Les femmes et voltaire

La Loi Salique dispose qu'« Aucune terre ne pourra être dévolue par héritage à une femme ; toute la terre appartiendra aux héritiers de sexe viril. ». Par ce biais, on comprend simplement le principe de primogéniture mâle qui s'implante dans l'esprit des populations, considérant les femmes comme des mineures à vie, et ne leur octroyant aucune réelle forme de citoyenneté, ni même de pouvoir sur l'héritage ou sur les terres.

Le document étudié est un texte de Voltaire s'intitulant Dictionnaire philosophique, écrit en 1764 et traite de la loi salique et de la place accordée aux femmes dans ses dispositions. Il est notamment suivi du titre « Examen si les filles, dans tous les cas, sont privées de toute hérédité par cette loi salique ».

Voltaire est né fin XVIIe siècle et est mort dans le courant du XVIIIe siècle. Ce dernier était un écrivain et philosophe français qui a marqué son siècle, notamment du fait qu'il soit un protagoniste protéiforme mais aussi par l'ampleur de sa production littéraire et la variété des combats politiques qu'il a menés au cours des années lumières. Sur le plan politique, il est en faveur d'une monarchie modérée et libérale éclairée par les philosophes. De plus, il a mis sa notoriété au service de victimes de l'intolérance religieuse ou de l'arbitraire, dont on peut citer la plus célèbre : l'affaire Jean Calas.

Dans son livre Dictionnaire Philosophique, il dénonce le fanatisme religieux de son époque. Mais le sujet abordé ici est celui de la Loi Salique, un recueil législatif regroupant l'ensemble des lois qui organisaient les rapports personnels entre les hommes libres du Royaume Franc. Sa première composition date du règne de Clovis Ier à la fin du Ve siècle. La Loi Salique a connu différentes versions, la première s'intitulant « pactus legis salicae » (pacte de la loi salique) comprend soixante- cinq articles et la dernière datant de 803 la « lex salica emendata ». Elle n'est pas rédigée sous l'égide du roi, qui a laissé faire les grands du peuple franc, et rédigée en un latin imparfait.

Son contenu est déséquilibré car les dispositions à caractère pénal sont largement prédominantes, en effet il y en très peu concernant le droit civil, et quelques unes sur la procédure. Cette disposition s'explique notamment par le fait que le but de cette Loi Salique soit de faire régner la paix publique et d'enrayer le problème de la vengeance privée et donc remplace celle-ci par un système pacifique de composition pécuniaire placée sous le contrôle des pouvoirs publics.

Cette dernière s'applique à tous les francs, même aux francs rhénans dont la loi ripuaire ne sera rédigée que plus tard, faisant valoir leur particularisme.

Clovis, fils de Childéric Ier, roi des francs saliens de Tournai et de la reine Basine de Thuringe, fut le roi des francs saliens puis roi de tous les francs. Chef militaire, il accroit considérablement le territoire du petit royaume des francs saliens, hérité de son père, pour finalement unifier une grande partie des royaumes francs.. Après une victoire contre Alaric, Clovis reçoit en 508 à Tours, d'après Grégoire de Tours, la qualité de Consul Honoraire, élevé à cette dignité par l'empereur Anastase, ce qui lui procure une légitimité politique. Au départ, Clovis n'est reconnu que comme un chef, mais ses nombreuses victoires militaires lui permettent d'être vu comme un réel roi, qui détient

« l'auctoritas », titre issu des romains

Sous Clovis, le royaume franc est mérovingien, et tire ses racines du monde germanique. On qualifie cette société de synthétique dû au fait qu'il fasse la fusion entre Rome et le monde Germanique. En effet en arrivant en Gaule, ces germains étaient animés par un désir d'assimilation,

selon eux la civilisation romaine est la civilisation par excellence. Ils se convertissent au christianisme, comme le prévoit le Concile de Nicée en 325. On fait donc face à un syncrétisme de la royauté mérovingienne, avec une conception germanique du pouvoir, où le royaume est considéré comme un bien patrimonial dont le propriétaire est le roi, et la succession d'un roi est réglée de la même manière que celle d'une succession ordinaire, notamment prévue par la Loi Salique, par transmission. De plus, le contenu du pouvoir germanique comporte deux conceptions : le mundium (protection particulière) et le bunnum (pouvoir de ban).

De ce fait, quelle est la place accordée à la femme dans la Loi Salique concernant le droit de succession au pouvoir d'après la conception de Voltaire ?

Tout d'abord nous nous concentrerons sur une instrumentalisation de la loi salique illégitimée par voltaire (I) et dans un second temps nous analyserons la justification d'un héritage exclusivement masculin(II).

I) L'établissement controversé de la loi salique

Il s'agira dans un premier temps d'étudier l'approfondissement effectué par Voltaire pour traiter de la forme de la Loi Salique en utilisant des arguments d'autorité, les écrits d'autres écrivains (A) et ensuite d'expliciter la méthode d'élaboration quelque peu floue de cette rédaction législative (B).

A) La Loi Salique : une controverse de points de vue

« la loi salique fut écrite avec une plume des ailes de l'aigle à deux têtes », hypothèse qui ferait de cette loi une loi par excellence. En effet, L'aigle bicéphale est le symbole des légions ayant défendu les « limes » de l'Empire Romain, ce qui représente la domination des empereurs de la dynastie des Paléologues. De plus le fait qu'elle aurait pu être écrite par « l'aumônier de Pharamond au dos de la donation de Constantin » qui est un acte, qui se révèle être un faux, par lequel l'Empereur Constantin Ier était sensé donné au pape Sylvestre l'imperium sur l'occident. La papauté s'en est servie à partir de la fin du premier millénaire pour justifier ses prétentions territoriales et politiques. Cette supercherie aura néanmoins servi les intérêts carolingiens et pontificaux. De ce fait, l'homme ayant dit cela se moquait clairement de la Loi et de la possible provenance exceptionnelle de celle-ci. Voltaire paraît d'accord avec cette affirmation.

Voltaire fait ensuite le rapprochement avec d'autres allégations d'autres auteurs tel que Jérôme Bignon dans son livre L'excellence de la France qui définirait la loi salique comme la « loi fondamentale de

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