Les attentats en France au XIXe siècle
Dissertation : Les attentats en France au XIXe siècle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sargon • 23 Mars 2016 • Dissertation • 4 123 Mots (17 Pages) • 800 Vues
Les attentats en France au XIXe siècle
Il y a plusieurs formes d’attentats et l’on a d’ailleurs tendance à utiliser ce terme pour un certain nombre de chose. L’attentat renvoie à une forme de violence même si sa définition dans le droit a tendance à évoluer selon les époques et les régimes, ainsi le Code Pénal de 1810 parle d’attentat pour les atteintes à l’Empereur et à la famille royale ou à la sécurité intérieure.
On peut observer que les attentats dégagent tous un point commun, dans la volonté de marquer les esprits des contemporains ce que nous allons voir en tentant d’envisager l’attentat dans son coté technique, idéologique et psychologique, ainsi que son rapport aux individus touchés, de l’attentat de la rue Saint Nicaise en 1800 à l’assassinat de Sadi Carnot en 1894. Pour ce faire nous étudierons dans une première partie les armes, les intentions et les justifications de l’attentat. Dans une deuxième partie nous verrons les différentes figures de l’auteur d’attentat et des victimes. Enfin dans un dernier temps nous étudierons les ressentis des contemporains après les attentats ainsi que l’utilisation qui en est faite autant par les victimes que les auteurs.
Selon l’auteur les attentats au XIXème siècle se divisent en deux périodes. L’une du Consulat au Second Empire : caractérisée par le fait que c’est le détenteur du pouvoir qui est visé, indirectement ou non. Les attentats anarchistes de la seconde période quant à eux, à l’exception de l’assassinat de Sadi Carnot, ont des objectifs plus variés pour ne pas dire quasi aléatoires.
Comme le dit l’auteur, on passe également au cours du siècle principalement, pour les anarchistes, d’une symbolique de la personne à une symbolique des lieux, l’objectif d’un attentat n’est alors pas tant de viser le chef de l’Etat que de toucher des lieux divers jusqu’alors épargnés par la violence, même s’il n’est pas certain que c’était la volonté de détruire qui animait les anarchistes.
Il apparaît ainsi nécessaire, pour mieux appréhender ce phénomène, de le placer dans le répertoire d’action collective des opposants aux différents régimes.
L’attentat de la rue Saint Nicaise est loin d’être le seul projet d’attentat de l’année 1800. De nombreux projets d’assassinat sont découverts voire sous contrôle de la police jusqu’aux derniers mois de l’année 1800.
Bonaparte semble être la principale cible de ces attentats ce qui prouve qu’il est un obstacle direct pour les auteurs des attentats, notamment dans l’optique de changer de régime, car le Consulat apparaît aux groupuscules et aux sociétés secrètes comme un régime absolu qui ne dis pas son nom.
La monarchie de Juillet, dans la continuité de la période bonapartiste et de la Restauration, est touchée par un certain nombre de complots dont pas moins de 8 ont pour objectif d’assassiner le « roi des barricades », Louis-Philippe d’Orléans.
La plupart de ces auteurs d’attentats sont identifiés comme politisés, voire se revendiquent eux même comme adepte d’un parti ou d’une cause le plus souvent à consonance républicaine, socialiste ou bonapartiste.
Ce sont d’ailleurs les plus convaincus d’entre eux qui adhèrent à des sociétés politiques, qui deviennent secrètes à partir de 1834 avec leur interdiction.
Cependant au début du régime de la Monarchie de Juillet, dans un contexte d’affaiblissement de l’autorité répressive policière et d’affirmation des revendications républicaines, certains membres sont publiquement pris à souhaiter la mort du Roi ou l’action violente. Ces individus représentent cependant à l’évidence une petite minorité de tous les membres des sociétés secrètes.
Si l’on peut difficilement douter de la politisation de la plupart des « attentateurs », la question de la radicalisation de leur pensée doit se poser. En effet il n’est pas exclu de penser que c’est parce qu’ils étaient à l’écart du groupe de leur société secrète que leur volonté d’agir de manière individuelle voire d’impressionner leurs compagnons se matérialisa.
S’il n’y a pas d’attentats sous la Seconde République, un livre édité en 1870 énumère 4 attentats de 1852 à 1870 et 8 complots visant la personne de l’Empereur.
Ces attentats sont habituellement divisés en 2 catégories : ceux réalisés dans le cas d’intérêts français, et ceux réalisés par des Italiens dans le cadre de leur lutte pour l’unification de leur Nation.
A côté de cela les rumeurs et les bruits hostiles à l’intégrité de l’empereur sont toujours prégnants sous le Second Empire, reprochant entre autre à Napoléon III la violation de la Constitution et de son serment présidentiel, en bref l’idée d’une trahison à l’égard des Français.
C’est ainsi à l’occasion de ces attentats que se pose la question de l’atteinte au Roi. Les Parlementaires délibèrent pour déterminer si la volonté d’atteindre à la vie du Monarque doit être ou pas vu comme une atteinte à la dignité royale ou plus largement à l’Etat même.
Quant au but de l’attentat, on peut aisément le concevoir comme le signe avant-coureur d’une rébellion ou d’une protestation à plus grande échelle, du moins comme un acte largement démonstratif.
L’attentat au-delà de sa perspective tyrannicide, apparaît également comme un moyen de déstabiliser le pouvoir ainsi que la population et de montrer l’hostilité des groupes politisés écartés et marginalisés par le régime.
Parmi les justifications des appels à l’assassinat de Bonaparte, de nombreux pamphlets soulignent la responsabilité du Consul dans les souffrances endurées (entre autre par la guerre) par le peuple et en appellent au nouveau « Brutus ». Le spectre de la monarchie est également invoqué afin de faire réagir le peuple.
C’est pour cela que l’attentat peut dès lors apparaître comme la seule possibilité d’action et serait donc le fruit d’un processus de radicalisation, qui irait de pair avec la frustration collective de certains groupes (comme l’exprime Ted Gurr dans sa théorie sur la frustration de 1970).
Cet acte est d’autant plus célébré qu’il est vu du point de vue des accusés comme un acte légitime, car bénéfique à la Nation. Alibaud prend ainsi la peine dans une lettre lue lors de son procès de justifier et expliquer les raisons de son acte. Il ne se place pas directement hostile au roi mais au contraire considère que c’est la différence d’intérêt entre le roi et son peuple qui souligne l’inutilité de la monarchie.
A l’opposé les autorités et les élites politiques estiment que leur époque est un temps de transition qui faciliterait les déviances à l’ordre et à la morale. Et cette dernière théorie permet d’insister sur le caractère plus social que politique des attentats, menés par une minorité arrogante et inculte du peuple prétendant à l’impossible, l’égalité des classes, et donc de blâmer cet acte.
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