Jacques Callot : Les Misères Et Malheurs De La Guerre
Compte Rendu : Jacques Callot : Les Misères Et Malheurs De La Guerre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Miss681 • 4 Avril 2013 • 4 008 Mots (17 Pages) • 3 160 Vues
La guerre et ses conséquences
Jacques Callot, Les Misères et Malheurs de la guerre, 1633
A la fin du XVIe siècle, Nancy est au cœur d'une région où les influences de la Flandre, l'Allemagne, la France et l'Italie sont importantes. Plusieurs artistes, dont une forte quantité de graveurs, viennent à Nancy : Jacques Callot, Jacques Bellange, Israël Henriet, Israël Sylvestre, Claude Lorrain...
Jacques Callot était un dessinateur et un graveur. Né à Nancy en 1592, il meurt en 1635 d'un cancer à l'estomac. Dans sa jeunesse, il séjourna plusieurs années en Italie où il apprit divers aspects essentiels de son métier, comme la perspective. Son œuvre, Les Grandes Misères de la guerre, figure parmi les plus célèbres qu'il a réalisé et est visible au musée lorrain de Nancy. Les dimensions de ses planches sont de 183 à 188mm en largeur, tandis que la hauteur pouvait aller de 80 à 83mm. Il évoque parmi elles les conséquences et la brutalité engendrée en Europe par la guerre de Trente Ans (1618-1648), en décrivant notamment la vie militaire et les scènes de pillages. Ses estampes, au nombre de dix-huit, ont été exposées en 1633. Jacques Callot est considéré comme un grand artiste lorrain du XVIIe siècle. Ses gravures, comme celles-ci, étaient essentiellement des eaux-fortes. Il s'agit en réalité d'un procédé de gravure sur une plaque métallique via un acide. « En un sens général, l’eau-forte, qui est à la fois le procédé, la gravure sur métal et l’estampe obtenue par cette gravure, s’oppose aux autres procédés de taille-douce (ou gravure en creux), exécutés aux outils (burin, pointe sèche, manière noire). »1
Nous disposons ainsi d'un document iconographique, dévoilant six des dix-huit estampes : Le pillage, dévastation d'un monastère, la pendaison, la roue, l'hôpital et la distribution des récompenses. Nous avons également un document décrivant l'intégralité des planches. Ici, l'auteur ne tente pas réellement de représenter une situation propre au conflit en Lorraine, mais plutôt l'idée d'une guerre moderne type.
Alors que le début du XVIIe siècle faisait écho d'une bonne période en Europe, la Guerre de Trente Ans va provoquer de profonds changements. Ce conflit, débuté en 1618, provient de la volonté des Habsbourg d'Espagne à accentuer leur domination, opposés au Saint-Empire germanique. Une lutte qui témoigne également de tensions religieuses, opposant les catholiques aux protestants. État-souverain depuis 1431, la Lorraine doit penser à entretenir de bonnes relations avec ses deux principaux voisins : le Saint-Empire germanique et le Royaume de France. La situation s'envenime d'ailleurs dès 1630 pour la Lorraine, terre plutôt catholique. Alors que la guerre se radicalise, la peste touche la région, causant d'ailleurs la mort du père de Callot. Celle-ci est ensuite envahie par la France de Louis XIII (25 septembre 1633), conséquences de la position hostile du duc Charles IV à son égard.
En quoi ce document iconographique nous montre les conséquences de la guerre de trente ans au niveau social, morale et démographique ?
Pour répondre à cela, nous allons commencer par étudier à travers les estampes la vie des populations, véritables victimes de cette guerre, avant de nous pencher sur la vie des soldats, confrontés eux aussi à des péripéties et des changements importants, puis nous nous intéresserons à l'aspect moral et religieux, le tout en analysant la technique employée par Callot.
I/ Vie des populations
1) Horreur de la scène et style de Callot
A la vue de ces estampes, on peut s'apercevoir de l'atrocité des conséquences de la guerre. D'une part, l'on peut voir avec la première estampe (le pillage) l'abus des soldats : « A l'intérieur d'une maison vaste et abondamment pourvue, des soldats se livrent à toute sorte d'excès. » Durant les cinq dernières années, les pillages ont été particulièrement nombreux en Europe, et d'une grande cruauté. Les soldats agissant comme bon leur semble, sans aucune once de morale envers la population. D'après la description de l'estampe numéro 8, intitulée « Vol sur les grandes routes », les voyageurs sont également victimes d'attaques des soldats. Ces derniers tuent le voyageur et lui prennent ses biens. Il s'agit ainsi d'une période sombre où l'insécurité est grande et le danger omniprésent. Callot s'est chargé de réaliser des représentations de la vie, ici, celle des soldats et des conséquences sur la population. Ce qui marque au niveau de ses estampes, c'est la présence quasi systématique d'une foule. Sur les six estampes dont nous disposons, on aperçoit sur chacune la présence d'une foule. Son style permet notamment d'entretenir la compréhension de son œuvre, définit par la précision de son trait. On remarque que ses estampes font part d'une grande limpidité, que ce soit au niveau du premier plan ou de l'arrière plan, les détails étant ainsi clairement apparents. L'auteur a recours à la perspective aérienne. Il utilise ce procédé afin de donner une impression de distance, jouant sur le maniement du trait et la variation de plans : clairs et sombre. Il faut aussi évoquer la notion de gravure, dont le succès provient également de sa capacité à combler les envies que peuvent avoir les gens sur la représentation de la vie, et souligner la force dégagée par l'image, qui a entraîné la popularisation de la gravure, au sein d'un monde qui ne disposait pas encore de photographies par exemple.
2) Volonté de piller, but en soi
Les grandes batailles de la guerre de Trente Ans ont en réalité fait peu de victimes civiles, se sont plus les pillages. Les pillages par des troupes ne sont pas des événements propres à l’époque moderne. Déjà à l’époque médiévale, la guerre se résume plus à des escarmouches succédées à des scènes de Razzia dans les territoires adverses qu’à de véritables batailles ranger. Les pillages sont encouragés par le fait qu’on se retrouve à cette époque dans un véritable entrepreneuriat de guerre qui donne l’idée que la guerre se nourrit de la guerre. Ainsi la guerre est vue comme une entreprise et doit permettre d’enrichir les entrepreneurs par le pillage. On évite les batailles ranger très incertaines et extrêmement coûteuses en hommes. On préfère plutôt se concentrer
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