Les guerres de conquêtes coloniales (1814_-1914)
Dissertation : Les guerres de conquêtes coloniales (1814_-1914). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar laugier thibaud • 25 Octobre 2020 • Dissertation • 1 862 Mots (8 Pages) • 752 Vues
Les guerres de conquêtes coloniales (1814-1914)
Il semble extrêmement difficile, voire même insensé d’aborder les questions concernant les guerres de conquêtes coloniales sans comprendre les relations entre l’Occident et le reste du monde au XIXème siècle. Tout comme la notion de « révolution industrielle », il semble difficile de dissocier le XIXème siècle de l’impérialisme européen, de même qu’il semble compliqué de dissocier ce dernier des guerres de conquêtes coloniales qui en découlent. Ces guerres se caractérisent par la volonté d’un pays à étendre son territoire en dehors de ses frontières, et apparaissent comme étant le fruit de l’addition de multiples facteurs idéologiques, technologiques, et économiques. En effet les mutations idéologiques, technologiques et économiques de l’Europe entre le début du XIXème et le début du XXème siècle, dévoilent l’émergence d’un véritable empire colonial. Si la notion d’impérialisme dans sa forme la plus aboutie est encore trop forte pour la première partie du XIXème siècle, elle semble beaucoup plus appropriée pour qualifier la fin du XIXème et le début du XXème, c’est d’ailleurs durant cette période que les guerres de conquêtes s’accentuent de manière importante. Nous nous demanderons si l’idée de mener des guerres de conquêtes coloniales émerge de façon progressive dès le début du XIXème siècle. Ainsi, nous analyserons l’évolution des relations internationales tout au long du XIXème siècle, ce qui nous conduit à diviser l’étude en deux grandes phases chronologiques. Premièrement nous étudierons les relations internationales au début du siècle, afin de déterminer si l’idée de mener des conquêtes est envisagée. Nous verrons ensuite la situation dans la seconde moitié du siècle, afin de déterminer les raisons pour lesquelles les pays occidentaux viennent à mener des guerres de conquêtes.
Afin de bien comprendre ce qui pousse l’Europe à mener de véritables guerres de conquêtes coloniales dès les années 1850, il faut se pencher sur les enjeux que la guerre représente au début du siècle. En effet, l’éventualité de mener des guerres de conquêtes à ce moment-là, est loin de faire l’unanimité, et ce pour des raisons bien précise.
Depuis le XVIIème siècle et l’émergence du « droit des nations » élaboré par des auteurs tels que Grotius par exemple, les relations internationales se basent principalement sur un principe d’égalité. Ainsi toutes les nations pouvaient jouir d’une certaine égalité en matière de droit international. Dès le début du XIXème siècle, cette idée d’égalité des nations laisse progressivement sa place à une doctrine plus « positiviste », qui place les nations européennes comme étant supérieures aux autres. L’émergence de cette doctrine se traduit premièrement par ce que l’on appelle généralement « l’impérialisme informel ». L’idée de l’impérialisme informel est d’utiliser la puissance militaire comme moyen de dissuasion afin que les négociations commerciales se fassent en faveur des européens, en aucun cas l’armée est utilisée à des fins de conquêtes territoriales. La première guerre de l’opium traduit bien cette idée selon laquelle la puissance militaire est envoyée en cas de désaccord commercial. En effet, lorsque la Grande Bretagne déploie des navires en Chine, c’est dans l’optique de pouvoir aboutir à un traité de commerce, et non dans celle de conquérir des terres. La raison pour laquelle les guerres n’ont pas de but territorial est d’abord une raison d’investissement, en effet, mener une conquête territoriale hors Europe est extrêmement couteux en homme et argent au début du XIXème siècle.
Une des raisons pour laquelle les guerres de conquêtes coloniales ne sont pas envisageable au début du XIXème, est avant tout le fait que ce sont des expéditions qui coûtent extrêmement cher avec des résultats qui demeurent incertains. Les pertes d’hommes sont considérables à cause de la longueur des trajets, de la virulence des maladies tropicales et de la violence des affrontements. Ainsi, le rapport entre investissement et résultats ne permet pas aux Européens du début du XIXème de mener des conquêtes territoriales trop loin de l’Europe. Les conditions sanitaires étant souvent rudes et les européens, n’étant pas protégés contre les maladies tropicales, l’idée d’aller conquérir des territoires afin de s’y implanter parait encore inenvisageable. La réputation de « tombeau de l’homme blanc » en Afrique témoigne de la dangerosité que les expéditions représentent au début du XIXème siècle. De plus, les affrontements peuvent s’avérer extrêmement difficiles pour les européens en raison de leur méconnaissance du terrain.
Bien que la puissance navale européenne soit affirmée depuis longtemps maintenant, la puissance terrestre demeure, jusque dans les années 1860, plus ou moins équitable avec les puissances autochtones. En effet au début du XIXème siècle, l’avantage technologique des européens en terme d’armement terrestre n’est pas encore assez grand pour être réellement décisif lors des batailles, notamment en Chine où les armées chinoises bénéficient approximativement des mêmes technologies. De plus, les européens doivent faire face à un environnement nouveau, ce qui signifie que les stratégies militaires qui sont valable en Occident ne le sont pas forcément dans le reste du monde. Ainsi, la méconnaissance des terrains adverses constitue un obstacle de taille pour les Européens car il en devient difficile d’adopter des stratégies, d’autant plus que les méthodes de combats adverses diffèrent aussi, rajoutant une difficulté supplémentaire. La défaite anglaise en Afghanistan de 1842 témoigne que la puissance terrestre européenne n’est pas encore déterminante. Au début du siècle, l’Europe ne peut donc pas encore envisager de réelles guerres de conquêtes étant donné la complexité d’une telle entreprise.
Si l’idée de mener des guerres de conquêtes coloniales n’est pas évidente pour l’Europe au début du XIXème siècle, elle le devient d’avantage à partir des années 1860, où les progrès technologiques ainsi que le développement de la doctrine positiviste favorisent l’entreprise de ces guerres de conquêtes.
Les avancées technologiques et médicales du milieu du XIXème siècle sont sans aucun doute les facteurs déclencheurs des guerres de conquêtes. Dans le cadre des avancées médicales, c’est en 1852, dans le bas Niger, qu’un premier bouleversement a lieu : la quinine est expérimentée pour la première fois, ce médicament permet aux soldats de lutter efficacement contre le paludisme, qui était jusque-là un véritable fléau pour les troupes. Très vite, l’utilisation de la quinine se répand, si bien qu’entre 1830 et 1914, le taux de mortalité lié aux fièvres paludéennes baisse de 90%, ce qui permet donc aux troupes de rester plus longtemps stationnées sur les terres. Il est cependant important de noter que même si les conditions médicales s’améliorent, les pertes liées aux maladies sont encore non négligeables. Outre les avancées médicales, les avancées technologiques, en terme d’armement notamment, permettent à partir des années 1860 d’envisager les conquêtes plus facilement. Les armes voient leurs conceptions améliorées, elles deviennent à la fois plus pratiques et plus puissante, les mousquets laissent ainsi progressivement leur place aux fusils à culasse, puis aux fusils à répétition. La Maxime, breveté en 1884 incarne parfaitement ce phénomène de supériorité technologique d’infanterie, qu’on désigne comme « Weapons gap ». On peut également noter l’apparition de la dynamite en 1862 qui permet aux européens d’accéder beaucoup plus aisément à des zones jusque-là difficiles d’accès. Les grandes avancées médicales et technologiques de la seconde moitié du XIXème siècle permettent donc aux européens d’envisager de façon beaucoup plus sérieuses les conquêtes coloniales. Alors que les européens s’aventuraient que prudemment dans les terres étrangères au début du siècle, le « weapons gap » entraîne un grand déséquilibre de force qui aboutit à des conquêtes très violentes et sanglantes. Même si certains peuples parviennent parfois à mettre en échec les européens (comme c’est le cas en 1879 lorsque les britanniques perdent une bataille contre les Zoulous), ils sont dans la majorité des cas victimes de massacre. Ces massacres s’expliquent d’autant plus par le fait que beaucoup de troupes européennes font appel à des hommes autochtones pour solidifier leurs rangs.
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