Jacques Chaban-Delmas
Commentaire de texte : Jacques Chaban-Delmas. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alvermande • 28 Mars 2016 • Commentaire de texte • 2 408 Mots (10 Pages) • 1 814 Vues
Après les événements de mai-juin 1968, la France va connaître des changements au niveau des ses plus hautes instances politiques, et notamment son gouvernement.
Le document ici-présent est une retranscription du discours de politique générale prononcé par Jacques Chaban-Delmas le 21 juin 1969. C'est avec le titre de Premier Ministre qu'il le prononça devant l'Assemblée Nationale. Jacques Delmas est né le 1er mars 1915, à Paris, au sein d'une famille de moyenne bourgeoisie. Il fut rédacteur au quotidien économique L' « Information », major de sa promotion de l'école de Saint-Cyr en août 1939 puis il intégra les services de l'Inspection des Finances en avril 1943. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, Jacques Delmas eut des relations régulières avec la Résistance. En effet, sous le pseudonyme de « Chaban », le nouvel adjoint à l'Inspection des Finances participe à la fondation du Comité de Financement Intérieur de la Résistance. Il représente aussi le chef du service des relations extérieures aux conférences qui réunissent les représentants des services responsables de l'économie en zone occupée. En mai 1944, Jacques Chaban-Delmas est nommé délégué militaire national puis général de brigade au général de Gaulle. Il participa ainsi à la Libération de Paris, mais sans combattre, et obtint le titre de « compagnon de la Libération ».
Sa carrière politique commença le 10 novembre 1946, date à laquelle il fut élu député de la Gironde à la tête d'une liste présentée par le Rassemblement des gauches républicaines et soutenue par la petite Union gaulliste, sa popularité dans ce fief électoral le conduisit à la mairie de Bordeaux en 1947. Lorsque Charles de Gaulle fonda le mouvement appelé « Rassemblement du Peuple Français », Jacques Chaban-Delmas n'hésita pas à le rallier, en restant toutefois membre du Parti radical. Sous la IV ème République, il accéda aux fonctions gouvernementales de ministre des Travaux publics de 1954 à 1955, de ministre d’État chargé des anciens combattants de 1956 à 1957, et enfin il fut ministre de la Défense nationale de 1957 à 1958. Après le retour du général de Gaulle, Jacques Chaban-Delmas participa à la fondation de l'Union pour la nouvelle République en octobre 1958. Il fut élu le 9 décembre 1958 à la Présidence de l'Assemblée Nationale et resta au « perchoir » jusqu'à sa nomination à la tête du premier gouvernement du président de la République Georges Pompidou, le 20 juin 1969.
C'est donc à la suite des élections présidentielles de 1969 que ce discours de politique générale fut prononcé, élections en conséquence de la démission de De Gaulle. Georges Pompidou, le candidat de l'Union des démocrates pour la République, gagne ces élections face à Alain Poher, soutenu par la droite non gaulliste et les centristes. Ces élections confirment le paysage politique remodelé par mai 1968, en effet, en ne totalisant qu'un peu plus de 30% des suffrages, les gauches sont marginalisées et absentes du second tour. Ces événements sont dans toutes les mémoires des Français et c'est donc dans ce climat que Jacques Chaban-Delmas, tout récemment nommé Premier Ministre, annonce les grandes lignes de son programme aux députés de l'Assemblée Nationale mais aussi et surtout aux Français.
Comme l'indique le titre de sa déclaration, Jacques Chaban-Delmas souhaite la substitution d'une « société bloquée » par la création d'une « nouvelle société », théorie qui s'inspire de travaux menés par Michel Crozier et Stanley Hoffmann. Pour cela il expose les grandes lignes de la politique qu'il va mener tel que la transparence de l'information ou la nécessité de la participation de l'opinion publique et fait un « état des lieux » de la société française.
En quoi ce discours de politique générale illustre-t-il les grandes lignes du programme de Jacques Chaban-Delmas, notamment sa volonté de substituer cette « société bloquée » par une « nouvelle société » ?
Nous allons organiser notre réponse en commençant par montrer sa volonté de modifier le système de l'information en France, notamment à travers le rôle du porte-parole et celui de l'ORTF. Ensuite, nous allons voir sur quels points s'appuient Chaban-Delmas pour mener sa politique sociale pour reconquérir une société brisée. Enfin, nous terminerons en évoquant les mesures présentes dans cette déclaration sur une politique sociale au sein-même de l'entreprise qui doit relancer l'industrie et l'économie.
Durant les événements de mai-juin 1968, le secteur de l'information fut critiqué pour sa non transparence vis à vis des Français. Nous pouvons lire de la ligne 3 à 4 : « C'est dans le domaine controversé de l'information que j'entends traduire par priorité, la volonté du Gouvernement d'atteindre un tel objectif », ici Chaban-Delmas insiste sur le fait que l'information est un pilier de sa politique, c'est pour cela qu'il entreprend des réformes dans ce secteur.
Le passage de la ligne 7 à 10 qui est : « Je fais mettre à l'étude la réforme du statut de l'ORTF et je ferai en sorte que cette réforme soit élaborée avec l'avis et le concours de tous. En attendant, je me porte personnellement garant de l'indépendance de l'ORTF. » évoque clairement une libéralisation de l'information audiovisuelle. L'ORTF qui signifie Office de radiodiffusion-télévision française, désigne l'établissement public chargé du service public de l'audiovisuel en France. Contrairement à la RTF qui était l'institution précédente, l'ORTF n'est pas placé sous l'autorité directe du Ministère de l'Information mais seulement sous sa tutelle, afin de contrôler le respect de ses obligations de service public. Jacques Chaban-Delmas parle donc ici d'une « réforme du statut de l'ORTF », réforme qui consiste à limiter la tutelle de l'Etat et à faire appel à des journalistes connus pour leur indépendance comme Pierre Desgraupes, à la direction de l'information de l'ORTF. Ce souci de démocratiser l'information provoqua des réactions sans doutes positives vis à vis de la gauche comme l'atteste la ligne 11 : « (Murmures sur les bancs de la fédération de la gauche démocrate et socialiste.) ». Démocratisation clairement évoquée dans le passage de la ligne 12 à 14 : « L'essentiel est, en définitive, qu'une solution valable soit mise en place et que des règles du jeu claires et respectées par tous garantissent définitivement le fonctionnement libre et démocratique de notre radio et de notre télévision . ». Lorsque Chaban-Delmas évoque « des règles du jeu claires et respectées », il sait très bien que pendant mai 1968, les Français ont critiqué une information filtrée ne montrant que les violences et non les revendications des manifestants. La légende de « l'écran noir » ayant marqué les Français, le nouveau Premier Ministre insiste sur une transparence de l'information.
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