L'organisation du pouvoir politique en Afrique Précoloniale
Dissertation : L'organisation du pouvoir politique en Afrique Précoloniale. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Princeghost01 • 21 Novembre 2019 • Dissertation • 4 288 Mots (18 Pages) • 1 267 Vues
Introduction
Dans l'Afrique précoloniale, toutes les sociétés n'étaient pas organisées en États. De nombreuses sociétés fonctionnaient sans la moindre organisation étatique. Les gens vivaient en petits groupes dans le cadre de la famille élargie, c'est-à-dire les grands-parents, les parents, les oncles, les tantes et tous leurs enfants. Ils formaient de petits villages ou de petites villes. À côté de cela, l’exercice de la fonction de chef revenait au plus âgé. Son pouvoir était plutôt théorique ou symbolique car il n'avait à sa disposition ni armée, ni police. Le respect des coutumes dont il était l'ordonnateur et le gardien garantissait l'ordre et la discipline dans le groupe. Ces derniers étaient assurés par la tradition qui consacrait les promotions de jeune à l’issu de stage périodique d’initiation sociale et d’éducation sexuelle.
Cependant, à côté de ces sociétés à faible degré de mutation, existaient des formes de société beaucoup plus complexes. Elles sont caractérisées par leurs modes d’exercice du pouvoir politique. Il s’agit en effet de celles où l’organisation politique, sociale et économique était assurée par un roi, sa cour et ses fonctionnaires et où la présence de certaines catégories sociales spécialisées permettait la répartition des tâches c'est-à-dire la division fonctionnelle du travail social. Ces sociétés se sont ainsi constituées grâce à une dynamique de progrès interne et par l’intervention de minorités extérieures. Ce qui permet un processus d’intégration territoriale en leur faveur. Par exemple, les castes qui n’occupaient qu’une fonction technique par cette division du travail dans les sociétés pré-étatiques, prennent dans ces sociétés une valeur sociale. C’est le cas le plus significatif de la caste des griots ou « mémorialistes », chargés d’expliquer le présent par le passé en liant la dynastie actuelle aux ancêtres réels ou mythiques grâce à la magie du verbe, donc de la rhétorique. Ces griots avaient ainsi le rôle de rattacher les vivants du passé et du présent par des discours rituels consistants. Ces sociétés présentaient dans ce sens des couches sociales hiérarchisées et aux conditions variées.
Dans un autre ordre d’idées, ces sociétés n’octroyaient pas la royauté absolue au souverain. En effet, il y avait l’existence de conseils à travers lesquels les questions relatives à la vie politique étaient posées et où les décisions concernant celle-ci n’étaient prises qu’à l’unanimité. C’est l’exemple des sociétés traditionnelles wolof.
Les royaumes wolofs se répartissaient au niveau de la région côtière du Sénégal. Bien que leur structure politique étant de forme monarchique, il y avait le Conseil des Grands Électeurs qui désignait le roi, jouait un rôle de contre pouvoir et participait à la prise de décision. Le conseil représentait les familles privilégiées.Ils faisaient figure de féodaux et étaient à la fois propriétaires fonciers et chefs militaires. Au Djoloff, le conseil se composait de sept membres (les garmi) qui étaient présidés par le Djarraf Djambour. Au Cayor, le conseil était également dirigé par ce dernier et il s’y ajoutait un représentant des citoyens libres et un représentant de chaque caste. Au Waalo, le conseil se composait en particulier du maître des tenures foncières ou lamane, de celui des esclaves (gawdin), de celui de l’eau (jogoma) et enfin du trésorier (mala). Ce conseil était non seulement chargé de l’élection du roi, mais veillait également au contrôle de ses actes.
Les préoccupations du peuple accédaient au roi par l’intermédiaire d’un membre du conseil. Dans des contextes particuliers, le roi convoquait le conseil et prenait en considération ses recommandations. En cas de désaccord, de différends sérieux ou de manquements graves aux obligations que la coutume met à sa charge, le Djarraf Djambour pouvait provoquer l’absence de soutien populaire à l’égard du roi et le destituer. Cette action s’appliquait également lorsque le roi ne jouissait pas de toutes ses facultés intellectuelles ou morales pour conduire sa tâche. Le pouvoir revenait dans ce cas à l’un des héritiers des dynasties rivales. À ces états de fait, il convient de dire que le roi n’était pas un monarque absolu. En dépit de son autorité ou ses mérites personnels, il avait à ses côtés les garmi qui partageaient le pouvoir avec lui, l’influençaient sur les prises de décision et pouvaient le retirer du pouvoir si nécessaire.
Fort de ces aspects sur l’étude de la gestion du pouvoir politique dans les sociétés traditionnelles africaines, elle dégage ainsi un double intérêt théorique et pratique. En effet, cela nous permet de mieux comprendre et cerner le mode d’organisation desdites sociétés et des sociétés traditionnelles africaines en général. Et d’autre part, l’analyse de ces systèmes politiques peut aider à la construction de modèles politiques et l’émergence de nouveaux paradigmes s’adaptant au contexte africain et aux réalités africaines.
Ainsi, cette analyse se fera en fonction du plan suivant : en premier lieu, nous définirons les cadres théorique et méthodologique, puis nous nous intéresserons aux cadres organisationnel et conceptuel et enfin, nous procèderons au cadre analytique.
Première Partie : Cadres théorique et méthodologique
Chapitre 1 : Cadre théorique
Dans ce présent chapitre, il sera question de dégager la problématique et les objectifs de l’étude d’une part, puis élaborer des hypothèses et faire une revue critique de la littérature d’autre part.
Section 1 : Problématique
L’Afrique a toujours été considérée comme un continent sans histoire voire sans civilisation. Les anciennes puissances coloniales l’ont toujours dénigrée et ont soutenu l’idée selon laquelle elle a toujours été régie par l’état de nature. Toutefois, si l’on se réfère aux anthropologues comme Georges BALANDIER, toutes les sociétés traditionnelles, quelles qu’elles soient, étaient gouvernées par une forme de pouvoir politique, pas nécessairement centralisé. D’ailleurs, il affirme : « Pas de sociétés sans pouvoir politique, pas de pouvoir sans hiérarchie et sans rapports inégaux instaurés entre les individus ». Dans cette logique, la perspective d’une société sans pouvoir politique serait insensée et insignifiante. De plus, certains auteurs comme Abdoulaye Bara DIOP soutiennent que la gestion du pouvoir politique dans les anciennes sociétés africaines serait loin d’être similaire à celui que l’on observe dans les sociétés modernes. De même que l’organisation de la vie sociale ; les statuts et rôles sociaux, à en croire leurs dires, étant attribués en fonction de caractères spécifiques par exemple le lignage. Fort de ces constats, il est utile de se demander s’il existait bel-et-bien un pouvoir politique au sein des sociétés traditionnelles wolofs. Néanmoins, une question centrale subsiste : le pouvoir politique chez lesdites sociétés était-il organisé ? Cette interrogation nous pousse alors à mener d’autres types de réflexion. Le pouvoir se traduisait-il par une forme centralisée ou hiérarchisée ? Comment ce mode d’organisation s’exerçait sur ces sociétés et sur les individus en leur sein ? Quel(s) étai(en)t le(s) détenteur(s) du pouvoir ? Y avait-il la présence d’organismes permettant au peuple de se manifester voire de participer à la vie politique ?
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