Mémoires De Franz Von Papen

Ce texte est extrait des Mémoires de Franz Von Papen, officier et homme politique conservateur lié au centre catholique allemand, et (est) rédigé en 1952. Cet extrait s’intitule « Un regard sur les évènements de 1934 en Allemagne ».

Ce texte ne présente qu’un état de la pensée de l’auteur, dans un contexte précis : il intervient suite au procès de Nuremberg dans lequel il sera relaxé bien que la cour admit qu'il avait commis un nombre d'immoralités politiques qui n'étaient pas condamnables : Franz von Papen est accusé d’avoir conspiré avec Hitler. Franz Von Papen aide en effet à l’accession au pouvoir d’Hitler : il l’introduit avec Hindenburg dans les milieux catholiques du parti Zentrum. Von Papen sera condamné à 8 ans de travaux forcés par le tribunal Allemand de dénazification en 1947, pour être finalement remis en liberté en 1949.

Dans ce texte, Franz Von Papen nous offre un regard à postériori dans ce contexte de dénazification sur des évènements décisifs ayant lieu en 1934 et qui déterminent le futur de l’Allemagne et du monde.

Franz Von Papen nous décrit tout au long du récit, ses relations tumultueuses avec Hitler, son action dans le maintien de l’unité allemande en passant par le discours de Marburg jusqu’à la nuit des longs couteaux.

Nous nous demanderons de quelle manière l’auteur en 1952, dans la construction de ses mémoires, tente-t-il de se disculper de son action de 1934 ?

Si les ressorts psychologiques de Von Papen en 1952 semblent clairs, il est intéressant de démêler le vrai du faux de ce récit subjectif.

I. Les ressorts psychologiques de Von Papen en 1952 : une description personnelle valorisante.

1. L’argumentation d’un homme qui se présente comme indispensable en 1934.

2. L’appel d’un héros à la conscience de Hitler.

II. Une justification qui passe par la contradiction permanente : démêler « l’info de l’intox »

1. La grande « purge » de 30 juin 1934.

2. Une alliance avec Hitler dans le but de « résoudre un problème social », vu en 1952.

I. Les ressorts psychologiques de Von Papen en 1952 : une description personnelle valorisante.

Dans ce texte autobiographique, l’auteur est libre de nous décrire ses actions passées et de nous donner les raisons de son agissement. Il ne semble pas porter un regard très objectif sur le récit de sa vie passé : s’il se présente comme l’homme de la situation en mai 1934, il paraitrait qu’il lance un appel à la conscience d’Hitler en juin.

1. L’argumentation d’un homme qui se présente comme indispensable en 1934.

Dans ce texte, de nombreux procédés argumentatifs sont utilisés ; il semble clair que l’auteur veut rallier le lecteur à sa cause. Il va en effet, se présenter comme un homme d’action, qui a de la poigne : « je lui demandais de rompre définitivement et immédiatement » (l.69). La succession des adverbes «immédiatement » et « définitivement » renvoi directement à l’image d’un leader, qui sait donner des ordres et se faire respecter.

De plus, il se dédouane : « j’attirais l’attention de Hitler » (l.26). Une tentative de déresponsabilisation. « J’ai dit, mais on ne m’a pas écouté »…

Dès le départ, Von Papen veut s’attirer la sympathie du lectorat pour mieux le manipuler et le rallier à sa thèse : il tente de nous émouvoir en se présentant comme la solution à (je cite) « l’inquiétude croissante du peuple » (l.7).

Il utilise un champ lexical particulier qui doit toucher le lecteur : « inquiétude » (l.7), « les choses vont très mal » (l.4), « catastrophe » (l.57), « problème social » (l.46).

Il nous parle également d’un instant qui semble l’avoir particulièrement ému dans son existence : sa dernière rencontre avec le président Paul Von Hindenburg. Il tente une fois de plus d’apitoyer le lecteur, et de se donner une image plus humaine à la ligne 2 : « ce fut la dernière fois que je le vis vivant. Je tins à l’accompagner jusqu’à son train ». L’auteur nous peint un portrait mélioratif de Hindenburg, en le présentant comme un vieil homme mourant et dépassé par les évènements pour mieux se valoriser. Effectivement, en évoquant le fait que le président lui demande une dernière faveur, celle de « redresser la situation » (l.5), il se place comme son bras droit direct et profite de la valorisation du personnage d’Hindenburg.

Il oublie sans doute d’évoquer le fait qu’Hindenburg avait instauré un gouvernement d’alliance avec Hitler dans le but de récréer une unité allemande, ainsi il avait directement permit à Hitler l’ascension au pouvoir évinçant petit à petit Von Papen. Dans tous les cas, dans son récit, Von Papen se présente comme l’homme indispensable au redressement du pays, il profite ainsi de la popularité du président pour asseoir sa légitimité.

L’emploi du conditionnel à de multiples reprises, temps du souhait et de l’hypothèse, permet de ne pas nous méprendre sur les intentions de l’auteur. Il s’agit d’une sorte de récit d’imagination, « si ça ne s’était pas passé de cette façon là, alors cela aurait été comme si ou comme ça… »

Conditionnel : « aurait donné » (l.19) », « aurait probablement pu… » (l.20), « on pourrait le croire » (l.29).

Enfin, l’auteur se définit une nouvelle fois comme la seule alternative à la crise économique et politique que subit l’Allemagne en 1934 lorsqu’il s’oppose clairement aux autres politiques. Il présente ainsi une vision manichéenne du monde politique allemand en 1934 avec d’un côté :

• Schleicher, son successeur à la chancellerie allemande, Roehm chef d’état major des Chemises Brunes, Blomberg, ministre d’état à la guerre, ainsi que Hitler.

• Et de l’autre, dans le camp des politiques à l’écoute des revendications populaires : lui même ainsi que le président Hindenburg.

2. L’appel d’un héros « à la conscience » de Hitler.

« Au mois de juin, j’étais arrivé à la conclusion qu’il fallait dresser le bilan de la situation. Mes discussions lors des réunions de cabinet, mes arguments, mes insistances directes auprès de Hitler s’étaient révélés absolument

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