence n'est pas évident. Ici, ce détail n'est pas mentionné, par conséquent, nous pouvons emmètre des hypothèses. Sous François Ier, seul 42,5% mentionnent leur âge dans les lettres de rémission. Il faut savoir que la mention de l'âge relève aussi d'un usage tactique, puisque selon Claude Gauvard, « Plus le crime est grave, plus l'évocation de l'irresponsabilité de l'âge est utile ». S’il n'a pas choisi de donner son âge c'est parce que ça ne joue pas en sa faveur.

En effet, les jeunes peuvent excuser leur acte par pure et simple « fragilité de jeunesse ». Ici, nous pouvons penser qu'il s'agit d'un homme mure, puisqu'il est marié et qu'il a des enfants. Le mariage à l'époque moderne est de plus en plus tardif.

Tous les protagonistes sont issus du même milieu social, ce sont des gens du peuple. On peut dire cela à cause de leur situation professionnelle, mais également aux surnoms qui les qualifient exemple « Belle ».

Les deux hommes sont des paysans qui se connaissent et qui travaillent surement au même endroit. Dans les lettres de rémission ce sont souvent des règlements de compte d’affaires qui se passent sur le lieu de travail.

B) Les théâtres de la violence

La violence apparaît dans des circonstances particulières. Le but de la lettre de rémission est, pour le suppliant, de transformer le geste meurtrier en un dérapage malheureux, pour rendre l'acte violent pardonnable.

Le temps et l'espace du crime peuvent paraître anodins, cependant ils constituent un élément majeur de stratégie, mais également, ces données ont une importante capitale pour les historiens, qui reconstituent les circonstances dans lesquelles naît la violence au quotidien en France au XVIème siècle.

Nous n’avons pas de date précise sur l’évènement, seulement que c’était « ung jour de dymanche de vers le soyre, ou karesme dernier », et nous n’avons pas non plus d'indications sur l'heure. Il se souvient du jour exact car c'était un jour chômé puisque c'était un dimanche. Le carême est en réalité un jeûne qui se fait avant les fêtes de Pâque, et de Noel pour les chrétiens, la fête de Pâques qui a lieu courant avril mai en générale. Le mois de mai est un mois « fort » de la violence. Les beaux jours sont synonymes de fêtes qui correspondent à une sociabilité, qui se fait de plus en plus tard le soir. Elles sont souvent régies par l’alcool, jeux, danses et dérapages. Ici la lettre est écrite le 6 janvier 1526 ce qui signifie que le drame

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