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Être chrétien en France sous l’ancien régime

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Par   •  16 Février 2022  •  Fiche de lecture  •  17 142 Mots (69 Pages)  •  329 Vues

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Être chrétien en France sous l’Ancien Régime (1516-1790)

  1. Être chrétien sous François Ier

25 janvier 1515: sacre de François Ier à Reims par l’archevêque. Liturgie lui conférant un pouvoir sacerdotal et un statut sacré.

  1. De la Pragmatique Sanction au concordat de Bologne

A ce moment là: clergé premier ordre du royaume avec immunité judiciaire et fiscale. Revenus d’immenses biens fonciers + dîme (impôt sur les produits de la terre), casuels (honoraires de messe et offrande des fidèles aux offices) et quêtes et dons testamentaires. Puissance morale et spirituelle car la religion est partout: le curé baptise, marie et inhume. 1539: ordonnance de Villers-Cotterêts: rôle d’ « état civil » des curés, notant baptêmes et sépultures des ecclésiastiques (pour faciliter l’attribution de leurs charges). La fêtes scandent l’année et l’église scande les heures. L’Eglise gère petites écoles, universités et charités. Fierté du clergé français et tension sous-jacente entre l’Eglise de Rome et l’Eglise gallicane. 1438: Pragmatique Sanction de Charles VII affirmant la supériorité des conciles œcuméniques (rassemblant tous les évêques de la chrétienté) sur le Pape et règle l’attribution des bénéfices (charges), source de pouvoir pour le collateur: les évêques sont élus par les chanoines du chapitre cathédral et les abbés par les moines. Problèmes: brigues, vente de bénéfices et intervention du roi pour récompenser ses hommes. Les bénéfices mineurs étaient attribués parfois par un laïc. Rome ne reconnaît pas la PS et François Ier régularise la situation avec le concordat de Bologne de 1516 avec Léon X. A présent, le roi nommé évêques et abbés et le pape les investit. Annates: redevance payée par le roi à Rome à chaque changement de bénéfice et correspondant à une année de ce bénéfice. Le parlement de Paris reproche au roi d’avoir trop cédé et refuse d’enregistrer les clauses de Bologne (enregistrées en 1518). Le clergé le réprouve également et réclame le retour à l’élection: l’opposition restera vive tout le siècle. Le concordat soumet l’église gallicane au roi et évite une rupture avec Rome à l’anglaise.

  1. Le haut et le bas clergé

Au début du 16e, le haut clergé fournit au roi ses auxiliaires. Ex: Georges d’Amboise, archevêque de Rouen et cardinal est le principal ministre de Louis XII ; le chancelier Antoine Duprat devient archevêque et cardinal en conservant sa charge. Les membres du haut clergé sont majoritairement nobles, éduqués en université et peu intéressés par leur diocèse où ils résident rarement. Ils cumulent souvent des bénéfices, illégal. Jacques d’Amboise, évêque de Clermont et abbé de Jumièges et Cluny. Certains évêques sont bien sûr sérieux et tiennent les synodes (réunion d’abbé et prêtres) dont ils appliquent les décisions. Idem pour les cures: les curés ruraux préfèrent vivre en ville et laissent leur paroisse à un clerc, très nombreux car le clergé ouvre l’ascension sociale. Les clercs viennent de la petite noblesse à la paysannerie aisée. Ils survivent en célébrant messes et inhumations avec l’accord du curé. Les prêtres ont parfois étudié en université sans grade mais la plupart connaît seulement des bribes de latin et les vérités élémentaires de la foi. L’examen ne vérifie que leur aptitude à conduire la messe et donner les sacrements. Ne pas exagérer l’inculture du clergé paroissial. L’inaptitude est cependant mal ressentie par les fidèles. Le bon curé partage la vie de ses paroissiens (cf Propos Rustiques).

Clergé régulier: ordres anciens: bénédictins et cisterciens et ordres mendiants fondés au XIIIe. B et C voués à la prière, contemplation et travail manuel, touchés par la crise éco des 14 et 15e. Pertes de revenus et d’effectifs. Pratique de la commende, attribuant un bénéfice régulier à un séculier ou un laïc. Inadaptation à l’essor urbain. A l’inverse, les ordres mendiants augmentent. Vers 1500, 880 couvents de carmes, dominicains et franciscains. Dynamisme pastoral et popularité. Distribuent parfois les sacrements, inhument et animent les confréries. Prêchent la parole de Dieu, surtout lors du carême et de l’avent. Erasme s’en moque mais ils suppléent aux carences du clergé paroissial.

  1. Les fidèles

Ils assistent à la messe les dimanches et jours de fêtes (30 à 50/an), se confessent et communient à Pâques et observent baptême, mariage et inhumation. Les pratiques sont souvent respectées négligemment et l’enseignement des curés est lacunaire. Réunion 4 fois par an pour rappel du credo, des 10 commandements, des sept péchés capitaux et des sept sacrements. En ville, les religieux mendiants participent. Facultativement: affiliation à une confrérie rattachée à un couvent. Confréries d’intercession: adhésion moyennant droit d’entrée et cotisation annuelle: confréries de métier ou normandes. Les confréries de dévotion ont un programme plus spirituel. Elles sont en crise par la méfiance des autorités ecclésiastiques et civiles craignant leur autonomie et une agitation sociale. Les pèlerinages sont liées aux pratiques d’intercession. A défaut de se tourner vers Dieu et Jesus, les fidèles se tournent vers la vierge et les saints. Ils se font à Rome, Saint-Jacques-de-compostelle, Notre-Dame-du-Puy ou le Mont-Saint-Michel, avec en outre des pèlerinages régionaux et locaux. Erasme, dans son Éloge de la Folie, dénonce ces pratiques comme des superstitions. Les fidèles veulent se prémunir à la fois contre les dangers d’ici-bas mais aussi ceux de l’au-delà. Hantise du salut individuel avec le culte des saints, le développement de la croyance dans le purgatoire et dans la communion de saints. L’aumône et les indulgences ont pour but de fléchir la colère divine irrité par les péchés des hommes. Cependant, beaucoup de clercs et laïcs cherchent une solution dans le mysticisme, priorisant l’intériorisation du message évangélique et le dialogue direct de l’âme avec Dieu (cf l’Imitation de JC). Son succès et celui de l’humanisme s’explique par l’invention de l’imprimerie. Erasme et Lefèvre fondent la foi dans la parole de Dieu des Écritures. Cependant, la réforme de l’Eglise n’est toujours pas amorcée car le pape Léon X est plus soucieux des intérêts de sa famille, des belles-lettres et des beaux-arts que de réponses concrètes à l’attente des fidèles. Le concile de Latran de 1512 à 1517 se sépare sans avoir pris de décisions si ce n’est une nouvelle condamnation du cumul des bénéfices et de la non résidence qui en est la conséquence inévitable. Il en est de même pour l’Eglise de France. Les Églises semblent alors incapables de répondre à l’attente religieuse des fidèles.

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