Emma Goldman, une anarchiste aux Etats-Unis
Dissertation : Emma Goldman, une anarchiste aux Etats-Unis. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar charlotte96 • 17 Mai 2019 • Dissertation • 3 923 Mots (16 Pages) • 671 Vues
Emma Goldman : une anarchiste aux États-Unis
« L’anarchie symbolise la libération de l’esprit humain de l’aliénation de la religion, la libération du corps humain de la domination de la propriété, la libération des chaînes qui nous lient à l’oppression des gouvernements. Elle défend un ordre social fondé sur la libre association entre individus », telle est la définition que donne Emma Goldman concernant sa conception de l’anarchisme.
L’anarchisme est un mouvement politique et philosophique qui s’oppose à toute hiérarchie et autorité. Il critique toutes les institutions coercitives comme l’armée, la religion, le capitalisme et d’une manière générale l’État qu’il souhaite voir disparaitre. C’est un courant de pensée qui apparait au milieu du XIXe siècle en France, théorisé par le sociologue Pierre-Joseph Proudhon, conception à laquelle s’ajoute par la suite une conception libertaire fondée sur l’idée d’une liberté individuelle absolue, sans limitation à la fois dans les domaines social, moral, économique et politique. Telle est la conception politique développée par Emma Goldman au cours de sa vie. Elle nait dans l’Empire Russe en 1869 dans une petite ville appelée Kovno. Adolescente, après avoir vécu quelques années en Prusse, Goldman et sa famille reviennent en Russie et s’installent à Saint-Pétersbourg où elle est contrainte d’arrêter les études. C’est en Russie qu’Emma Goldman commence à s’intéresser à la politique. Elle s’intéressa notamment au mouvement nihiliste russe. Cependant c’est à partir de son immigration à Rochester aux États-Unis, en 1885 et jusqu’à la fin de sa vie en 1940 que Goldman se forgea une conception politique et combattue en faveur de la cause anarchiste, période qui nous intéressera au cours de ce sujet. Aux Etats-Unis, s’installe dès le milieu du XIXe siècle une tradition anarchiste. Ce mouvement se voit renforcer par l’immigration européenne, notamment française et allemande. Le mouvement libertaire s’individualise et se radicalise en développant un courant plus révolutionnaire dès le début des années 1880, avec des personnalités comme Johann Most ou Benjamin Tucker. C’est dans ce contexte qu’Emma Goldman développa sa pensée politique.
On peut alors se demander dans quelle mesure la vie d’Emma Goldman est-elle représentative de la vie d’une anarchiste aux États-Unis au début du XXe siècle, et comment elle est devenue une référence internationale de l’anarchisme dans le monde occidental.
Il sera donc question de s’intéresser à la vie de Goldman en tant que militante anarchiste, qui influence la société par ses capacités d’oratrice et de théoricienne libertaire et féministe aux idées qui divisent au sein d’un Etat marqué par la Red Scare.
I – Une militante anarchiste
Le militantisme en faveur de la cause anarchiste chez Goldman fut sans aucun doute provoqué par les évènements de Haymarket Square et donnèrent lieu à son engagement pour la cause ouvrière.
A/ marquée par les évènements de Haymarket Square
Le massacre du Haymarquet Square marque le point de départ de l’engagement politique de Goldman. En effet, les évènements de Haymarket Square revêtent un caractère traumatisant pour la société de l’époque. Alors que le 1er mai 1886 eut lieu un rassemblement de grévistes pour la revendication de la journée de huit heures de travail, les forces de police sont intervenues et ont fait un mort et plusieurs blessés. En protestation, un anarchiste appelle à un nouveau rassemblement pacifiste le 4 mai 1886. Lors de ce nouveau rassemblement la police charge une nouvelle fois la foule de manifestants mais une bombe est lancée sur les policiers, dont sept en moururent. De cet attentat résulte l’arrestation de sept hommes, tous militants anarchistes. Lors du procès, tous sont condamnés à mort sauf un. Mais ce procès n’a jamais prouvé la culpabilité de ses hommes. Il s’agissait en fait de faire de ce cas un exemple, d’une certaine manière de condamner l’anarchisme.
Ces exécutions provoquèrent l’indignation aux États-Unis mais également en Europe. Selon, les historiens dont Howard Zinn, ces évènements fragilisèrent le mouvement radical dans le pays. Cependant, cette injustice marqua les mémoires et provoqua un ralliement anarchiste marqué par la nouvelle génération plus radicale. On peut alors évoquer le cas d’Emma Goldman. En effet, le massacre de Haymarket Square marque le début de son engagement politique.
Après ces évènements, Emma Goldman commença à fréquenter un groupe de socialiste allemand de Rochester. Elle assista aux réunions mais également à des conférences. Dans ses écrits, elle explique notamment l’importance qu’eut sur elle la conférence donnée par la socialiste Johanna Greie au sujet « des martyrs du Haymarket ». C’est d’ailleurs, à la suite de cette conférence qu’elle commence à se questionner sur la pensée anarchiste.
Elle se familiarisa, alors, avec la pensée anarchiste à travers les écrits de Johann Most dans le journal Freiheit. En arrivant à New York, elle rencontra Alexander Berkman et Johann Most, anarchistes qui prônant la révolution par la violence. Ce mouvement est déjà très bien organisé et prône l’égalité sans distinction entre les sexes ou les races, ainsi que le développement d’une éducation égalitaire. Ils appellent, également, à une production libre organisée en coopératives avec la volonté de mettre à bas l’État capitaliste. Most, conférencier anarchiste reconnu, forma Goldman aux prises de paroles. Mais elle finit par s’éloigner de Johann Most et commença une relation sentimentale avec Berkman tout en poursuivant leur combat politique.
Ainsi, comme nous venons de le voir les évènements du Haymarquet Square et la rencontre avec Berkman et Most ont eu une influence majeure sur l’adhésion de Goldman au mouvement anarchiste. Un militantisme marqué par son engagement en faveur de la cause ouvrière.
B/ et qui s’engage pour la cause ouvrière (1892/1893)
Emma Goldman s’engage rapidement pour la défense de la cause ouvrière, dans un contexte de grèves et crises économiques. En effet, en 1892, se produit ce que l’on a appelé la grève de l’aciérie Homestead Steel Works en Pennsylvanie, usine appartenant à la Carnegie Steel Compagny. Cette grève est provoquée par l’arrêt des discussions entre cette dernière et l’Amalgamated Association of Iron and Steel Workers, organisation représentant les travailleurs en sidérurgie. C’est alors qu’Henry Clay Frick, directeur de l’entreprise, prononça un lock-out sur l’entreprise, ce qui déclencha la mise en grève des ouvriers. Frick décida d’engager des briseurs de grèves qui mena le 6 juillet de la même année à une bagarre entre les briseurs de grèves et les ouvriers et provoqua la mort de grévistes et de gardes. Ces évènements eurent un écho important dans tout le pays et touchèrent également Goldman et Berkman qui décidèrent alors d’assassiner Henry Frick. Pour eux l’assassinat politique, forme d’action prôner par les anarchistes, représentait la seule solution pour permettre la révolution. Ainsi Berkman tenta d’assassiner Frick mais échoua. Emma, elle, était chargée de communiquer sur cet acte une fois commis. Cependant, cet acte ne provoqua pas l’effet escompté. En effet, les grévistes de Homestead furent consternés par ce geste et ne se soulevèrent pas, dans un esprit de révolution, comme l’espérait les deux anarchistes. Selon les historiens, Goldman et Berkman n’avaient pas conscience de la réelle culture ouvrière américaine. En effet, les ouvriers ne remettaient pas en cause l’État capitaliste américain mais il s’agissait davantage d’une recherche de l’amélioration des conditions de travail au sein de la société capitaliste. De plus cette tentative d’assassinat fut décriée par de nombreux anarchistes, dont Most, et value une peine de vingt-deux de prison à Berkman. Tandis que la police, ne trouva aucune preuve rattachant Goldman à cet acte.
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