Les grèves des mineurs de 1948, vues par Jacques Duclos
Commentaire de texte : Les grèves des mineurs de 1948, vues par Jacques Duclos. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Leo Giraudier • 22 Octobre 2020 • Commentaire de texte • 2 085 Mots (9 Pages) • 579 Vues
Après la libération, la France tente de se reconstruire en réalisant plusieurs réformes sociales et économiques tout en étant dans un moment difficile de l’histoire qui est le début de la guerre froide. Le document étudié est un extrait des mémoires de Jacques Duclos qui est un livre qui retrace sa vie et c’est un texte fidèle aux événements, car il écrit au moment des faits. L’auteur est Jacques Duclos né en 1896 qui a adhéré au Parti communiste en 1920, appelé à ce moment-là Section Française de l’Internationale Communiste, puis il deviendra un député en 1945. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Jacques Duclos jouera un rôle important dans la politique et proposera à l’assemblée, la nationalisation d’une grande partie de l’économie française. En 1947, il deviendra directeur de Démocratie Nouvelle, une revue mensuelle de politique mondiale où il y publiera des éditoriaux sur la politique extérieure de l’union soviétique. Le texte est dédié à tout lecteur qui veut en savoir plus sur l’événement rapporté. La grève des mineurs de 1948 s’inscrit dans un contexte socio-économique difficile. En effet, elles se produisent au moment où les premiers éléments internationaux apparaissent et qui vont déboucher sur la guerre froide comme le plan Marshall et le blocus de Berlin. Durant cette période, les prix sont multipliés par 5 et où une forte inflation n’arrange pas les choses. Il faut ajouter à cela, le rationnement qui dure depuis 1940 qui a pour conséquence, un épuisement de la population. Dans le milieu minier, un décret supprime le monopole de la coopérative centrale du personnel des mines qui joue un rôle important dans le ravitaillement des mineurs et cette organisation est dirigée par les communistes. Ainsi, Jacques Duclos nous présente les origines de la grève tout en passant en revue quelques revendications et nous montre les agissements violents du gouvernement et des forces armées. On peut alors se poser la question suivante : en quoi ce texte nous renseigne-t-il sur les grèves de 1948 et nous montre les répressions violentes menées par le gouvernement, vues par un membre du Parti communiste ? C’est pourquoi, nous montrerons les origines tout comme les revendications de la grève et les répressions violentes organisées par un gouvernement sectaire.
I/ La formation et les réclamations des grèves de 1948
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les mineurs espèrent une reconnaissance de la nation française dus à leur implication dans la résistance contre l’oppresseur Allemand, mais l’État va faire tout autre chose..
a) Les origines d’un mouvement important
À la ligne 1, Jacques Duclos désigne qu’ « un grand mouvement de grèves déferla sur le pays », ce mouvement est lancé par la Fédération Nationale des travailleurs du sous-sol qui est affilié à la CGT qui veut améliorer la situation des mineurs. « La grève illimitée avait été déclenchée par les mineurs à la suite d’un referendum qui avait donné 218 616 voix pour la grève contre 25 086 » (ligne 6 - 7). Ici, Jacques Duclos fait référence aux votes organisés par la CGT, à l’échelle nationale, pour éviter les accusations de grève à caractère politique suite à l’ancienne grève de 1947. Le résultat est largement favorable à la grève avec 84, 4 % des 243 702 mineurs présent aux moments du vote, sur le territoire national. Si on se penche sur le bassin stéphanois, selon les chiffres de Michelle Zancarini-Fournel dans son livre « Les luttes et les rêves. Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours », il y aurait 85,7 % des 14 000 votant qui se prononcent pour la grève. Alors que si on regarde le journal Le Patriote, dans le même bassin, il y aurait 89 % de votant pour la grève. Cette différence s’explique par le fait que Le Patriote est le quotidien local du PCF, le Parti communiste Français qui est pour la grève. C’est aussi un referendum unitaire avec la Force ouvrière et la Confédération Française des Travailleurs Chrétien qui rejoignent la grève.
b) Des revendications puissantes
Les mineurs manifestent « en raison des hausses de prix qui annulaient les augmentations de salaire » (ligne 1-2) ; en effet, le pays traverse une grave inflation de 50 % par an, entre 1945 et 1949 ce qui fait augmenter les prix, mais les salaires ne changent pas. À la ligne 3, « les mineurs se mirent en grève pour exiger l’abrogation des décrets » ; ici, Duclos fait référence aux décrets Lacoste, du nom du ministre de l’industrie Robert Lacoste, qui baisse les salaires en cette période d'inflation, le licenciement des mineurs qui sont souvent absent, la réduction du personnel et le paiement à la tâche, qui diminue les revenus des mineurs. Ces décrets font craindre une remise en cause du statut des mineurs obtenu en juin 1946. Les mineurs réclament, à la ligne 3 à 5 « l’abrogation des décrets relatifs au licenciement de 10 pour-cent du personnel des Houillères nationalisées, l’échelle mobile des salaires, l’augmentation des retraites ».
Après cette première partie qui nous à renseigner sur pourquoi les mineurs se mettent en grève et leurs principales revendications qui ont permis de comprendre la grève en général et qui est derrière ce mouvement massif. Cette partie va nous aider à comprendre la suivante qui porte sur les répressions violente du gouvernement contre les mineurs, mais aussi contre les communistes en pleine guerre froide.
II/ Une répression violente menée par un gouvernement sectaire
Dans un contexte de relation internationale en pleine crise, le gouvernement français socialiste presque radical, va ordonner une inhibition du mouvement des mineurs, mais aussi des représailles contre le Parti communiste.
a) Le commencement de la répression
À la ligne 9, Duclos nous indique que « le président du Conseil estimait que les grèves avaient un caractère insurrectionnel ». Le président du Conseil en 1948 est Henri Queuille sous le premier président de la IVe République Vincent Auriol et c’est un membre du Parti radical placé à l’extrême gauche à ses origines avant d’évoluer progressivement en centre-gauche pendant l’entre-deux-guerres. Depuis l’expérience de la grève de l’automne 1947, le gouvernement s’est préparé à faire face aux grèves qualifiées d’insurrectionnel et Henri Queuille qualifie notamment cette grève des mineurs d’insurrectionnel. Dans son livre « Les luttes et les rêves. Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours », Michelle Zancarini-Fournel nous explique la stratégie préparée en amont par les forces militaires à la page 712 « montée comme une opération militaire, la stratégie d’encerclement décidée par les forces de l’ordre consiste à s’en prendre aux bassins les plus faibles et aux puits les plus éloignés pour attaquer au dernier moment les points forts des grévistes ». Cette stratégie sera mise en place avec le déploiement des CRS, Compagnie Républicaine de Sécurité et aussi de l’armée.
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