Strophes Pour Se Souvenir
Mémoire : Strophes Pour Se Souvenir. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar frederic • 15 Novembre 2012 • 1 788 Mots (8 Pages) • 1 292 Vues
Louis Aragon, auteur du XXème siècle, est un poète engagé. Il écrit « Strophes pour se souvenir », poème extrait du Roman Inachevé, en 1955, en mémoire du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par la Gestapo en 1944. L'annonce de leur condamnation avait été faite par le biais d'une affiche reproduisant leurs photographies, et qui est restée sous le nom de l'Affiche rouge. Le poète tente de raviver le souvenir des résistants. Nous étudierons d’abord l’aspect historique puis la lettre de Manouchian enchâssée dans le poème.
Le poème fut écrit dans un but précis, remémorer, préserver de l’oubli, laisser une trace de certains faits. Le titre est d’ailleurs explicite « Strophes pour se souvenir ». « Onze ans déjà que cela passe vite onze ans ». Les années passent, en rappelant l'Histoire, Aragon tente de raviver le souvenir d’hommes qui ont donné leur vie pour la liberté, des résistants, afin qu'ils ne tombent pas dans l'oubli.
Le poème « Strophes pour se souvenir » évoque un temps de guerre. Il dépeint un paysage bien triste. Les couleurs présentes sont celles du malheur, le noir « noir de barbe » évoqué aussi avec l’image de la nuit « nuits hirsutes », le rouge sanglant « l’affiche qui semblait comme une tache de sang », le gris « Tout avait la couleur uniforme du givre ». Un sentiment de tristesse et de désolation émane du poème notamment avec l’adjectif « morne » « et les mornes matins » et l’évocation de l’hiver.
« Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments » Hiver qui évoque non seulement la dureté du climat mais aussi celle de l’époque.
De plus le poème « Strophes pour se souvenir » est parsemé de termes faisant référence à la mort. "agonisants, mort, tache de sang, derniers moments, mourir…". Ce champ lexical très présent rappelle aussi les massacres de la guerre.
Ainsi Aragon nous brosse le tableau d’un temps bien triste, ou le malheur et la désolation régnaient en maître.
Il souligne aussi la peur à laquelle était soumise la population et les procédés par lesquels l’ennemi l'imposait. L'Affiche Rouge est comparée à une "tâche de sang". Le poète indique ainsi comment les nazis tentaient d'associer l’action des résistants à des actes criminels et barbares. Cette affiche diabolise ainsi la résistance dont le sombre portrait est renforcé par les photos figurant sur l'affiche : " noirs ", " nuit " et " menaçants " servent le champ lexical du danger et de la peur qui invite à se méfier de ces résistants. La nuit tend à représenter un mouvement clandestin et obscur : l'écho " noir "/"nuit " et " hirsutes "/" menaçants " vient amplifier l'idée de mal à laquelle on tentait d'associer ces hommes.
De plus l’auteur souligne qu'ils étaient étrangers avec ce vers « parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles ». On comprend aisément l’intention xénophobe de l'affiche qui tente de créer un sentiment de méfiance de la population à l’égard de ces résistants, sentiment reposant sur la peur de l’étranger.
Ainsi le poète en associant l’idée de l’inconnu à la métaphore de la tâche de sang et à la descriptions de portraits sombres et peu engageant dénonce les procédés utilisés pour effrayer la population et discréditer le mouvement résistant comme le suggère ce vers :
« Y cherchait un effet de peur sur les passants »
Cependant, Louis Aragon fait un réel éloge de ces résistants. Il les présente comme des hommes courageux, des hommes guidés par leurs convictions et qui ne craignent pas de donner leur vie au nom des valeurs qu’ils défendent.
« La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans ».
Ils n’attendent en retour ni gloire, ni honneur.
« Vous n’avez réclamé ni la gloire ni les larmes »
Par le sacrifice de leur vie, ils ont donné un sens à la notre
« MORTS POUR LA FRANCE »
Leurs combats, leurs vies données ont changé l’Histoire « Et les mornes matins en étaient différents »
Le poète utilise un registre pathétique, quasi lyrique dans sa dernière strophe. En plus de les admirer pour leurs exploits, leurs émotions sont suscitées, compassion, affection... les lecteurs sont amenés à s’attacher à ses hommes.
Les résistants au seuil de la mort ayant donné leur cœur voient le but de leur lutte face à eux -la quête de liberté-, très poétiquement exprimé par l'antithèse " amoureux de vivre à en mourir ". En accord avec la chronologie des événements, Aragon effectue une mise en scène : la chute des résistants devient celle du poème.
Mais au-delà des résistants en général, c’est à ces étrangers, « ces français de préférence » qui se sont battus pour la France à qui le poète rend hommage. Leur amour et leur attachement à ce pays est souligné par « français de préférence » qui montre
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