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Quelle a été l’évolution des colonies Françaises entre 1789 et 1815 ?

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Par   •  17 Novembre 2018  •  Cours  •  2 481 Mots (10 Pages)  •  582 Vues

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Quelle a été l’évolution des colonies Françaises entre 1789 et 1815 ?

  1. D’une France « négrophile » à l’abolition de l’esclavage (1789-1794)

À la fin du XVIIIème siècle, le système de l’esclavage est remis en cause à la fois par les économistes libéraux (Smith, Quesnay, Say), en raison de sa faible rentabilité économique, et par les philosophes des Lumières (Rousseau, Diderot, Condorcet, l’abbé Raynal), au nom de la liberté comme droit fondamental.

De plus la disparition de l’autorité des administrateurs royaux en 1789 entraîne la fin de l’ «Exclusif »

(Le principe de l'Exclusif se définit par quatre caractéristiques structurelles : - interdiction aux colonies de vendre leurs produits à d'autres pays qu'à la métropole ; - interdiction de transformer les produits récoltés en produits manufacturés ; - réserve exclusive au profit de la métropole du droit d'approvisionner ses colonies, - réserve aux navires français du transport de tous les objets des colonies à la métropole ou dans les autres colonies. Le but du système de l'Exclusif est triple : - procurer aux produits du sol et de l'industrie de la métropole des débouchés constamment ouverts ; - assurer à ces produits des marchés à l'abri de toute concurrence étrangère ; - obtenir, par voie d'échange et sans exportation de numéraire, des dentées que la métropole ne produit pas.)

De ce fait le commerce est sévèrement réprimé : Le climat entre métropole et colonies se détériore. L’évolution des relations est aussi favorisée par les circonstances naturelles : les îles du vent (Martinique et Guadeloupe) sont ravagées par un vent violent (14 aout 1789) qui fait de gros dégâts dans les plantations. La France doit donc ravitailler ses colonies. Elle a des difficultés à le faire, car elle souffre à cette même période de problèmes frumentaires. Les colonies ouvrent alors leurs ports à d’autres exportateurs. C’est le temps de ce qu’on appelle l’ « Exclusif mitigé » : malgré les rappels et les remplacements de gouvernements pour faire cesser cela et redonner à la France l’exclusivité des échanges avec les colonies, une liberté commerciale s’installe fin 1789-début 1790. Cette prise de liberté des peuples colonisés s’explique aussi par le désordre qui règne en France : renvoi de Necker,  14 juillet, Grande Peur, nuit du 4 août...

Ce désordre favorise (dès 1788) la montée de groupes de pression :

- SOCIÉTÉ DES AMIS DES NOIRS

Fondée en 1788 par Brissot, Clavière et Mirabeau, et rejointe en 1789 par l'abbé Grégoire, elle milite pour que soit mise en œuvre la doctrine anti-esclavagiste et abolitionniste dont Montesquieu (entre autres) fut le précurseur ; d'une part dans le souci de maintenir l'économie des colonies françaises, et d'autre part dans l'idée qu'avant d'accéder à la liberté, les Noirs devaient y être préparés, et donc éduqués. La plupart des adhérents de la Société sont des membres de l'Assemblée constituante, où ils luttent pour l'égalité politique et sociale des mulâtres (« sang mêlé ») et des nègres libres.

- De leur côté, les colons de St Domingues (grands seigneurs ou planteurs de passage) s’organisent pour combattre l’influence de la Société des Amis des Noirs, car ses projets philanthropiques d’amélioration du sort des esclaves les inquiètent. A leur tête, Gouy d’Arcy et Villevert ont plusieurs réclamations, dont notamment celle d’une représentation de la colonie aux Etats Généraux (poids démographique de St Domingues…). Ils créent le « Comité des colons de St Domingue », et se désignent comme leurs portes parole. Ils mettent en place, malgré les administrateurs et le veto ministériel, une députation de 31 membres. Mais le roi refuse leur représentation aux Etats Généraux. Il en résulte une série de manœuvres et d’intrigues en juin et juillet 1789, période durant laquelle Gouy d’Arcy réussit notamment à faire accepter les colonies en adhérant au serment du jeu de paume (20 juin). Se forme alors la « société correspondante des colons », ou Club Massiac. Soutenus par les puissants ports négriers, elle cherche à empêcher la Constituante, jugée utopiste, de légiférer pour St Domingue. Le Club veut laisser ce rôle à des Assemblées Coloniales, dont il contrôlerait les élections. Des sociétés de correspondance se forment dans les villes portuaires, pour empêcher l'Assemblée de prendre des mesures entravant les intérêts des colons et faire pression sur la Société des Amis des Noirs. Le groupe s'appuie à l'Assemblée sur Malouet, Barnave ou Lameth. Ils posent ainsi la question du statut des hommes, ouvrant une brêche dans l’édifice esclavagiste.

Si tout se fait à Paris, les colons agissent aussi à St-Domingue : il forme des assemblées coloniales réservées aux blancs, et ouvre la guerre civile contre les libres de couleur et les blancs qui prennent leur parti.

A côté de ces deux groupes très influents s’en forme un troisième, le « Comité des députés extraordinaires des manufactures et du commerce de France », qui eux se battent avec beaucoup d’habileté pour la sauvegarde de l’ « Exclusif ». Ils luttent donc, avec acharnement, contre la Société des Amis des Noirs. Mais leur activité décline rapidement après 1791.

Le 26 août 1789, la DDHC condamne l’esclavage (« les hommes naissent et demeurent… »), et donc renforce l’action des groupes de pressions. Pourtant elle semble ne pas tenir compte de l’existence des colonies. Ses affirmations ne les concernent pas. (Malouet : “La population des colonies est composée d’hommes libres et d’esclaves. Il est donc impossible d’appliquer aux colonies la Déclaration des droits sans exception. Il est donc nécessaire de déterminer spécialement pour les colonies des principes constitutifs qui soient propres à assurer leur conservation suivant le seul mode d’existence qu’elles peuvent avoir.”). Colons et négociants s’associent pour faire pression sur l’Assemblée : ils veulent éviter toutes prises de position sur les questions sociales aux îles. La constituante est inexpérimentée : les délégations, pétitions… Et l’agitation générale dans les colonies font qu’elle a du mal a se déterminer en ce qui concerne la question coloniale.

Le premier grand débat colonial commence véritablement en 1790 : au vu de tous les problèmes, Lameth obtient début mars la création d’un comité colonial dans chaque colonie, pouvant être dirigé par des Noirs libres. Les colonies pourront ainsi donner leur avis et leurs souhaits concernant la constitution, la législation et l’administration. Malgré ce changement, la traite négrière est maintenue. Forts de cette victoire, les députés de St Domingue font pression et l’Assemblée cède : elle renvoie aux Assemblées Coloniales tout ce qui concerne l’état des personnes libres et non libres.

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