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Les épidémies dans la France d'Ancien Régime

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Par   •  6 Mai 2021  •  Commentaire de texte  •  2 865 Mots (12 Pages)  •  325 Vues

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Année 2020-2021

Jordan CAVIGNY – Licence 1 Histoire – Université Rennes 2

Les épidémies dans la France d’Ancien Régime

        Les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles en France ont été sujets à de multiples crises, non seulement sur le plan démographique mais aussi sur les plans politiques, religieux, sociaux et économiques. Et nuls doutes que l’une des principales causes de ces dernières furent les épidémies. La France d’Ancien Régime est le nom posthume, donné par les acteurs de la Révolution française, à la période située entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle et 1789, date de la Révolution, pour désigner l’ère de la monarchie de droit divin et des privilèges de naissance au sein de l’État français. Les épidémies, qui sont le développement ainsi que la propagation rapide d’une maladie contagieuse dans un territoire, ont frappé la France tout au long de son Histoire, notamment sur les trois siècles qui composent la France d’Ancien Régime, créant ainsi de grandes crises en son sein. La France est l’État le plus peuplé d’Europe au XVIe,XVIIe et au XVIIIe siècle avec environ 20 millions d’habitants aux XVIe et XVIIe siècles et 28 millions à la fin du XVIIIe siècle. Et si sa puissance démographique est une force, c’est aussi une faiblesse car ça l’expose d’autant plus aux épidémies.

        On peut alors se demander, en quoi les épidémies sont un facteur de morts, de malheurs et de changements sur les différents plan sans distinction d’âge, de sexe ou de classe sociale dans la France d’Ancien Régime. Les conséquences démographiques des épidémies seront d’abord étudiées, avant de s’intéresser à la place des épidémies dans le quotidien des Français et enfin aux réactions que développent les Français face aux épidémies.

        Tout au long de la période qui compose l’Ancien Régime, des épidémies ravagent la population française, et même si ces épidémies sont la source de nombreuses morts sur le territoire français, elles restent néanmoins indissociables à la triptyque disette-famine-épidémie. En effet les guerres et les multiples années durant lesquelles règnent le mauvais climat affaiblissent les Français. Ce qui a pour conséquence d’appauvrir la population suite aux pillages, à la destruction des champs et aux mauvaises récoltes. La disette s’installe, le prix du pain augmente, ce qui à pour effet de plonger la France dans la famine. La faim ne tue pas forcément beaucoup mais elle affaiblit les corps, elle fait donc lit aux épidémies qui s’installent beaucoup plus facilement sur la population affaiblit par la famine. Les pertes démographiques sont très élevées, les hommes qui meurent suite aux épidémies sont de la main d’œuvre en moins, qui ne travaillent plus aux champs. C’est ainsi, que cette triptyque devient un cercle qui réapparaît à intervalles plus ou moins réguliers tout au long des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles créant de graves crises démographiques.

Dans la France d’Ancien Régime, le terme «épidémie» était utilisé pour définir bons nombres de maladies contagieuses ou non qui se propageaient très vite telles que la peste, la variole, la dysenterie et bien d’autres. Durant toute cette période, la France a été la victime de grandes crises démographiques, certaines d’entre elles venaient de crises de mortalités suite à la virulence des épidémies. Le nombre de décès dû aux épidémies dans la France d’Ancien Régime est dur à quantifier du fait de la gestion approximative des avis de décès dans les registres paroissiaux mais de nombreuses dates sont à retenir. Les épidémies de 1626 à 1632 dans toute la France ont causé beaucoup de morts. La « Grande Épidémie » ou les « années de misères » de 1693 et le « Grand Hyver » de 1709-1710 ont, à eux seuls, causés plus de 4 millions de morts.

        Si on devait retenir une seule épidémie au sein de la France d’Ancien Régime ce serait la peste. La peste est présente en continue dans  le royaume durant le XVIe siècle et le XVIIe siècle. Lorsqu’elle ne prend pas part aux crises démographiques, elle reste sous forme endémique dans les milieux ruraux en tuant sans discontinuité. Dans l’Ancien Régime, les Français pensaient que la peste se transmettait par contact et donc qu’elle était contagieuse. Il a fallu attendre le XIXe siècle pour comprendre que les puces étaient le moyen de propagation de la maladie.

De grandes crises de mortalité sont intervenues à cause de la peste. De 1626 à 1632 la peste se répand en Champagne (1626) à Nice et à Paris (1631) et est très virulente, elle emporte pas moins d’un million de Français de 1626 à 1631. De 1626 à 1632 beaucoup de villes perdent entre un tiers et un quart de leurs habitants. Au XVIIe siècle on impute à la peste environ 3,4 millions de morts à travers tout le royaume. De 1720 à 1722, alors que la peste n’était quasiment plus présente dans le royaume, un cas isolé de la maladie survient à Marseille et dans ses provinces  en provenance du Moyen-Orient. Ce cas isolé qui perdure sur deux ans décime la moitié de la population marseillaise avec 30 000 à 40 000 morts pour 80 000 à 90 000 habitants.

        Au XVIIIe siècle alors que la peste tout doucement disparaît du royaume, la vérole, la dysenterie et d’autres épidémies sévissent en France. En 1719 la variole ( petite vérole) ravage la capitale en faisant environ 14 000 morts. La dysenterie, quant à elle, fauche 450 000 personnes en France, surtout des bébés. Si les épidémies qui sévirent aux XVIe et XVIIe siècles furent très mortelles, celles du XVIIIe le sont moins. Les historiens observent une diminution de la mortalité des épidémies, même si dans les esprits ces épidémies et notamment la vérole marquent tout autant.

Malgré la diminution de la mortalité des épidémies, de grandes crises interviennent tout de même au XVIIIe siècle, mais on peut voir que la gestion de ces crises s’est améliorée depuis les deux siècles précédents. Pendant le « Grand Hyver » en 1709, là où la triptyque disette-famine-épidémie tuait principalement à cause des épidémies qui affectaient les corps affaiblis par la famine, pour cette crise on casse la chaîne à la famine car les grains n’ont pas totalement manqué, les récoltes d’orge ont procuré une nourriture de remplacement, et enfin, des mesures de secours des autorités se sont révélées efficaces avec la distribution de céréales provenant de régions moins touchées par le climat glacial du « Grand Hyver » ou de l’étranger ou encore la distribution de pain.

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