La Construction Européenne Depuis Le Congrès De La Haye En 1948

Le projet d'une Europe politique depuis le Congrès de La Haye de 1948

Introduction :

Le 9 mai 1950, le ministre des Affaires Etrangères français, Robert Schuman, déclare :

"L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble. Elle se fera par des réalisations concrètes, créant d'abord une solidarité de fait".

Le souvenir de la Seconde Guerre mondiale et le début de la Guerre froide avec le blocus de Berlin (1948-49) sont un double traumatisme qui fait prendre conscience de la nécessité d'un rapprochement des Etats européens pour assurer une paix durable, permettre la reconstruction du continent. L’objectif est d’enrayer le déclin de son influence dans un monde dominé par les deux Grands, les deux superpuissances que sont les Etats-Unis et l’URSS.

le concept d'Europe est une idée ancienne : l'idée d'Europe émerge dès la fin du Moyen Age et s'affirme au siècle des Lumières (XVIIIème ) puis au XIXème siècle, comme contrepoids ou exutoire des nationalismes, avec le mythe romantique de « l'Europe des peuples », qui culmine en 1848. Elle reprend vigueur après la guerre de 14-18. De nombreux intellectuels de divers pays intègrent l'Europe comme donnée fondamentale des relations internationales et comme utopie d'harmonie entre Etats concrètement réalisable

mais les premières réalisations pratiques commencent dans les années 1930 : mémorandum d'Aristide Briand, ministre français des Affaires Etrangères sur une union régionale européenne qui instaurerait « une sorte de lien fédéral » entre les pays d'Europe. Mais la crise économique fait obstacle à cette idée. Le souvenir très proche de la Seconde Guerre Mondiale rend à la fois urgente toute initiative destinée à empêcher un nouveau cataclysme destructeur pour le continent. cela implique une forme d'entente entre vainqueurs et vaincus.

En effet, Le problème principal réside alors dans la relation entre la France et l'Allemagne, ennemis "chroniques" depuis des décennies déjà. L'objectif premier sera donc de créer un lien durable entre ces deux pays pour ensuite pouvoir réunir, autour d'eux, tous les pays libres d'Europe pour bâtir ensemble une communauté de destin.

Nous verrons que La construction européenne, est un modèle unique aux réalisations contrastées et éloignées des ambitions initiales

La construction européenne est en effet la tentative d'union la plus poussée entre les États d'un même continent et la seule qui ait vraiment l'ambition d'aboutir à leur intégration politique. Cette originalité fait d’elle le meilleur observatoire de la dialectique entre les logiques supranationales et intergouvernementales.

Comment se sont construits le projet européen et sa gouvernance depuis 1948 ? Comment ont ils évolué ? Quelles limites rencontrent-ils ?

En effet, l’objectif politique de l’Europe a été défini dès 1948 au congrès de La Haye qui apparaît de nos jours comme le point d’ancrage de ce formidable projet.

La naissance de ce projet se termine en 1957 pars la création des communautés européennes ; laissant place à un projet européen en plein chantier du fait de son élargissement et approfondissement ainsi que son intégration économique jusqu’en 1989 qui apparaît comme une véritable rupture. En effet, la chute du mur de Berlin et la fin de la Guerre froide redistribuent les cartes et modifient les enjeux : Les défis européens dans la mondialisation

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L’idée d’une union des pays du continent est très ancienne. Victor

Hugo en 1848 appelait à une union des nations du continent dans le respect des c

ultures nationales. Si entre 1933 et 1939, les démocraties se sont révélées incapables de sauver la paix, l’idée d’union de l’Europe renaît pendant la guerre chez les résistants, chez les démocrates-chrétiens (Robert Schuman, Alcide de Gasperi, Konrad Adenauer) et chez les socialistes européens (Paul-Henri Spaak, Guy Mollet). Les « européistes » veulent assurer une paix durable par la réconciliation de la France et de l’Allemagne. Ils rejettent le communisme et veulent consolider la démocratie libérale. Ils souhaitent enfin assurer la reconstruction du continent, ramener la prospérité et mettre en place l’Etat-providence. Les européistes ont le soutien de leaders charismatiques comme Winston Churchill qui appelle à la création des « Etats-Unis d’Europe ». Les européistes se réunissent au Congrès de La Haye (Mai 1948) ( Mouvement inspiré de la déclaration des chefs résistants italiens Spinelli et Rossi) qui débouche en Mai 1949 sur la création du Conseil de l’Europe (installé à Strasbourg) pour défendre les droits de l’homme. En 1950, Le Conseil de l’Europe rédige la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Les EU qui veulent fédérer les pays européens contre le communisme soutiennent le projet. Pour aider les Européens de l’Ouest à se reconstruire, ils offrent une aide économique : le Plan Marshall. Pour se répartir cet argent, les Européens créent l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique).

2)

Tous les acteurs partagent la philosophie du projet. Celui s’inscrit dans le contexte de l’atlantisme et des craintes françaises de voir l’Allemagne redevenir belliqueuse. Ils sont attachés à la démocratie et aux droits de l’homme. Ils rejettent l’ultra-libéralisme qui a conduit à la crise économique et à la guerre. Cependant, la nature de la nouvelle union fait polémique (polémique qui n’est toujours pas tranchée 60 ans plus tard). L’Europe doit-elle être ou non un ensemble fédéral? Les fédéralistes veulent une Europe supranationale avec la création d’une autorité supérieure aux Etats à qui les gouvernements confieraient des compétences. Les unionistes (ou souverainistes) refusent que les Etats abandonnent une part de leur souveraineté et n’acceptent qu’une simple coopération entre les Etats. Ce conflit ressurgit à chaque étape de la construction européenne et il freine les initiatives. Le projet européen a de nombreux adversaires : les communistes (qui dénoncent une domination des EU sur l’Europe de l’Ouest), les gaullistes (qui refusent le fédéralisme). Le RU qui veut garder ses liens avec le Commonwealth (ses anciennes colonies) reste à l’écart.

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