Le projet européen au Congrès de La Haye (1948)
Commentaire de texte : Le projet européen au Congrès de La Haye (1948). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Emma Chams • 3 Février 2016 • Commentaire de texte • 1 896 Mots (8 Pages) • 1 210 Vues
CHAMOUX Emma TL 01/02/2016
Histoire : Le projet européen au Congrès de La Haye (1948).
Notre étude se porte sur des extraits du discours de Winston Churchill prononcé au Congrès de La Haye, qui se déroule aux Pays-Bas le 7 mai 1948, et qui a pour but de mobiliser l'opinion ainsi que le gouvernement autour de l'idée européenne, il réunit 800 personnes et c'est le premier ministre britannique qui en est le président. Ce dernier est d'ailleurs, dès 1946, en faveur de la réconciliation franco-allemande qui permettrait de créer des "États-Unis d'Europe". Nous verrons dans un premier temps pourquoi Churchill est en faveur de la construction européenne, puis dans un second temps nous verrons quel type d'Europe politique il souhaite établir, et si cette conception est partagée par tous les membres du Congrès.
Winston Churchill se pose clairement en tant que partisan de l'idée européenne. Tout d'abord, nous pouvons voir de la ligne 1 à 5, qu'il voit la reconstruction de l'Europe comme une garantie de la démocratie et un moyen de consolider l'importance les Droits de l'Homme. En effet, au lendemain de la Première Guerre Mondiale, une idée européenne avait déjà vu le jour, mais c'est bel et bien le traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale qui relance cette idée d'union afin de garantir une paix durable ainsi que la reconstruction du continent, mais également dans le but de stopper le déclin de l'Europe dans un monde désormais dominé par les États-Unis et l'URSS. Nous constatons ensuite, que selon le premier ministre Britannique, une Europe unie serait un moyen de lutter contre les régimes totalitaires, ce qu'il évoque de la ligne 10 à 13. En effet, cette idée européenne se renforce dans le contexte de la Guerre Froide, qui laisse notamment penser aux États-Unis, qu'une union de l'Europe occidentale constituerait un rempart solide contre la menace communiste alors présente. Les 13 milliards de dollars du Plan Marshall accordés par les États-Unis pour la reconstitution de l'Europe, représentent par ailleurs, un moyen d'inciter une coopération entre États.
Churchill expose de la ligne 13 à 18, son souhait de réconciliation avec l'Allemagne, qui, selon lui peut être un apport considérable, au même titre que tous les autres pays d'Europe. De plus, il est question ici de reconstruire l'Allemagne, c'est à dire son économie mais également son image et sa place dans l'Europe, qui, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, a besoin d'être réaffirmée. Enfin, nous voyons dans le dernier paragraphe, que le président du Congrès de La Haye compte sur le soutien des États-Unis, dont il doutait au départ. On peut en effet mentionner une seconde fois le Plan Marshall, qui représente une occasion d'aboutir à une coopération entre les États européens.
Dans son discours, Churchill expose, non seulement toutes les raisons pour laquelle il souhaite qu'une Europe se construise, mais également sa conception de cette Europe politique.
Dans cette deuxième partie, nous allons maintenant voir ce que le premier ministre Britannique préconise pour l'Europe, il a notamment une vision plutôt fédéraliste de la politique que l'Europe devrait adopter. Aux lignes 6 et 7, nous constatons qu'il met en évidence le besoin de solidarité économique. En effet, après la mise en place du Plan Marshall, les États européens doivent se répartir les quelques 13 milliards de dollars accordés par les États-Unis, pour cela, on observe la création de l'OECE (Organisation Européenne de Coopération Économique) en 1948, qui est alors la toute première instance de coopération en Europe. Mais ce n'est qu'alors une simple concertation, c'est pourquoi une première forme d'intégration européenne (c'est-à-dire la création d'une instance supranationale supposant des transferts de compétences des États) est créée par les français Monnet et Schuman qui étaient fonctionnalistes, et donc convaincus que la construction politique d'une Europe fédérale ne se ferait que lentement et par étapes en commençant par des solidarités économiques. C'est donc en 1951 que la CECA (Communauté Européenne de Charbon et d'Acier) apparaît, elle fonctionne alors de manière supranationale. C'est cette même organisation qui amènera à la signature des Traités de Rome en 1957, qui donnent naissance notamment à la CEE (Communauté Économique Européenne) qui vise à instaurer un marché commun, soit un espace de libre-échange pour les marchandises mais aussi à l'avenir un espace de libre circulation des capitaux, des services et des Hommes. Cette CEE est constituée d'une Commission Européenne (qui consulte et qui est contrôlée par le Parlement Européen) qui propose des règlements et directives au Conseil des Ministres qui les décident ou non. Ce fonctionnement est donc un compromis entre supranationalité et intergouvernementalité. Cependant, Churchill évoque également un besoin de solidarité militaire, alors représentée par la création de la CED (Communauté Européenne de Défense) en 1952, à l'initiative du français René Pleven. Le but étant de former une armée européenne sous la direction d'un ministre européen français. Mais c'est un échec, car paradoxalement, l'opinion française y est plutôt hostile, tout comme les communistes. Le traité est donc rejeté en 1954, ce qui mettra fin de manière prolongée à tout projet supranational qu'il soit militaire ou même politique. Nous pouvons maintenant constater qu'aux lignes 19 à 29, Churchill évoque la diffusion de la démocratie dans toute l'Europe qu'il juge primordiale. Le Congrès de La Haye débouchera d'ailleurs en 1949 sur la création du Conseil de l'Europe qui siège à Strasbourg. Ce dernier a pour but de promouvoir le rapprochement entre les États européens dans de divers domaines, mais il s'attarde surtout sur la défense de la démocratie et des Droits De l'Homme. Cependant, tous les participants au Congrès ne partagent pas cette conception fédéraliste de l'Europe. On voit donc que les confédéralistes y sont opposé : ils souhaitent une Europe des États c'est-à-dire une simple coopération intergouvernementale sans abandon de souveraineté. Churchill fait d'ailleurs allusion à ce désaccord aux lignes 8 et 9.
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