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Le temps des constructions nationales

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Par   •  18 Septembre 2016  •  Cours  •  3 736 Mots (15 Pages)  •  793 Vues

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Le Temps des constructions nationales (1871-1885).

La période 1871-1885 est une période charnière car depuis 1815, l'Europe occidentale est presque stabilisée dans ses frontières. Les revendications nationales connaissent deux systèmes de déplacement :

  • Il y a un déplacement territorial vers l'Est (décomposition de l'Empire ottoman) et multiplication des conflits intra-européens. C'est le cas des conflits coloniaux.
  • La démocratisation s'opère avec un nouvel élément : l'idéologisation du sentiment national qui se transforme en nationalisme de droite.

I - La lente liquidation du passé.

A - 1871 en France.

C'est une période compliquée marquée par trois grandes étapes :

1 - La répartition surprenante de l'Assemblée nationale.

L'assemblée est à majorité monarchiste. Cette majorité espère une Restauration faite au profit du Comte de Chambord (Henri V) fils du Duc de Berry. L'assemblée a été constituée par Bismarck afin de régler la paix entre Prusse et France. Adolphe Thiers souscrit avec l'Assemblée de Bordeaux (mars 1871), au Pacte de Bordeaux pour que s'opère la translation du pouvoir de Bordeaux à Versailles (Paris n'étant pas sûr).

2 – La Commune.

La France occupée connaît des insurrections à Paris. Deux pouvoirs se dessinent dans la ville : celui de Favre et de Trochu contre celui formé autour de la garde nationale. Pour des raisons non élucidées, le 18 mars 1871, débute la Commune de Paris suite à la volonté du gouvernement de récupérer les canons de la garde nationale, payés par les Parisiens. Les Parisiens étaient assiégés par les Prussiens de septembre à janvier 1870-1871. Ce siège prépare le terrain pour la Commune. Celle-ci a trois raisons :

  • 1868-1869 : crise économique marquée par des faillites, du chômage et des grèves. Une grande partie du monde ouvrier a été touché par cette crise.
  • La transformation de Paris a vidé le centre artisan relégué dans les périphéries, aux confins de Paris. Ce phénomène est nommé gentryfication c'est-à-dire que les centre-villes sont investis par quelques familles. A la place des petits immeubles où la population était entassée, on trouve des immeubles haussmannien investis cette fois par des personnes aisées. Il y a reconquête de la ville par elle-même.
  • Les troupes envoyées pour récupérer les canons se mutinent et exécutent leurs officiers en charge.

Deux systèmes s'opposent :  

Les Versaillais.

Ils représentent les troupes de Thiers. Ce sont des professionnels libérées par Thiers, il s'en sert comme des troupes de répression. Ils sont issus du Second Empire : capturés à Metz, vétéran de la guerre du Mexique...

Les Communards (qui se nomment eux-mêmes Communeux).                                              

Ils sont composés de troupes disparates. On les nomme aussi fédérés, ils avaient un projet issu de la fête de la Fédération de 1790. Ils demandent un système politique décentralisé (on y retrouve des éléments de 1840). Il y a un angélisme dans la Commune car le recours à la violence leur est étranger (mouvements proudhonnien et socialistes-utopiques), par exemple ils n'ont pas pillé l'or de la Banque de France...

Cette Commune est liquidée lors de la Semaine Sanglante, à partir du 22 mai 1871, sous les ordres de Clemenceau. La reconquête de la ville se fait par l'Ouest et se termine par la reddition de Vincennes. C'est une guerre civile sauvage marquée par des évènements spectaculaires : de gigantesques incendies sont allumés aux Tuileries, à l'Hôtel de Ville par les pétroleuses pour bloquer l'avancée des troupes, le cimetière du Père Lachaise avec le mur des fédérés où ceux-ci étaient exécutés à la mitrailleuse, exécutions sommaires (Général Roussel : chef des insurgés). Cette Commune est comme une répétition de juin 1848 : Paris est une nouvelle fois en ruine suite à deux sièges successifs et aux combats qui se sont déroulés dans la ville, beaucoup de personnes s'exilent.

3 – L’instabilité de la République.

On se pose alors la question du gouvernement à choisir. Que fait Thiers pendant la Commune ? Il montre que la République peut maintenir l'ordre. Même le Manifeste du Comte de Chambord (juillet 1871) ouvre une page républicaine, il montre qu'il ne veut pas rétablir une monarchie absolue. Deux décisions sont alors prises le 31 août 1871 :

  • Thiers transforme l'Assemblée nationale en Assemblée constituante, qui, par l'amendement Rivet, prolonge le Pacte de Bordeaux.
  • Thiers est à la fois Président de la République, Président du Conseil, ministre, député. Le Président participe aux débats parlementaires ce qui lui est normalement interdit.

B - La question cléricale.

Le XIXème siècle est une période de hautes eaux religieuses :

On assiste à un changement dans le contenu des croyances. Dieu change : il passe du Dieu de colère que l'on craint, inaccessible, paternel à un Dieu d'amour «médiatisé» par les apparitions mariales (de la Vierge). Il y a une explosion des vocations sacerdotales, de nombreuses congrégations religieuses sont créées, le nombre d'églises construite augmente, des pèlerinages nationaux sont effectués (à Cologne, à Rome, à Aix-la-Chapelle, à Lourdes, à Sainte Anne d'Auray).

La situation du Pape est paradoxale. Depuis 1815, le pouvoir temporel du Pape a décliné et se limite au Vatican où il est, en quelque sorte, prisonnier, en 1870. Cette déchéance du pouvoir temporel s'accompagne, cependant, d'une augmentation colossale du pouvoir spirituel. Cette conquête du pouvoir spirituel s'explique par le denier de Saint Pierre (contribution des fidèles pour Pie IX «prisonnier» à Rome), il développe une conception catholique, dans la société, intransigeante exprimée lord du Concile de Vatican [I] entre 1861 et 1870. Ce Concile prend deux décisions majeures :

  • Décembre 1864 : le Pape promulgue l'encyclique «Quanta Cura» (texte à valeur universelle ou destiné à un public large de fidèles) où il dénonce la laïcisation et l'anticléricalisme.
  • Elle est complétée par la «Syllabus Errorum». Cette bulle fait un inventaire de ce que l'Église rejette (80 propositions) en rapport avec ce que la société moderne prône.

En 1870, on a un Pape sans terre mais possédant un appareil doctrinal puissant. Il a des outils réels pour se défendre et organiser une politique ultramontaine.

C - Le défi du cléricalisme.

1 – La situation italienne.

Dès février 1868, le Pape prend une décision où il interdit à ses fidèles de participer à la vie politique en Italie (Non Expedit). Les catholiques italiens sont donc dans une mauvaise posture : doivent-ils rester dans ou hors de la vie politique civile ? Le mouvement catholique intervient dans le domaine social. La démocratie chrétienne prend forme, on allie la foi et la participation politique. Rome crée un univers pontifical et affirme sa volonté d'exister sur le plan culturel.

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